Stereo Total

Résumer le duo Stereo Total à une grosse blague potache ne serait pas sérieux. Et ce n'est pas parce que Françoise Cactus et Brezel Göring portent des noms ridicules que ce sont des tocards. D'ailleurs, depuis 15 ans maintenant ces deux joyeux lurons (couple sur scène, couple à la ville) développent une pop de haute volée, digne héritière des 60's et 70's, éclatante dans son éclatement. Et cachée sous des apparences drolatiques (les textes, les accents au couteau, les intonations de voix, les claviers vintage), la musique de Stereo Total a toujours été émouvante. Pourquoi ? Parce qu'elle est beaucoup plus fine qu'elle en a l'air, qu'elle ne cède rien à la facilité, et tout à l'expression. Chaque chanson vibre et évoque immédiatement des images fortes.

Jusque là donc, Stereo Total était pour ainsi dire irréprochable. Depuis leur deuxième album Monokini, ils ont alterné l'excellence (Monokini donc, Paris-Berlin récemment, et surtout leur chef d'œuvre, Musique Automatique), le très bon (Do The Bambi) et le bon (My Melody). Quel groupe présente-t-il un tel bilan après quinze ans d'activité ?

Malheureusement, Baby Ouh marque un (petit) coup d'arrêt. Et tout ce qui faisait le charme rétro des précédents disques peine à se mettre en place. La première claque est une reprise ("Barbe À Papa" de Brigitte Fontaine) et survient seulement après quatre titres un peu poussifs, moins exaltants, moins "fun" qu'à l'accoutumée. Et si Baby Ouh s'élève quelque peu au dessus de la masse sur les deux tiers suivants, on ne peut s'empêcher de constater que, pour une fois, ce sont les reprises (très nombreuses ici, au nombre de 9 sur 17 titres !) qui font plus souvent mouche. Constat troublant qui souligne deux fois leur manque d'inspiration.

Toutefois on ne s'inquiètera pas trop non plus : Baby Ouh porte suffisamment de feu en lui ("No Controlles", "I Wanna Be A Mama", "Illegal", "Tour De France", "Larmes De Métal", "Baby Ouh") pour nous laisser penser que le duo n'a pas abattu ses dernières cartes, et qu'il nous réserve encore de jolies paroles et mélodies, toutes deux fleuries.