Apparat Organ Quartet

Apparat Organ Quartet

Apparat Organ Quartet

 Label :     TMT Entertainment 
 Sortie :    2002 
 Format :  Album / CD   

A l'époque de sa sortie en Islande, il est tout à fait possible que l'Apparat Organ Quartet avait déjà décidé de ne pas donner suite à ce premier album. Qu'était-il nécessaire d'ajouter après ce truc? Vision définitive et sans réelle équivalence d'un certain rock sans guitare, cet album éponyme est l'aboutissement éclatant d'un travail de composition étalé sur trois ans. Le membre le plus connu est sans doute le créateur du Quartet (en réalité quintet avec le batteur), Jóhann Jóhannsson pour ses oeuvres de musique contemporaine très orchestrées et pas forcément faciles d'accès (la dernière en date est Fordlandia, sortie fin 2008). Ici, en compagnie d'autres musiciens islandais tout aussi barrés, il fait preuve ici d'une originalité et d'un sens de l'humour sans limites : voici un album de rock instrumental très accessible mais pas si simple, car les guitares et la basse sont remplacées par de gros orgues analogiques. Ceux-ci sont soutenus par le jeu puissant d'un batteur amateur de métal, et accompagnés par des interventions vocales presque toutes au vocoder, créant du coup une certaine filiation avec Kraftwerk.
Mais ce disque est vraiment varié. Dans ses aspects les plus post-rock (" Romantika ", " Ondula Nova "), le quintet évoque plutôt Tortoise qu'Explosions In The Sky, m'épargnant ainsi les montées interminables avec explosions prévisibles ou les plages statiques jouées sur deux notes. Mots d'ordre : dynamisme, sueur, on joue sur nos claviers avec autant de fièvre qu'un guitariste de métal branché sur son énorme ampli (j'imagine le résultat en concert). Résultat d'un travail ambitieux et soigné, il y a pourtant ici une volonté d'offrir un disque assez direct, souvent même carrément dansant, un peu à la manière d'Errors plus récemment. Aucun temps mort, le son analo des vieux orgues est tout simplement monstrueux et ne fait à aucun moment regretter l'absence de guitares. Ce son est capable de tirer un trait, non sans nostalgie, entre les séries B de science-fiction ou d'horreur des années 70 et le post-rock, autant que de nous exploser à la gueule sous forme de riffs atomiques, franchement métal, tirant même parfois jusqu'au hardcore (" The Anguish of Space Time ", " Cruise Control "). Ou de dessiner une nouvelle forme de pop instrumentale kitsch, d'emprunter aux formes du rock progressif, avant de balancer une nouvelle attaque, en donnant à un morceau de rock'n'roll simpliste un aspect rétro-synthétique assez poilant (le bien nommé " Stereo Rock'n'roll ").
Au départ, ce qui a motivé ces joueurs d'orgue à se réunir, c'était une volonté de reprendre une pièce du compositeur minimaliste Steve Reich. Bien qu'appréciant ce dernier, je leur suis reconnaissant d'avoir dévié à mi-parcours vers une musique plus variée et iconoclaste, empruntant à tous les codes du rock, impliquant son lot de poésie et de grands frissons.


Parfait   17/20
par Sam lowry


  Note : L'album est sorti en 2002 uniquement en Islande. Une version remasterisée et au track-listing légèrement différent a vu le jour en 2006, par le biais du label belge Skelt, assurant une distribution en Europe. C'est cette année là, avec un peu de retard, que le Quartet a été révélé.


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