Cynic
Focus |
Label :
Roadrunner |
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À l'aube des années 90, une déferlante de groupes de death tous plus brutaux les uns que les autres envahit la planète metal. Les albums et les groupes cultes se succèdent (Death, Cannibal Corpse, Morbid Angel, Deicide, etc.), jouant toujours plus vite, beuglant toujours plus fort.
Totalement à contre courant, et peut-être déjà conscient de l'inanité d'une telle course à la surenchère, deux groupes de la même période, Atheist et Cynic, s'essayent à de nouvelles structures musicales où le progressif et le jazz copulent allègrement avec les débordements gastriques du death metal le plus pur. Le "techno death" est né, genre mineur et avant-gardiste mais qui vaut aujourd'hui le plus grand respect à ses géniteurs dont l'influence sur la scène actuelle est toujours palpable.
Dès les premiers accords de "Veil Of Maya", on sait que nous sommes face à un groupe atypique et que ce Focus risque de nous prendre des années avant de le comprendre. Mélodies vocales sorties de nulle part entrecoupées d'interventions dignes d'un Chuck Schuldiner, structures progressives brisant les règles mythiques de l'éternel retour (comprendre, couplet – refrain) et des parties rythmiques somptueuses de techniques et d'inspiration, le bassiste Tony Choy réalisant sur ce premier album une démonstration digne des plus grands, toutes catégories confondues.
Cynic développe ce style tout au long de Focus mais il n'y a jamais le sentiment de redite ou l'impression que les mecs ne savent pas vraiment ce qu'ils font. Nous pourrions parler de free death, mais sans la cacophonie d'une improvisation effectuée par des virtuoses. Les titres sont écrits, construits, il y a des ruptures, des ponts, des cassures, suivre le rythme est une torture et un paquet de musiciens en herbe ont dû se casser les dents sur les partitions de ces mecs-là.
Paul Masvidal est un compositeur de génie, un vrai visionnaire si l'on tient compte de la période où son groupe a émergé, et les huit titres de cet album posent les fondements d'un nouveau genre musical qui propose une alternative à un death américain déjà stéréotypé et qui, par manque de renouvellement, subira de plein fouet le creux de la vague des années 90.
Les défauts de l'œuvre sont peu nombreux. Une production un peu faible sans doute, mais les techniciens de l'époque ne savaient sûrement pas comment on enregistre trois solos de guitares et un de basse en même temps, avec en plus du chant à effets, des arrangements atmosphériques et un batteur qui ne frappe pas en binaire. La musique de Cynic ne ressemble à rien de ce qui se faisait alors, et l'on peut même se demander si elle ressemble à une chose qui se ferait aujourd'hui.
En revanche, du côté des compositions, il n'y a rien à jeter. Si l'attaque frontale d'un "Uroboric Force" est là pour rappeler que Cynic est bien un groupe affilié au metal, et à l'élite du genre, l'instrumental "Textures" qui suit affirme le groupe comme un prodige de la musique contemporaine, en marge de tous les courants, et susceptible de séduire des amateurs de tout horizon.
Si tant est que l'on soit un brin ouvert d'esprit et capable de reconnaître le talent et l'inspiration là où ils sont, je gage que tous les curieux qui se délectent de musiques atypiques, qui apprécient la technique utilisée à bon escient et qui n'ont pas peur de se taper la honte en ayant un cd de metal chez eux trouveront dans ce Focus largement de quoi se repaître.
Un grand moment de musicalité...
Totalement à contre courant, et peut-être déjà conscient de l'inanité d'une telle course à la surenchère, deux groupes de la même période, Atheist et Cynic, s'essayent à de nouvelles structures musicales où le progressif et le jazz copulent allègrement avec les débordements gastriques du death metal le plus pur. Le "techno death" est né, genre mineur et avant-gardiste mais qui vaut aujourd'hui le plus grand respect à ses géniteurs dont l'influence sur la scène actuelle est toujours palpable.
Dès les premiers accords de "Veil Of Maya", on sait que nous sommes face à un groupe atypique et que ce Focus risque de nous prendre des années avant de le comprendre. Mélodies vocales sorties de nulle part entrecoupées d'interventions dignes d'un Chuck Schuldiner, structures progressives brisant les règles mythiques de l'éternel retour (comprendre, couplet – refrain) et des parties rythmiques somptueuses de techniques et d'inspiration, le bassiste Tony Choy réalisant sur ce premier album une démonstration digne des plus grands, toutes catégories confondues.
Cynic développe ce style tout au long de Focus mais il n'y a jamais le sentiment de redite ou l'impression que les mecs ne savent pas vraiment ce qu'ils font. Nous pourrions parler de free death, mais sans la cacophonie d'une improvisation effectuée par des virtuoses. Les titres sont écrits, construits, il y a des ruptures, des ponts, des cassures, suivre le rythme est une torture et un paquet de musiciens en herbe ont dû se casser les dents sur les partitions de ces mecs-là.
Paul Masvidal est un compositeur de génie, un vrai visionnaire si l'on tient compte de la période où son groupe a émergé, et les huit titres de cet album posent les fondements d'un nouveau genre musical qui propose une alternative à un death américain déjà stéréotypé et qui, par manque de renouvellement, subira de plein fouet le creux de la vague des années 90.
Les défauts de l'œuvre sont peu nombreux. Une production un peu faible sans doute, mais les techniciens de l'époque ne savaient sûrement pas comment on enregistre trois solos de guitares et un de basse en même temps, avec en plus du chant à effets, des arrangements atmosphériques et un batteur qui ne frappe pas en binaire. La musique de Cynic ne ressemble à rien de ce qui se faisait alors, et l'on peut même se demander si elle ressemble à une chose qui se ferait aujourd'hui.
En revanche, du côté des compositions, il n'y a rien à jeter. Si l'attaque frontale d'un "Uroboric Force" est là pour rappeler que Cynic est bien un groupe affilié au metal, et à l'élite du genre, l'instrumental "Textures" qui suit affirme le groupe comme un prodige de la musique contemporaine, en marge de tous les courants, et susceptible de séduire des amateurs de tout horizon.
Si tant est que l'on soit un brin ouvert d'esprit et capable de reconnaître le talent et l'inspiration là où ils sont, je gage que tous les curieux qui se délectent de musiques atypiques, qui apprécient la technique utilisée à bon escient et qui n'ont pas peur de se taper la honte en ayant un cd de metal chez eux trouveront dans ce Focus largement de quoi se repaître.
Un grand moment de musicalité...
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
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