The Vaccines

Les sauveurs du rock à la sauce NME, il en apparait quasiment un par semaine, à chaque parution du magazine en fait ... On aime bien mettre en avant les fraicheurs du moment au NME et on se considère même un peu comme des créateurs de tendance. Comme si on avait une caution de bon goût malgré le format très tabloid du tout. Si le NME est loin d'avoir la science infuse et si leurs partis-pris sont très discutables, il est de bon ton de reconnaitre qu'ils ont souvent décelés les meilleurs coups marketing et ont permis à de nombreux groupes d'avoir une certaine stature. Il ne faut ainsi pas condamner le magazine ; bien sûr qu'il sert une certaine vision de l'industrie musicale où l'attitude prime énormément. Bien sûr que c'est avant tout un magazine qui est au service de la hype. Mais reconnaissons lui le mérite d'avoir souvent su allier hype et réels nouveaux talents.
Que penser du nouveau poulain du magazine, alors ? The Vaccines pour le nommer. Le débat fait rage sur la toile. Entre ceux qui soutiennent corps et âme le groupe (donc NME, le Daily Telegraph, les Inrocks) et ceux qui trouvent que le groupe n'a ni la carrure ni le talent que l'on voudrait bien leur donner. Rangeons dans ce cas le All-Music Guide ou Slant qui calment rapidement les ardeurs des soutiens de ce nouveau groupe.

Il semble normal qu'une hype aussi bien entretenue par le NME soit sujette à de nombreuses attaques et critiques acerbes et sceptiques. Les critiques s'emballent et la moindre erreur, aussi minime soit-elle, peut dégénérer dans les propos comme une erreur impardonnable. Rançon de la gloire, tribut à payer sur l'autel de la hype, la violence de certaines critiques n'égale que la dithyrambe des plus grands supporters du groupe. Mais ce qui manque à ce débat qui fait rage, c'est un oeil plus critique et objectif sur le travail du groupe. Entre le soutien de ceux qui se cherchent un nouveau messie et la haine des athées qui ne sont pas prêt à écouter les prêches de cette Eglise, si peu de vision plus posée, qui évite le bête déchainement de passion.

Je ne suis pas du genre à chercher vainement une nouvelle icône pour venir sauver le rock. De quoi faudrait-il sauver le rock d'ailleurs ? Du fait qu'il ne tienne plus le haut de l'affiche ? Les Vaccines ne seront alors pas mes sauveurs et je me fiche de savoir si Lady Gaga va faire plus de couvertures de magazine que Les Strokes. Mais le bruit autour de ce groupe suscite ma curiosité.
Ce groupe mérite-t-il autant de hype ? Autant de tapage médiatique, une pression assez difficile à porter pour des musiciens aussi jeunes ? Ce n'est pas la question. Car quoiqu'il en soit, ce groupe a un énorme potentiel ! On aura beau dire que c'est simple, voire simpliste. Que les musiciens manquent de maturité et que le chanteur a une voix assez passe-partout, le groupe possède une âme. On ne tient pas un album étiqueté comme un produit VACCINES, mais un album composé par une bande de jeunes qui possèdent une certaine envie de partager ses chansons naïves et parfois amusantes. Des mélodies très accrocheuses généralement et quelques petites décharges punkisantes qui donne à l'album un certain relief. On est très loin de tomber dans une certaine monotonie récurrente chez ce genre de groupe. Si la presse a assez parlé de ses influences diverses (Strokes, Ramones et... Jesus & Mary Chain ? Faudra toujours m'expliquer là...), on peut facilement ressentir un certain son Vaccines. Le groupe se cherche encore et cela se sent, notamment dans les paroles extrêmement basiques ("If you wanna" en est un exemple particulièrement représentatif), mais les fondations d'un son génial sont déjà très prégnantes.

Le groupe se construit et ce premier album peut d'ores et déjà être considéré comme un manifeste de toute une génération qui a grandit avec les Strokes et les Libertines mais qui cherchent, non pas à trancher avec eux, mais à dépasser ce son. Un même message se profile derrière les groupes : un certain je m'en-foutisme doublé d'une certaine désillusion vis à vis des habitudes de leurs jeunes compatriotes. "Post-Break-Up Sex" se pose ainsi comme une habile alliance d'une vision assez mélancolique de la vie des jeunes londoniens et d'une certaine note d'espoir qui retentit en fond musical. Comme si cette génération (la mienne) se devait de garder la tête hors de l'eau malgré la volatilité de l'époque.
Le groupe se forme, et si quelques morceaux restent en dessous du tout, notamment un "Wetsuit" poussif en milieu d'album, le génie mélodique de Justin Young se ressent tout au long de l'album sur des vignettes aussi enjôleuses que "Blow It Up", "All In White" ou "Family Friend".

Encore fragile, les Vaccines essaient de dépasser les acquis de la génération Strokes pour fonder sa propre image. Un album qui mérite toute la hype générée. Un manifeste maladroit de jeunes prodiges de la pop anglaise.

Mais un manifeste tout de même !