Abe Vigoda

On ne savait pas trop dans quelle catégorie les ranger, alors on a décidé de qualifier leur musique de "noise tropicali punk rock". Non non, très sérieusement. Peut être à cause du côté exotique des guitares désaccordées, on sait pas trop. En tout cas, c'est plutôt rigolo.
Les 4 petits garnements d'Abe Vigoda sont californiens, et ont pour le moment élu domicile dans un club de branleurs créé par des branleurs : le Smell. Pour les non-initiés, il s'agit d'un havre Angelin pour rockeux pré-pubères en mal de musiques rebelles énervées (ce qui me paraît être la meilleure définition), également célèbre pour avoir doré le blason d'un certain No Age (hélas...). Présenter ce 3e disque revient d'ailleurs à parler de ces derniers. Tout en précisant "en mieux", en "vraiment mieux". De toute façon, on aurait du mal à imaginer en pire. Bon ok, c'est vrai, y'a des airs de ressemblance. La purée balancée sans compter, l'ambiance enjouée tout ça tout ça... Mais de dieu, qu'est-ce que ça swingue, cette fois-ci. V'là enfin de la bonne mélodie brute, de la chansonnette décomplexée bien à l'arrache. C'est ça qu'est frais. Skeleton, c'est ce coté gueulard régressif complètement casse gueule, évidemment de rigueur (sinon c'est punk comme Vampire Weekend), au service de cette spontanéité et sincérité dans l'écriture. Sans omettre cette batterie chahuteuse, et ces riffs dissonants aussi festifs qu'approximatifs, qui n'ont définitivement rien à envier aux infectes nappes noise de leurs confrères No Age.
Et c'est d'ailleurs avec ces quatorze minis-morceaux, jamais trop alambiqués, jamais trop téléphonés, qu'Abe Vigoda s'inscrit les doigts dans l'nez au rang du meilleur (euh... non, plutôt moins pire) groupe de cette scène teenage punk californienne. Skeleton s'assure quant à lui le trophée du disque le plus polisson de 2008.