Jon Crosby
Generica Vol. I-V |
Label :
Autoproduit |
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Le statut d'indépendant a un prix. Il y a dix ans, Jon Crosby était beau, riche, célèbre... Et signé sur une major sous le nom de VAST. Aujourd'hui il est obèse, hors circuit des radios et peine à tourner au delà des frontières américaines. Mais c'est un artiste libre. Hum. Tellement libre qu'il n'en fait qu'à sa tête !
A la base proposées sous format MP3 sur son site, l'ensemble de ces chansons réparties sur pas moins de 5 volumes (Generica vol. 1 jusqu'à 5 donc) s'est retrouvée par la volonté de son auteur compilée sur 2 disques physiques.
Première question. Vu le sleeve, d'une obscène nullité, quel est l'intérêt de se procurer le dit objet en regard des chansons disponibles en MP3 ? D'abord soutenir l'artiste, bien sûr, mais plus encore, soutenir un projet courageux. Car de ceux qui connaissent l'oeuvre de Vast, cette transformation inattendue en folkeux sudiste avait tout pour surprendre, voire effrayer. Or l'homme s'en tire plus qu'honorablement.
Seconde question. Pourquoi Generica a-t-il été écrit sous le nom de Jon Crosby quand chacun sait que l'américain a toujours tout composé seul ? Peut-être parce que ces chansons, plus que toutes les autres, parlent de lui, et que derrière les murs du son, samples et autres bidouillages électroniques, il a toujours transparu cette limpidité mélodique, et ces sentiments un peu frustes, naïfs mais finalement beaux, qui sont ici étalés au grand jour, dégagés de tout artifice d'arrangement trop travaillé.
Le premier disque: il est uniquement interprété par Crosby et sa guitare sèche; un violoncelle s'invite cependant discrètement sur la deuxième moitié des chansons, dont certaines ont été enregistrées live.
Véritablement introspectif, rappelant la beauté et l'aridité de chefs d'oeuvre du folk tels le Blues Run The Game de Jackson C. Franck, cette compilation des trois premiers volumes est un sans faute total, dont on croirait qu'il a été écrit par un ascète. Une certaine noblesse se dégage de l'ensemble, un sens de la précision incroyable, qui fait que rarement vous entendrez un doigt qui dérape ou une corde qui frise...
De plus, Crosby n'a pas ici besoin d'éléver sa voix pour prouver sa classe de vocaliste, ni de faire crier sa guitare pour faire entendre ses dons de songwriter. Double effet Kiss Cool de ce dépouillement extrême: d'une part ses talents éclatent au grand jour, d'autre part il ferme le caquet de tous ceux qui pouvaient voir en lui l'apôtre d'une musique pompeuse et quelque peu lourdaude.
Car c'est évident, la musique de ce Jon Crosby là n'est ni plus ni moins que l'ossature de tous les morceaux de Vast. On reconnaît bien l'esprit, on reconnaît le ton, mais pourtant c'est définitivement autre chose que du Vast. Rappelons tout de même que, d'une certaine manière, un morceau comme "Flames" laissait déjà entrevoir, à l'époque de son premier album, ses capacités à émouvoir par peu de choses...
Ainsi, pour apater le chaland, on pourrait presque présenter ce " DISK Accoustic ", comme nommé dans le coffret, comme une collection de "Flames". Et ce serait à peine de la publicité mensongère !
Le " DISK Band ", comme son nom l'indique, voit l'américain entouré de quelques musiciens dont certains travaillaient déjà avec lui sur April (Michael Austinmoore à la basse, Ben Fenton à la guitare). D'ailleurs le morceau d'ouverture, "You Should Have Known I'd Leave", semble tout droit sorti des sessions de ce dernier album en date. A ce moment là, on se demande si ce deuxième disque mérite bien cette différenciation entre l'homme et son groupe... Et ce n'est pas la mauvaise reprise d'"Hotel Song", pourtant jolie sur le DISK A qui nous rassure: encombrée d'arrangements sirupeux et prévisibles, on dirait une vilaine ballade signée Metallica !
Heureusement, dès le troisième morceau, "Travelin Man", on reconnaît les intentions folk de Crosby: un harmonica s'invite et nous revoilà parti loin des terres " vastiennes ". Ce sera le cas de la plupart des morceaux présents sur de deuxième disque: "Everything Has Changed", "You Are The One", "Until I Die", "She Found Out" lorgnent clairement du côté d'un folk classique et dépouillé, quand d'autres s'affirment en folk songs plus efficaces ("I'm Afraid Of You", géniale, "Generica" ou "Let's Run Away"). Mais on sent que dès que Crosby est entouré d'un orchestre, il ne peut s'empêcher de faire parler son côté " épique ". Ainsi c'est sans trop de surprises que l'on trouvera (pour notre plus grand bonheur tout de même !) quelques pépites beaucoup plus proches de l'univers que nous connaissons: "You're The Same", "You Destroy Me", excellentes, la reprise de "I Thought By Now", "What Really Makes A Difference" ou "If She Wasn't Married" sont à ce titre de purs produits estampillés Vast, version acoustique.
Pour être tout à fait franc, on aurait presque préféré que ce concept, Generica, se réduise à sa version la plus minimaliste, la plus intimiste, soit le DISK A. Parce qu'en soi, le deuxième volume n'apporte pas grand chose de plus, et semble presque trop sage orchestralement parlant. Pire, dans cette volonté de transformer un projet résolument personnel en quelque chose de plus consensuel, Jon Crosby nous conforte dans cette idée qu'il n'est probablement pas encore guéri de cet échec qui l'a éjecté du circuit des grands...
Mais, allez ! Au vu de la qualité de l'ensemble, on fermera les yeux !
A la base proposées sous format MP3 sur son site, l'ensemble de ces chansons réparties sur pas moins de 5 volumes (Generica vol. 1 jusqu'à 5 donc) s'est retrouvée par la volonté de son auteur compilée sur 2 disques physiques.
Première question. Vu le sleeve, d'une obscène nullité, quel est l'intérêt de se procurer le dit objet en regard des chansons disponibles en MP3 ? D'abord soutenir l'artiste, bien sûr, mais plus encore, soutenir un projet courageux. Car de ceux qui connaissent l'oeuvre de Vast, cette transformation inattendue en folkeux sudiste avait tout pour surprendre, voire effrayer. Or l'homme s'en tire plus qu'honorablement.
Seconde question. Pourquoi Generica a-t-il été écrit sous le nom de Jon Crosby quand chacun sait que l'américain a toujours tout composé seul ? Peut-être parce que ces chansons, plus que toutes les autres, parlent de lui, et que derrière les murs du son, samples et autres bidouillages électroniques, il a toujours transparu cette limpidité mélodique, et ces sentiments un peu frustes, naïfs mais finalement beaux, qui sont ici étalés au grand jour, dégagés de tout artifice d'arrangement trop travaillé.
Le premier disque: il est uniquement interprété par Crosby et sa guitare sèche; un violoncelle s'invite cependant discrètement sur la deuxième moitié des chansons, dont certaines ont été enregistrées live.
Véritablement introspectif, rappelant la beauté et l'aridité de chefs d'oeuvre du folk tels le Blues Run The Game de Jackson C. Franck, cette compilation des trois premiers volumes est un sans faute total, dont on croirait qu'il a été écrit par un ascète. Une certaine noblesse se dégage de l'ensemble, un sens de la précision incroyable, qui fait que rarement vous entendrez un doigt qui dérape ou une corde qui frise...
De plus, Crosby n'a pas ici besoin d'éléver sa voix pour prouver sa classe de vocaliste, ni de faire crier sa guitare pour faire entendre ses dons de songwriter. Double effet Kiss Cool de ce dépouillement extrême: d'une part ses talents éclatent au grand jour, d'autre part il ferme le caquet de tous ceux qui pouvaient voir en lui l'apôtre d'une musique pompeuse et quelque peu lourdaude.
Car c'est évident, la musique de ce Jon Crosby là n'est ni plus ni moins que l'ossature de tous les morceaux de Vast. On reconnaît bien l'esprit, on reconnaît le ton, mais pourtant c'est définitivement autre chose que du Vast. Rappelons tout de même que, d'une certaine manière, un morceau comme "Flames" laissait déjà entrevoir, à l'époque de son premier album, ses capacités à émouvoir par peu de choses...
Ainsi, pour apater le chaland, on pourrait presque présenter ce " DISK Accoustic ", comme nommé dans le coffret, comme une collection de "Flames". Et ce serait à peine de la publicité mensongère !
Le " DISK Band ", comme son nom l'indique, voit l'américain entouré de quelques musiciens dont certains travaillaient déjà avec lui sur April (Michael Austinmoore à la basse, Ben Fenton à la guitare). D'ailleurs le morceau d'ouverture, "You Should Have Known I'd Leave", semble tout droit sorti des sessions de ce dernier album en date. A ce moment là, on se demande si ce deuxième disque mérite bien cette différenciation entre l'homme et son groupe... Et ce n'est pas la mauvaise reprise d'"Hotel Song", pourtant jolie sur le DISK A qui nous rassure: encombrée d'arrangements sirupeux et prévisibles, on dirait une vilaine ballade signée Metallica !
Heureusement, dès le troisième morceau, "Travelin Man", on reconnaît les intentions folk de Crosby: un harmonica s'invite et nous revoilà parti loin des terres " vastiennes ". Ce sera le cas de la plupart des morceaux présents sur de deuxième disque: "Everything Has Changed", "You Are The One", "Until I Die", "She Found Out" lorgnent clairement du côté d'un folk classique et dépouillé, quand d'autres s'affirment en folk songs plus efficaces ("I'm Afraid Of You", géniale, "Generica" ou "Let's Run Away"). Mais on sent que dès que Crosby est entouré d'un orchestre, il ne peut s'empêcher de faire parler son côté " épique ". Ainsi c'est sans trop de surprises que l'on trouvera (pour notre plus grand bonheur tout de même !) quelques pépites beaucoup plus proches de l'univers que nous connaissons: "You're The Same", "You Destroy Me", excellentes, la reprise de "I Thought By Now", "What Really Makes A Difference" ou "If She Wasn't Married" sont à ce titre de purs produits estampillés Vast, version acoustique.
Pour être tout à fait franc, on aurait presque préféré que ce concept, Generica, se réduise à sa version la plus minimaliste, la plus intimiste, soit le DISK A. Parce qu'en soi, le deuxième volume n'apporte pas grand chose de plus, et semble presque trop sage orchestralement parlant. Pire, dans cette volonté de transformer un projet résolument personnel en quelque chose de plus consensuel, Jon Crosby nous conforte dans cette idée qu'il n'est probablement pas encore guéri de cet échec qui l'a éjecté du circuit des grands...
Mais, allez ! Au vu de la qualité de l'ensemble, on fermera les yeux !
Bon 15/20 | par Jekyll |
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