Scorn
Deliverance EP |
Label :
Earache |
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On pourrait penser que, me concernant, parler de Napalm Death est en phase de devenir une obsession, mais c'est pourtant en partie grâce à ce groupe que je me suis intéressé à deux genres qui, sinon, seraient restés pour moi relativement lointains : le jazz et John Zorn via Painkiller, ainsi que le dub, via Scorn.
Deliverance n'a beau être qu'un maxi (trois mixes d'"Exodus", deux de "Deliverance"), il n'en est pas moins ma première intrusion dans le monde décharné de Scorn. Le tempo est lourd, hypnotique, la voix vacille entre les coups de boutoir d'un beat millimétré, le son est celui des profondeurs inexplorées.
La structure cyclique des titres, comme construits sur le mythe de l'éternel retour, est davantage propice à la relaxation qu'au mouvement désordonné d'un dance floor. Si l'on se meut, c'est au ralenti, dans un univers spectral cotonneux où les sons épais résonnent à l'infini. Il se dégage une impression de vide suffocant, la certitude que l'on avancera sans jamais croiser un être humain. Les titres sont autant de squelettes ("Delivered"), des morceaux morts ou presque morts dans lesquels commence à grouiller tout ce qui se nourrit de charognes. L'auditeur se fait happer par des nappes sonores d'origines inconnues (je pense parfois à Lustmord, Meat Beat Manifesto ou encore à Fetish 69 pour l'aspect glauque de l'ensemble), connaît des éclipses solaires ("Black Sun Rising") qui laissent derrière elles une terre de cendres et de désolation, navigue sur une mer houleuse au-dessus des abysses.
Étant peu familier avec ce style, je suis néanmoins bien en peine d'extraire un titre, un single potentiel. Selon moi, Scorn compose une musique qui ne s'écoute pas à l'unité. C'est un tout, un bloc qui ne donne le meilleur de lui-même que sur la durée. Il n'y a pas de scission à opérer : une goutte de pluie n'a jamais permis à un homme de se représenter l'océan.
Je ne peux pas non plus étudier cette œuvre à l'aune de la discographie de Scorn, Deliverance étant le seul album que je connaisse. Néanmoins, compte tenu de ses vertus apaisantes, de son épurement essentiel et de la profondeur de ses basses, j'en retire un immense plaisir d'écoute qui ne nécessite en rien le besoin de le comparer.
Deliverance, ou le son des petits matins blafards, des interminables nuits moites. On en sort poisseux, collant, avec l'esprit en paix.
Deliverance n'a beau être qu'un maxi (trois mixes d'"Exodus", deux de "Deliverance"), il n'en est pas moins ma première intrusion dans le monde décharné de Scorn. Le tempo est lourd, hypnotique, la voix vacille entre les coups de boutoir d'un beat millimétré, le son est celui des profondeurs inexplorées.
La structure cyclique des titres, comme construits sur le mythe de l'éternel retour, est davantage propice à la relaxation qu'au mouvement désordonné d'un dance floor. Si l'on se meut, c'est au ralenti, dans un univers spectral cotonneux où les sons épais résonnent à l'infini. Il se dégage une impression de vide suffocant, la certitude que l'on avancera sans jamais croiser un être humain. Les titres sont autant de squelettes ("Delivered"), des morceaux morts ou presque morts dans lesquels commence à grouiller tout ce qui se nourrit de charognes. L'auditeur se fait happer par des nappes sonores d'origines inconnues (je pense parfois à Lustmord, Meat Beat Manifesto ou encore à Fetish 69 pour l'aspect glauque de l'ensemble), connaît des éclipses solaires ("Black Sun Rising") qui laissent derrière elles une terre de cendres et de désolation, navigue sur une mer houleuse au-dessus des abysses.
Étant peu familier avec ce style, je suis néanmoins bien en peine d'extraire un titre, un single potentiel. Selon moi, Scorn compose une musique qui ne s'écoute pas à l'unité. C'est un tout, un bloc qui ne donne le meilleur de lui-même que sur la durée. Il n'y a pas de scission à opérer : une goutte de pluie n'a jamais permis à un homme de se représenter l'océan.
Je ne peux pas non plus étudier cette œuvre à l'aune de la discographie de Scorn, Deliverance étant le seul album que je connaisse. Néanmoins, compte tenu de ses vertus apaisantes, de son épurement essentiel et de la profondeur de ses basses, j'en retire un immense plaisir d'écoute qui ne nécessite en rien le besoin de le comparer.
Deliverance, ou le son des petits matins blafards, des interminables nuits moites. On en sort poisseux, collant, avec l'esprit en paix.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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