Candie Prune

C'est en 1996 qu'éclot à nos oreilles le trio rennais Candie Prune avec un petit maxi six titres bien fun. Un bon quart d'heure d'énergie power pop, plutôt rare dans nos contrées ces dernières années puisque style passée en arrière plan à l'ère des "revivals" en tous genre (une scène française potentiellement plus intéressante, divertissante, se cacherait-elle encore dans l'ombre de nos jours?).
C'est un puissant rock sucré qui frappe en pleine gueule au lancement de "Dis Quelque Chose", un rock bancal à la fois musclé et amusant, qui botte le derche sans se prendre au sérieux, sans être hargneux (les pointes de son shoegaze, l'esprit grunge) ou pitre (la musique et les textes ont un aspect rigolo, mais c'est pas pour autant du Dyonisos...). Même lors de morceaux plus tendus comme leur impressionnant "Stop, Stop!" ou "Jesus Won't You Crash Me?" (où Saholy, la chanteuse à la fois délicieuse et maladroite, nous dispense de son bon franglish bien de chez nous!), et malgré le cynisme apparent des textes, tout ça transpire une bonne humeur communicative. Hormis un petit interlude débilos rien à voir ("Debbie"-los pour compléter), le rythme punky haletant des compositions finit de nous propulser à vive allure dans cette bonhomie sonore.
L'influence essentielle du groupe, ouvertement revendiquée et qui vient bien évidemment à l'esprit à l'écoute de ce premier essai, c'est les Pixies. Imparable, notamment sur "Moi Seul", qu'on croirait presque b-side sortie de Doolittle après être passé dans notre filtre Pocquelin. On est au bord de la copie conforme : les mélodies enjouées du même tonneau, le chant urgent parfois approximatif dans la même veine, les crissements de guitares tout pareils, et les paroles quasiment tout aussi incompréhensibles... on y est! Certains crieront au scandale, d'autres s'en réjouiront, quoi qu'il en soit les relents nostalgiques sont foutrement efficaces. Candie Prune est le tremplin adéquate pour donner envie de se retaper une bonne rasade du groupe de Boston...