Brick Layer Cake

Brick Layer Cake. Gâteau couches-de-briques. On s'attendrait à quelque chose d'un peu lourd à digérer. En réalité s'il y a quelque chose qui a du mal à passer chez Todd Trainer, c'est plutôt du côté de l'âme. Une âme torturée qui prend plaisir à imaginer sa noirceur sous la forme d'un étouffe belle-mère. Ici, il n'y a de place que pour un seul homme. On ne conçoit pas que quelqu'un d'autre participe physiquement à cette musique. Ce qui la caractérise, d'abord c'est une guitare. Un son gras, saturé, fusant et traversant l'espace entre vos oreilles ("Show Stopper Day"). Puis une voix : une voix qui récite ses litanies en allant chercher tout au fond de la gorge ce ton de confession d'assassin ("Killer Execution"). Et une rythmique. Lente, puissante, hypnotique. On atteint un sommet d'intensité jouissive lorsque la batterie se déclenche à l'issue d'une montée d'adrénaline dessinée par des larsen comme des jets d'acide ("Night"). Brick Layer Cake c'est l'anti élégie américaine. Le rock (avec ce son très souvent éclatant de la guitare, comme en souvenir d'une tradition de rock héroïque) est devenu la vision mentale d'une espèce d'enfoncement dans la mort. Todd Trainer vous raconte ses histoires de déchéance et sa guitare vous accompagne, dans une hébétude fascinée, tout au long d'un voyage halluciné.