Death Of The Neighbourhood

Death Of The Neighbourhood

Death Of The Neighbourhood

 Label :     Atic 
 Sortie :    lundi 10 novembre 2008 
 Format :  Album / CD   

Mais qui peut bien se cacher derrière le pseudonyme fort accueillant de Death Of The Neighbourhood ? Qui peut bien être à l'origine de ce projet schizophrène et mégalomaniaque (premier jet, et un double album) ? Piste pour le moins étrange, au générique sont seulement mentionnés:

- Un enfant arthritique (Arthritis Kid), chef d'orchestre, dont les instruments auraient été déglingués par ses soins.
- Un dénommé Crâne Engourdi (Numbskull), qui serait préposé aux paroles, dont la plupart émergent de voix traumatisées, distordues ou désabusées...
- Enfin, c'est sans trop de surprise que l'on découvre que le compositeur en titre porte le doux nom de The Mentally Unwell ! Pour sûr il fallait bien que ce... disons joli monstre, soit le fruit de quelque esprit indisposé !

Cette mise en bouche étant faite, on peut s'attaquer (je pèse le mot) à la montagne.
Premier disque, premier morceau éponyme: on ne doute pas qu'il s'agisse du massacre des voisins en question. Boîte à rythmes antique et survoltée, saturations à tous les étages, bruits industriels, ça crache, c'est sale; et une voix souffrante hurle sa douleur. Bienvenue en enfer !
Ce violent dépucelage achevé, on se retrouve entre les mains des derniers survivants, semble-t-il possédés par les esprits sus-nommés... L'adage selon lequel on ne connait jamais bien ses voisins prend alors tout son sens: du rappeur décalé à tête de Benjamin Button ("Cockholes", "I Am The Pophead") à la maison du trachéotomisé et de ses enfants, pourvoyeurs d'un groove infernal ("Fuck The Radio (whup Whup)", "Call Girl", "Brainwhack"), il n'y a qu'un bloc; coincé entre les deux, on trouve un timide popeux ressuscitant de vieilles mélodies enchanteresses ("Released To Early", "Bruised Brain", "Yellowhills", "God's Not Coming"), épaulé à l'occasion par un vieux garçon dépressif ("Radio Gas", "Forgot To Take My Drugs", "Dumb Down").
"The Murd'ring Started Early", apprend on plus tard par le biais d'un étranger à la voix profonde et dérangeante (qui semble accompagné pour l'occasion de notre voisin mal dans sa peau)... Oui certainement, mais pas assez tôt finalement si l'on en juge par le premier instrumental magnifique (rythmique presque orientale, violoncelle et idiophone en fin de vie) qui sort des tripes de Death Of The Neighbourhood...
Ouf ! "Unwell But Happy", c'est l'état dans lequel semblent être les rejetons de notre groovy trachéotomisé à la fin de cette première galette, aussi violente qu'apaisante, aussi déstructurée que séduisante. Que dire alors de nous ?

Deuxième disque. Purement instrumental. Est ce le paradis de feux nos voisins ? En ce lieu, tout est beaucoup plus calme, reposé, presque aérien...
Mais difficile de savoir si l'ambiance chez les nouveaux locataires est plus au spleen (l'abyssal et inquiétant "The Oil Tanker's Bell", le nostalgique "Blind Girl's Broken Box", le déchirant "Piano Wire Scarf", tout droit sorti d'une BO d'Ennio Morricone) ou à la détente (les entraînants "Crucifix Surfboard", "Train Derails On The Way To A Happy Place", "Enough Tranquilizer For A Horse", aux titres pour le moins ironiques).

En tout cas, l'image de la désolation, de la différence et de la solitude est partout (voir les titres ci dessus, mais aussi "Siberian Refrigerator", "A Cool Breeze On The Back Of The Neck", "Lost Youth (part II)", "The Town Of Half Finished Buildings"...). L'absence de voix confirme cette sensation de désert humain, duquel s'échappent ces mélopées versatiles: un ange passe, il semblerait que ce soient les âmes de nos défunts voisins qui planent sur cette étendue aussi accueillante qu'inquiétante.

Alors ? Qui tient " en vrai " les ficelles de ce monde imaginaire, aussi foutraque, perturbé, corrosif, aussi gracieux, duveteux, et rêveur que le notre ? Ou plutôt, qui d'autre que Stephen Jones aka Babybird, loser pop, grand apôtre de la mélodie déglinguée, pouvait nous en apporter un tel témoignage ?
En se donnant corps et âme dans ce nouveau projet, véritable suicide commercial, on ne peut que saluer (encore plus bas), son talent et son imagination, qui semble définitivement intarissable.


Parfait   17/20
par Jekyll


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