Wavves
King Of The Beach |
Label :
Fat Possum |
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Ca se précise. On avait perçu comme une esquisse de mouvement depuis 2008, voilà qu'avec la sortie du dernier Wavves on semble bien en avoir la confirmation: les groupes rock lo-fi mélodiques avec des clips plein de plages, de surf, de skate, de coolitude, de sourires et de couchers de soleil se multiplient et particulièrement sur la côte Ouest américaine. On a donc pêle-mêle les Vivian Girls, les Dum Dum Girls, Girls tout court, Hot Spa, The Pains Of Being Pure At Heart, The Morning Benders (liste non exhaustive, et feu Jay Reatard pour le coup a l'air précurseur de la vague)...
Certains sont plus pop, d'autres plus shoegaze, d'autres encore sont d'avantage garage, mais on croit distinguer certaines influences communes: Beach Boys, Phil Spector, The Jesus & Mary Chain. On cite aussi Dinosaur Jr, Sebadoh, Pavement, Pixies, Teenage Fanclub, Field Mice, Felt, Beatles, Byrds, Ride, My Bloody Valentine... Pas des manchots en résumé.
La surf music du XXIème siècle est là et bien là, prête à en découdre avec toutes les tempêtes que vous voudrez.
Dans ce vague mouvement qu'on a l'impression de voir se former sous nos yeux, au milieu de tout ces jeunes gens pleins de bonnes intentions, Wavves s'était d'emblée distingué avec un deuxième album quasi-éponyme sortit en 2009 (Wavvves avec 3 "v" (le 1er album sortit en 2008 étant passé quasi-inaperçu)) ultra lo-fi, chants-guitares et batteries étant fondues dans un mix d'une rare laideur, tellement atroce qu'on est à peu près sur qu'en enregistrant le groupe live avec notre portable on aurait pu faire mieux. Mais derrière cette distorsion inouï, on pouvait entendre quelques chansons magnifiques, au premier rang desquelles To The Dregs, So Bored et No Hope Kids. Sur des mélodies mélancoliques et entêtantes Wavves composait dès son deuxième album des chansons qui auraient pu, qui auraient du, devenir des classiques instantanés, des hymnes générationnels, si une production infâme n'en avait pas voulue autrement (cette situation fait d'ailleurs penser à tout le gâchis des grands mélodistes "lo-fi", les Lou Barlow ou Daniel Johnston).
Le troisième album cependant marque un changement de cap. Petit Nathan Williams est devenue grand, et s'il a eu le temps de chercher la bagarre avec les gars des Black Lips, virer Zach Hill et récupérer le bassiste et le batteur de l'ancienne formation de Jay Reatard, il a surtout pris le temps de murir et de se dire qu'enregistrer ses chansons correctement ça peut être cool aussi.
Le nouvel album donc s'appelle King Of The Beach (pas étonnant...) et on voit trôner sur la pochette un chat avec un pétard à la patte couronné d'une feuille de weed et portant une chaine en or (avec le symbole des francs-maçons) le tout sur fond multicolore. Très bien.
Pour ce qui est du contenu, ceux qui rêvaient d'un Wavves mieux produit seront ravis. Nathan Williams déverse son rock punk garage de manière bien plus audible et c'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'on écoute ce disque. Les mauvaises langues entendront sur certains morceaux, notamment sur les premiers singles, les enthousiasmants "King of the Beach" et "Post Acid", des relents des groupes-sacrilèges des indés, à savoir Sum 41 ou Blink 182. Ne pas les écouter, et plutôt voir des influences du côté du rock alternatif américain de la fin des 80's et du début des 90's. La voix trainante de Williams, qui n'hésite pas à aaaaloooonnnnggeeeeer les syllabes, fait en réalité merveille associée aux guitares acérées, à cette basse enfin écoutable (ce n'était pas le cas sur le dernier album) et à cette batterie nerveuse.
L'univers de Wavves n'a pas contre, et c'est tant mieux, pas beaucoup évolué: cartoons, skateboard, weed, télé,... en somme rien très original pour un ado américain issu de la classe moyenne et qui tente comme il peut de tromper l'ennui.
Sur "Mickey Mouse" la voix noyée d'écho de Williams est d'une beauté et d'une pureté assez impressionnante, le genre d'écrin mélodique que n'importe quel groupe décent cherche souvent à atteindre mais n'y parvient jamais.
La plupart des chansons s'enchainent à cent à l'heure, et peu de répit est accordé à l'auditeur, les violents et néanmoins mélodiques Super Soaker (haaa le refrain avec "Stupid, stupid, stupid!", que c'est bon de gueuler ça sans fin!) ou Idiot en témoignant.
When Will Come, qui démarre tout pareil que Just Like Honey des J&MC offre une sublime parenthèse de rêve, avec ces "whooo-woooo-whohoooo" divins (non non, pas d'ironie là-dedans).
Il y a très peu de moments de moins bien à vrai dire dans cet album, et on ressent ici la cohérence qu'il manquait au précédent.
Et c'est en écoutant la sublime Green Eyes et ses couplets envoutants qu'on en vient même à se demander si on ne serait pas par hasard en présence de l'un des groupes de rock les plus talentueux du moment, du moins celui sur lequel on miserait bien une petite cacahuète pour le meilleur album de 2012...
En tout cas Wavves, avec ce King of the Beach, vient de nous livrer un bien bel album pour l'été. C'est déjà beaucoup.
Certains sont plus pop, d'autres plus shoegaze, d'autres encore sont d'avantage garage, mais on croit distinguer certaines influences communes: Beach Boys, Phil Spector, The Jesus & Mary Chain. On cite aussi Dinosaur Jr, Sebadoh, Pavement, Pixies, Teenage Fanclub, Field Mice, Felt, Beatles, Byrds, Ride, My Bloody Valentine... Pas des manchots en résumé.
La surf music du XXIème siècle est là et bien là, prête à en découdre avec toutes les tempêtes que vous voudrez.
Dans ce vague mouvement qu'on a l'impression de voir se former sous nos yeux, au milieu de tout ces jeunes gens pleins de bonnes intentions, Wavves s'était d'emblée distingué avec un deuxième album quasi-éponyme sortit en 2009 (Wavvves avec 3 "v" (le 1er album sortit en 2008 étant passé quasi-inaperçu)) ultra lo-fi, chants-guitares et batteries étant fondues dans un mix d'une rare laideur, tellement atroce qu'on est à peu près sur qu'en enregistrant le groupe live avec notre portable on aurait pu faire mieux. Mais derrière cette distorsion inouï, on pouvait entendre quelques chansons magnifiques, au premier rang desquelles To The Dregs, So Bored et No Hope Kids. Sur des mélodies mélancoliques et entêtantes Wavves composait dès son deuxième album des chansons qui auraient pu, qui auraient du, devenir des classiques instantanés, des hymnes générationnels, si une production infâme n'en avait pas voulue autrement (cette situation fait d'ailleurs penser à tout le gâchis des grands mélodistes "lo-fi", les Lou Barlow ou Daniel Johnston).
Le troisième album cependant marque un changement de cap. Petit Nathan Williams est devenue grand, et s'il a eu le temps de chercher la bagarre avec les gars des Black Lips, virer Zach Hill et récupérer le bassiste et le batteur de l'ancienne formation de Jay Reatard, il a surtout pris le temps de murir et de se dire qu'enregistrer ses chansons correctement ça peut être cool aussi.
Le nouvel album donc s'appelle King Of The Beach (pas étonnant...) et on voit trôner sur la pochette un chat avec un pétard à la patte couronné d'une feuille de weed et portant une chaine en or (avec le symbole des francs-maçons) le tout sur fond multicolore. Très bien.
Pour ce qui est du contenu, ceux qui rêvaient d'un Wavves mieux produit seront ravis. Nathan Williams déverse son rock punk garage de manière bien plus audible et c'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'on écoute ce disque. Les mauvaises langues entendront sur certains morceaux, notamment sur les premiers singles, les enthousiasmants "King of the Beach" et "Post Acid", des relents des groupes-sacrilèges des indés, à savoir Sum 41 ou Blink 182. Ne pas les écouter, et plutôt voir des influences du côté du rock alternatif américain de la fin des 80's et du début des 90's. La voix trainante de Williams, qui n'hésite pas à aaaaloooonnnnggeeeeer les syllabes, fait en réalité merveille associée aux guitares acérées, à cette basse enfin écoutable (ce n'était pas le cas sur le dernier album) et à cette batterie nerveuse.
L'univers de Wavves n'a pas contre, et c'est tant mieux, pas beaucoup évolué: cartoons, skateboard, weed, télé,... en somme rien très original pour un ado américain issu de la classe moyenne et qui tente comme il peut de tromper l'ennui.
Sur "Mickey Mouse" la voix noyée d'écho de Williams est d'une beauté et d'une pureté assez impressionnante, le genre d'écrin mélodique que n'importe quel groupe décent cherche souvent à atteindre mais n'y parvient jamais.
La plupart des chansons s'enchainent à cent à l'heure, et peu de répit est accordé à l'auditeur, les violents et néanmoins mélodiques Super Soaker (haaa le refrain avec "Stupid, stupid, stupid!", que c'est bon de gueuler ça sans fin!) ou Idiot en témoignant.
When Will Come, qui démarre tout pareil que Just Like Honey des J&MC offre une sublime parenthèse de rêve, avec ces "whooo-woooo-whohoooo" divins (non non, pas d'ironie là-dedans).
Il y a très peu de moments de moins bien à vrai dire dans cet album, et on ressent ici la cohérence qu'il manquait au précédent.
Et c'est en écoutant la sublime Green Eyes et ses couplets envoutants qu'on en vient même à se demander si on ne serait pas par hasard en présence de l'un des groupes de rock les plus talentueux du moment, du moins celui sur lequel on miserait bien une petite cacahuète pour le meilleur album de 2012...
En tout cas Wavves, avec ce King of the Beach, vient de nous livrer un bien bel album pour l'été. C'est déjà beaucoup.
Parfait 17/20 | par Weeeed |
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