Blind Melon
Tones Of Home: The Best Of Blind Melon (Limited Edition) |
Label :
Capitol |
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- Encore un best of. C'est très tendance le best of. Depuis toujours. Du moins depuis que le rock existe.
- Oui mais là, c'est un best of de Blind Melon, alors attention.
- Bon, ils ont été sympas, ils y ont mis deux titres lives, mais c'est pas énorme.
- C'est toujours ça de pris.
- Ok, il y a un DVD avec, mais ça ne change pas grand chose au fond.
- Si, ça, ça change tout.
- Pas trop en fait, autant acheter le concert en entier (sorti le même jour que ce best of en DVD).
- Ouais, mais on fait avec ce que l'on a nous, pauvres français, durement frappés par la crise qui secoue le monde entier en ce moment. On est obligé d'importer ou d'attendre le jour béni entre tous où, parcourant les allées de la FNAC, on trouvera ce DVD tant désiré. Donc, par conséquent, tout à fait impossible.
- Au final, qu'est-ce qu'il apporte ce DVD ?
- Simplement la confirmation que Blind Melon était un groupe fantastique, malheureusement quelque peu oublié aujourd'hui.
Pouvoir contempler Shannon Hoon moins d'un mois avant sa mort est quelque chose d'inestimable. Demandez donc aux puristes.
Le voir, vidant ses dernières forces sur scène, est finalement très étrange, pour nous qui connaissons le fin mot de l'histoire, ça en deviendrait presque malsain. Un peu comme si on avait croisé un soir quelqu'un qui nous était très cher et qui devait mourir le lendemain.
Cela ne fait que rendre les performances plus intenses, plus émouvantes pour qui connaît la trajectoire du groupe.
Ce mec, là, qui chante au milieu de la scène, vit son dernier mois sur terre. Il n'en avait sûrement pas conscience, lui, en ce soir du 27 septembre 1995 au Cabaret Metro de Chicago. Mais peu importe, ce soir, comme tous les autres d'ailleurs, il joue, il chante avec son âme, tout son être y passe.
Et c'est ce facteur qu'il faut retenir chez Blind Melon.
Ces gars-là jouent avec leur âme et cela se ressent dans le moindre fragment de leurs compositions, qu'ils transcendent à chacun de leurs concerts.
Blind Melon était un groupe véritablement cérébral, direct, tu te prends leur musique dans la face comme une droite de Cassius Clay, même si, de prime abord, on a l'impression que c'est plutôt le bordel qui domine dans leurs compos. Après plusieurs écoutes, cette impression de désordre laisse la place à un sentiment de cohérence indéniable, d'homogénéité parfaite. C'était là que résidait la force de ce groupe, cohérent et bordélique à la fois, les musiciens maîtrisant parfaitement leur art en tout instant.
La voix exceptionnelle de Shannon Hoon et le talent des musiciens fit de ce groupe une formation totalement culte des années 90 (pour certaines personnes, dont moi of course), se situant à la périphérie du mouvement grunge, sans y être incorporé pour autant, mais utilisant ses producteurs (Rick Parashar pour le premier album, aux manettes également du génial premier album de Pearl Jam, Ten, et Andy Wallace pour le deuxième, l'homme qui mixa Nevermind, le second album de Nirvana, pour le meilleur et pour le pire aux dires de chacun).
Là où réside l'originalité profonde du combo, c'est dans l'utilisation d'instruments peu communs pour une formation étiquetée "rock" comme le violoncelle, le trombone et d'autres cuivres, du cajun aussi, ces instruments venant des apports de tous les membres du groupe, issus de différents coins des Etats-Unis, pour aboutir à une fusion très originale et novatrice.
L'influence de Led Zeppelin est particulièrement saisissante également, surtout sur le premier effort du groupe, intitulé simplement Blind Melon, sorti en 1992 alors que Nirvana venait d'éclater au grand jour, au travers des titres "I Wonder", présent sur ce best of, et "Seed To A Tree", absent du disque celui-là. L'influence du Zeppelin sera plus ténue sur Soup, le second album du groupe, sorti en 1995, mais jamais vraiment absente.
Les origines sudistes de certains des membres de la formation (le guitariste Rogers Stevens ainsi que le bassiste Brad Smith et le batteur Glen Graham viennent tout droit du Mississippi) se font voir également, instaurant dans la musique de Blind Melon une touche d'insouciance, d'innocence légère, dont le premier album se fait parfaitement l'écho, le deuxième étant beaucoup plus sombre, tant au niveau de l'ambiance qu'il dégage que de ses musiques ou de ses textes.
C'est ça qui domine quand on écoute ce nouveau CD de Blind Melon, ce changement d'ambiance, de monde littéralement, d'atmosphère entre les titres de chacun des deux albums, ce qui, au final, rend ce best of intéressant parce qu'il montre bien cette dualité entre les compositions beaucoup plus colorées de l'album des débuts par rapport à celles du second (qui n'en restent pas moins magnifiques, cela va de soit).
Bon, venons-en plus sérieusement à ce best of.
On note un emballage soigné et une pochette des plus simples, à l'image du groupe, et des notes intérieures émouvantes du guitariste Rogers Stevens, qui évoque notamment son sentiment de frustration, car, selon lui, le groupe n'avait pas livré sa meilleure musique, il se sentait capable de faire de meilleures choses, d'explorer de nouvelles voies.
On pourra toujours émettre des réserves à propos des morceaux qui agrémentent ce disque (c'est l'éternel problème avec les best of, on n'est jamais content de la set-list), qui sont au nombre notable de dix-neuf.
Néanmoins, les fondamentaux du groupe sont présents : "Tones Of Home" (qui donne son nom à la présente galette), "Paper Scratcher" et ses solos endiablés, le très zeppelinesque "I Wonder", cité plus haut, magnifique de justesse, les deux ballades que sont "Change" et "No Rain", qui contribua à faire exploser le groupe à la fin de l'année 1992. Dernier extrait de Blind Melon, la monumentale "Time" où la voix de Hoon est tout simplement hallucinante (écoutez-là au casque vous verrez bien !), fragile, passionnée et émouvante, vous prenant littéralement aux tripes. Le morceau finit en descendant calmement après l'orage de guitares qui s'est abattu sur l'auditeur qui en redemande.
Ca revient bientôt, qu'il ne s'inquiète pas.
Et ça revient même très fort avec le premier extrait de Soup, la version radio de "Galaxie" (edit comme disent les anglo-saxons, amputée de "Hello Goodbye", chanson cachée du début de l'album, concept que je n'ai rencontré, pour l'instant, nulle par ailleurs que sur Soup).
Cette chanson est, selon moi, une des meilleures du groupe, démarrant sans prévenir et produisant d'incroyables montées d'adrénaline chez l'auditeur à chaque fois que le refrain déboule comme une charge de rhinocéros et se concluant sur un ultime coup de rein dévastant tout sur son passage ("no no no no it isn't me, I'm more at home in my galaxie").
On a droit aussi aux magnifiques "Mouthful Of Cavities", "Walk" et "St. Andrew's Fall" où le groupe prouve une fois encore son génie au monde entier (mais est-ce vraiment nécessaire ?, ah et puis cette partition de violoncelle dans "St. Andrew's Fall", mais que demande le peuple ?) et Shannon y fait merveille comme à son habitude.
Sont présentes également "2 X 4" et "Toes Across The Floor", bien rentre dedans, bien dans l'esprit de Soup.
Ensuite viennent des titres issus de Nico, compilation de démos et de chutes de studio sortie en 1996 après la mort de Shannon Hoon, avec l'incroyable "Soup". Fait étrange cependant : la chanson titre n'est pas présente sur l'album du même nom ! (sauf sur le pressage japonais je crois). Cette composition est bien meilleure en live qu'en studio selon moi (si vous ne me croyez pas, écoutez donc la version du festival de Woodstock de 1994 : le sommet vocal de la carrière de M. Shannon Hoon et ce n'est pas peu dire).
Après, toujours très réussies, "Pull" et "Soul One" et une version un peu ralentie de "No Rain" (créditée "Ripped Away Version"), suivies de l'hilarante "Three Is A Magic Number".
Et pour finir, deux titres lives, comme dit précédemment.
Tout d'abord "Soak The Sin", enregistré à Portland le 6 septembre 1993, qui envoie du lourd et une "Deserted", enregistrée elle le 8 août 1993 à Grand Rapids, grand format, dépassant les sept minutes où les musiciens jouent et vont où les mène leur formidable inspiration.
Ainsi se termine ce best of de Blind Melon dont la durée va au-delà des 75 minutes, ce qui est assez rare pour être souligné pour un best of, prouvant que le groupe est aux petits soins pour ses fans.
Après vient le DVD, petite exclusivité de cette édition limitée.
Bon, il est assez bref (trois clips, trois titres lives), mais il vaut bien le coup d'œil quand même.
On a droit aux clips de "No Rain", qui popularisa le groupe, avec la petite fille déguisée en abeille dansante, celui de "Change" avec un boucher méchant et un Shannon Hoon en or et celui de "Toes Across The Floor" où un mec galère pour éteindre un début d'incendie dans son appartement pendant que le groupe joue autour de lui et le gène quelque peu dans son entreprise de pompier amateur.
Les éléments les plus intéressants de ce DVD sont bien sûr les trois titres lives : "Tones Of Home", "Soup", rendue dans une belle version où la voix de Shannon est poignante à souhait et un "No Rain", (décidément bien représenté : deux fois sur le CD et deux autres fois sur le DVD) que le public accueille avec un enthousiasme renouvellé à chaque sortie.
Le talent du groupe, porté par la voix de Hoon, est bluffant. Comme dit plus haut, ils jouent avec leur âme, surtout Shannon qui semble quand même bien marqué, à la limite de la rupture parfois, mais qui se reprend rapidement. Mais comment faisait-il ? Il paraît à bout de forces par moment, mais il se relève et chante, chante encore et encore.
Sa voix s'est définitivement éteinte le 21 octobre 1995 sur la banquette d'un bus de la tournée du groupe, alors qu'ils défendaient leur nouvel album sur scène, après s'être fait descendre par les critiques et que leur maison de disques ait stigmatisé des ventes qu'elle jugeait décevantes, d'où la mise en place de cette ultime tournée, que personne ne voyait s'arrêter de cette façon.
Le rock venait de perdre une de ses voix les plus admirables, une de ses voix les plus touchantes, de celles qui émeuvent sans prévenir, qui bouleversent, qui retournent un être tout entier.
Il venait surtout de perdre un des ses plus authentiques représentants, un de ses plus authentiques interprètes, comme la voix de Hoon, qui était, avant toute chose, authentique.
Sa mort ne l'a pas conduit au rang de mythe comme les Kurt Cobain ou Layne Staley, chanteur de Alice In Chains, décédé en 2002 dans des circonstances analogues, chanteurs de la même génération, elle n'a également pas rendu le groupe culte (à part pour certains évidemment), alors que Hoon et Blind Melon le méritaient largement grâce à leur musique intelligente, émouvante, pleine de vie et rigoureusement authentique. C'est bien le mot à retenir.
S'il savait ce qu'il faisait dans ses derniers instants, Shannon Hoon a dû se remémorer les paroles qu'il avait lui-même écrites quelques années auparavant : "I think it's time, it's time to go".
Rideau, fin de l'histoire.
- Oui mais là, c'est un best of de Blind Melon, alors attention.
- Bon, ils ont été sympas, ils y ont mis deux titres lives, mais c'est pas énorme.
- C'est toujours ça de pris.
- Ok, il y a un DVD avec, mais ça ne change pas grand chose au fond.
- Si, ça, ça change tout.
- Pas trop en fait, autant acheter le concert en entier (sorti le même jour que ce best of en DVD).
- Ouais, mais on fait avec ce que l'on a nous, pauvres français, durement frappés par la crise qui secoue le monde entier en ce moment. On est obligé d'importer ou d'attendre le jour béni entre tous où, parcourant les allées de la FNAC, on trouvera ce DVD tant désiré. Donc, par conséquent, tout à fait impossible.
- Au final, qu'est-ce qu'il apporte ce DVD ?
- Simplement la confirmation que Blind Melon était un groupe fantastique, malheureusement quelque peu oublié aujourd'hui.
Pouvoir contempler Shannon Hoon moins d'un mois avant sa mort est quelque chose d'inestimable. Demandez donc aux puristes.
Le voir, vidant ses dernières forces sur scène, est finalement très étrange, pour nous qui connaissons le fin mot de l'histoire, ça en deviendrait presque malsain. Un peu comme si on avait croisé un soir quelqu'un qui nous était très cher et qui devait mourir le lendemain.
Cela ne fait que rendre les performances plus intenses, plus émouvantes pour qui connaît la trajectoire du groupe.
Ce mec, là, qui chante au milieu de la scène, vit son dernier mois sur terre. Il n'en avait sûrement pas conscience, lui, en ce soir du 27 septembre 1995 au Cabaret Metro de Chicago. Mais peu importe, ce soir, comme tous les autres d'ailleurs, il joue, il chante avec son âme, tout son être y passe.
Et c'est ce facteur qu'il faut retenir chez Blind Melon.
Ces gars-là jouent avec leur âme et cela se ressent dans le moindre fragment de leurs compositions, qu'ils transcendent à chacun de leurs concerts.
Blind Melon était un groupe véritablement cérébral, direct, tu te prends leur musique dans la face comme une droite de Cassius Clay, même si, de prime abord, on a l'impression que c'est plutôt le bordel qui domine dans leurs compos. Après plusieurs écoutes, cette impression de désordre laisse la place à un sentiment de cohérence indéniable, d'homogénéité parfaite. C'était là que résidait la force de ce groupe, cohérent et bordélique à la fois, les musiciens maîtrisant parfaitement leur art en tout instant.
La voix exceptionnelle de Shannon Hoon et le talent des musiciens fit de ce groupe une formation totalement culte des années 90 (pour certaines personnes, dont moi of course), se situant à la périphérie du mouvement grunge, sans y être incorporé pour autant, mais utilisant ses producteurs (Rick Parashar pour le premier album, aux manettes également du génial premier album de Pearl Jam, Ten, et Andy Wallace pour le deuxième, l'homme qui mixa Nevermind, le second album de Nirvana, pour le meilleur et pour le pire aux dires de chacun).
Là où réside l'originalité profonde du combo, c'est dans l'utilisation d'instruments peu communs pour une formation étiquetée "rock" comme le violoncelle, le trombone et d'autres cuivres, du cajun aussi, ces instruments venant des apports de tous les membres du groupe, issus de différents coins des Etats-Unis, pour aboutir à une fusion très originale et novatrice.
L'influence de Led Zeppelin est particulièrement saisissante également, surtout sur le premier effort du groupe, intitulé simplement Blind Melon, sorti en 1992 alors que Nirvana venait d'éclater au grand jour, au travers des titres "I Wonder", présent sur ce best of, et "Seed To A Tree", absent du disque celui-là. L'influence du Zeppelin sera plus ténue sur Soup, le second album du groupe, sorti en 1995, mais jamais vraiment absente.
Les origines sudistes de certains des membres de la formation (le guitariste Rogers Stevens ainsi que le bassiste Brad Smith et le batteur Glen Graham viennent tout droit du Mississippi) se font voir également, instaurant dans la musique de Blind Melon une touche d'insouciance, d'innocence légère, dont le premier album se fait parfaitement l'écho, le deuxième étant beaucoup plus sombre, tant au niveau de l'ambiance qu'il dégage que de ses musiques ou de ses textes.
C'est ça qui domine quand on écoute ce nouveau CD de Blind Melon, ce changement d'ambiance, de monde littéralement, d'atmosphère entre les titres de chacun des deux albums, ce qui, au final, rend ce best of intéressant parce qu'il montre bien cette dualité entre les compositions beaucoup plus colorées de l'album des débuts par rapport à celles du second (qui n'en restent pas moins magnifiques, cela va de soit).
Bon, venons-en plus sérieusement à ce best of.
On note un emballage soigné et une pochette des plus simples, à l'image du groupe, et des notes intérieures émouvantes du guitariste Rogers Stevens, qui évoque notamment son sentiment de frustration, car, selon lui, le groupe n'avait pas livré sa meilleure musique, il se sentait capable de faire de meilleures choses, d'explorer de nouvelles voies.
On pourra toujours émettre des réserves à propos des morceaux qui agrémentent ce disque (c'est l'éternel problème avec les best of, on n'est jamais content de la set-list), qui sont au nombre notable de dix-neuf.
Néanmoins, les fondamentaux du groupe sont présents : "Tones Of Home" (qui donne son nom à la présente galette), "Paper Scratcher" et ses solos endiablés, le très zeppelinesque "I Wonder", cité plus haut, magnifique de justesse, les deux ballades que sont "Change" et "No Rain", qui contribua à faire exploser le groupe à la fin de l'année 1992. Dernier extrait de Blind Melon, la monumentale "Time" où la voix de Hoon est tout simplement hallucinante (écoutez-là au casque vous verrez bien !), fragile, passionnée et émouvante, vous prenant littéralement aux tripes. Le morceau finit en descendant calmement après l'orage de guitares qui s'est abattu sur l'auditeur qui en redemande.
Ca revient bientôt, qu'il ne s'inquiète pas.
Et ça revient même très fort avec le premier extrait de Soup, la version radio de "Galaxie" (edit comme disent les anglo-saxons, amputée de "Hello Goodbye", chanson cachée du début de l'album, concept que je n'ai rencontré, pour l'instant, nulle par ailleurs que sur Soup).
Cette chanson est, selon moi, une des meilleures du groupe, démarrant sans prévenir et produisant d'incroyables montées d'adrénaline chez l'auditeur à chaque fois que le refrain déboule comme une charge de rhinocéros et se concluant sur un ultime coup de rein dévastant tout sur son passage ("no no no no it isn't me, I'm more at home in my galaxie").
On a droit aussi aux magnifiques "Mouthful Of Cavities", "Walk" et "St. Andrew's Fall" où le groupe prouve une fois encore son génie au monde entier (mais est-ce vraiment nécessaire ?, ah et puis cette partition de violoncelle dans "St. Andrew's Fall", mais que demande le peuple ?) et Shannon y fait merveille comme à son habitude.
Sont présentes également "2 X 4" et "Toes Across The Floor", bien rentre dedans, bien dans l'esprit de Soup.
Ensuite viennent des titres issus de Nico, compilation de démos et de chutes de studio sortie en 1996 après la mort de Shannon Hoon, avec l'incroyable "Soup". Fait étrange cependant : la chanson titre n'est pas présente sur l'album du même nom ! (sauf sur le pressage japonais je crois). Cette composition est bien meilleure en live qu'en studio selon moi (si vous ne me croyez pas, écoutez donc la version du festival de Woodstock de 1994 : le sommet vocal de la carrière de M. Shannon Hoon et ce n'est pas peu dire).
Après, toujours très réussies, "Pull" et "Soul One" et une version un peu ralentie de "No Rain" (créditée "Ripped Away Version"), suivies de l'hilarante "Three Is A Magic Number".
Et pour finir, deux titres lives, comme dit précédemment.
Tout d'abord "Soak The Sin", enregistré à Portland le 6 septembre 1993, qui envoie du lourd et une "Deserted", enregistrée elle le 8 août 1993 à Grand Rapids, grand format, dépassant les sept minutes où les musiciens jouent et vont où les mène leur formidable inspiration.
Ainsi se termine ce best of de Blind Melon dont la durée va au-delà des 75 minutes, ce qui est assez rare pour être souligné pour un best of, prouvant que le groupe est aux petits soins pour ses fans.
Après vient le DVD, petite exclusivité de cette édition limitée.
Bon, il est assez bref (trois clips, trois titres lives), mais il vaut bien le coup d'œil quand même.
On a droit aux clips de "No Rain", qui popularisa le groupe, avec la petite fille déguisée en abeille dansante, celui de "Change" avec un boucher méchant et un Shannon Hoon en or et celui de "Toes Across The Floor" où un mec galère pour éteindre un début d'incendie dans son appartement pendant que le groupe joue autour de lui et le gène quelque peu dans son entreprise de pompier amateur.
Les éléments les plus intéressants de ce DVD sont bien sûr les trois titres lives : "Tones Of Home", "Soup", rendue dans une belle version où la voix de Shannon est poignante à souhait et un "No Rain", (décidément bien représenté : deux fois sur le CD et deux autres fois sur le DVD) que le public accueille avec un enthousiasme renouvellé à chaque sortie.
Le talent du groupe, porté par la voix de Hoon, est bluffant. Comme dit plus haut, ils jouent avec leur âme, surtout Shannon qui semble quand même bien marqué, à la limite de la rupture parfois, mais qui se reprend rapidement. Mais comment faisait-il ? Il paraît à bout de forces par moment, mais il se relève et chante, chante encore et encore.
Sa voix s'est définitivement éteinte le 21 octobre 1995 sur la banquette d'un bus de la tournée du groupe, alors qu'ils défendaient leur nouvel album sur scène, après s'être fait descendre par les critiques et que leur maison de disques ait stigmatisé des ventes qu'elle jugeait décevantes, d'où la mise en place de cette ultime tournée, que personne ne voyait s'arrêter de cette façon.
Le rock venait de perdre une de ses voix les plus admirables, une de ses voix les plus touchantes, de celles qui émeuvent sans prévenir, qui bouleversent, qui retournent un être tout entier.
Il venait surtout de perdre un des ses plus authentiques représentants, un de ses plus authentiques interprètes, comme la voix de Hoon, qui était, avant toute chose, authentique.
Sa mort ne l'a pas conduit au rang de mythe comme les Kurt Cobain ou Layne Staley, chanteur de Alice In Chains, décédé en 2002 dans des circonstances analogues, chanteurs de la même génération, elle n'a également pas rendu le groupe culte (à part pour certains évidemment), alors que Hoon et Blind Melon le méritaient largement grâce à leur musique intelligente, émouvante, pleine de vie et rigoureusement authentique. C'est bien le mot à retenir.
S'il savait ce qu'il faisait dans ses derniers instants, Shannon Hoon a dû se remémorer les paroles qu'il avait lui-même écrites quelques années auparavant : "I think it's time, it's time to go".
Rideau, fin de l'histoire.
Parfait 17/20 | par Poukram |
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