Alcest
Souvenirs D'un Autre Monde |
Label :
Prophecy |
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Décidément, la scène black metal française est pleine de surprises, surtout si l'on observe le cheminement artistique de Neige (on ne se moque pas du pseudo s'il vous plaît), batteur du groupe emblématique Peste Noire et qui se tourne peu à peu vers un post-rock metal shoegaze atmosphérique atypique et original également pratiqué par des groupes tels que Amesœurs ou encore Les Discrets. En un mot comme en cent, il y a actuellement en France un engouement fort pour le shoegaze de la part de la scène black, et que cela soit un simple phénomène de mode ou une véritable passion ne change pas grand-chose au constat général : on s'emmerde assez sérieusement à l'écoute de ces groupes.
Alcest est donc le projet solo de Neige, Souvenirs D'Un Autre Monde son premier album. Ici, la seule chose qui sonne un tant soit peu black, c'est le son des guitares, très cru lorsque la distorsion est enclenchée ("Les Iris" par exemple), mais ça ne devrait pas effrayer le commun des mortels. Sinon, on navigue dans un post-rock froid, éthéré, où l'indifférence côtoie l'ennui le plus profond. Les morceaux sont longs parce que cela fait plus intellectuel sans doute, plus artiste, on fourre tout un tas d'instruments classiques comme la flûte et le piano parce que ça fait plus compositeur accompli et ouvert, sans oublier les guitares acoustiques pour l'authenticité des sentiments exprimés. Bref, il y a tout, jusqu'aux vocaux langoureux, murmurés ou chantonnés, dans tous les cas incompréhensibles (il chante réellement en français ?) du fait d'une diction au goût prononcé de yoghourt mielleux... Notre langue se prête assez mal au manque d'articulation et la voix n'est donc qu'un fond sonore un brin agaçant... "Ciel Errant" me donne l'impression d'avoir entre les oreilles un truc horripilant à la Coldplay, un groupe d'ados tristounes qui traînent un mal être de consommateurs fauchés perdus dans une grande surface... Sans profondeur aucune, nous sommes vraiment très loin de la qualité esthétique, musicale et langagière de Peste Noire. Les guitares ont beau parfois montrer les griffes, on sent l'animal castré qui en a fini avec les peintures de guerre et les poses dans les bois sombres. Alcest, c'est le genre de bête qui préfère les feux de cheminées et un sofa bien confortable... Oh, ce n'est pas que je ne jure que par le démoniaque et la force brute, j'ai moi aussi mes instants de douceur, mais là, c'est vraiment trop sirupeux, gentil, mièvre... Comme ce "Sur l'autre rive, je t'attendrai", chanté par un clone d'Alison Shaw, ou un croisement improbable entre la puissance vocale d'une Jane Birkin et l'éternelle gaminerie de Vanessa Paradis... Ah oui, les guitares sonnent comme un groupe de pagan metal et l'orchestration est efficace, mais Alcest devrait penser à ne faire que de l'instrumental, ou alors à proposer des textes et des voix plus mûrs parce que la naïveté, qui est voulue et assumée, ruine tous les efforts de composition...
Et pourtant, en dépit de toutes ces mauvaises choses, l'album supporte plusieurs écoutes... J'y reviens d'abord parce que je me dis que suis forcément passé à côté de quelque chose... Alors j'augmente le son, pour donner plus d'ampleur à ses compositions si intimes... Et peu à peu je prends plaisir... Candeur plutôt que naïveté... Richesse de climats variés... Le blast beat de "Printemps Emeraude", je ne l'avais pas compris... Le charme opère, s'insinue... Alcest en devient attachant et "Souvenirs d'un autre monde" un album que les nostalgiques du shoegaze devraient découvrir, si ce n'est posséder. Neige a un talent rare...
Alcest est donc le projet solo de Neige, Souvenirs D'Un Autre Monde son premier album. Ici, la seule chose qui sonne un tant soit peu black, c'est le son des guitares, très cru lorsque la distorsion est enclenchée ("Les Iris" par exemple), mais ça ne devrait pas effrayer le commun des mortels. Sinon, on navigue dans un post-rock froid, éthéré, où l'indifférence côtoie l'ennui le plus profond. Les morceaux sont longs parce que cela fait plus intellectuel sans doute, plus artiste, on fourre tout un tas d'instruments classiques comme la flûte et le piano parce que ça fait plus compositeur accompli et ouvert, sans oublier les guitares acoustiques pour l'authenticité des sentiments exprimés. Bref, il y a tout, jusqu'aux vocaux langoureux, murmurés ou chantonnés, dans tous les cas incompréhensibles (il chante réellement en français ?) du fait d'une diction au goût prononcé de yoghourt mielleux... Notre langue se prête assez mal au manque d'articulation et la voix n'est donc qu'un fond sonore un brin agaçant... "Ciel Errant" me donne l'impression d'avoir entre les oreilles un truc horripilant à la Coldplay, un groupe d'ados tristounes qui traînent un mal être de consommateurs fauchés perdus dans une grande surface... Sans profondeur aucune, nous sommes vraiment très loin de la qualité esthétique, musicale et langagière de Peste Noire. Les guitares ont beau parfois montrer les griffes, on sent l'animal castré qui en a fini avec les peintures de guerre et les poses dans les bois sombres. Alcest, c'est le genre de bête qui préfère les feux de cheminées et un sofa bien confortable... Oh, ce n'est pas que je ne jure que par le démoniaque et la force brute, j'ai moi aussi mes instants de douceur, mais là, c'est vraiment trop sirupeux, gentil, mièvre... Comme ce "Sur l'autre rive, je t'attendrai", chanté par un clone d'Alison Shaw, ou un croisement improbable entre la puissance vocale d'une Jane Birkin et l'éternelle gaminerie de Vanessa Paradis... Ah oui, les guitares sonnent comme un groupe de pagan metal et l'orchestration est efficace, mais Alcest devrait penser à ne faire que de l'instrumental, ou alors à proposer des textes et des voix plus mûrs parce que la naïveté, qui est voulue et assumée, ruine tous les efforts de composition...
Et pourtant, en dépit de toutes ces mauvaises choses, l'album supporte plusieurs écoutes... J'y reviens d'abord parce que je me dis que suis forcément passé à côté de quelque chose... Alors j'augmente le son, pour donner plus d'ampleur à ses compositions si intimes... Et peu à peu je prends plaisir... Candeur plutôt que naïveté... Richesse de climats variés... Le blast beat de "Printemps Emeraude", je ne l'avais pas compris... Le charme opère, s'insinue... Alcest en devient attachant et "Souvenirs d'un autre monde" un album que les nostalgiques du shoegaze devraient découvrir, si ce n'est posséder. Neige a un talent rare...
Sympa 14/20 | par Arno Vice |
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