Lindstrøm
Where You Go, I Go Too |
Label :
Feedelity |
||||
Difficile d´imaginer que la Norvège pouvait être la terre d'origine d´un revival ital-disco (ne fuyez-pas !). Mais c´est pourtant ce qui se passe grâce à deux hommes : Prins Thomas et Hans-Peter Lindstrøm , les boss du label Feedelity, regroupant un petit cercle d´amis mais dont ils sont les principaux agitateurs. Lindstrøm a créé un genre qui n´en est pas un, et dont il est le seul représentant vraiment connu. Le cosmic-disco, malgré son nom débile, est plutôt bien baptisé. De là à dire que c´est un genre débile, il n´y a qu´un pas que je ne franchirai pas le moins du monde. La musique de Lindstrøm, c´est plus ambiance sauna moite que fjörd ! C´est une étrange musique électronique, très lente et vaporeuse, rêveuse mais acidulée par des effets et bruitages piqués à Giorgio Moroder. Une sorte d´ambient aux sonorités cosmiques, aux tonalités italo-baléariques, un brin psychédélique, bref bien plus qu´une musique de dance-floor. Le disco est plus une référence, un arrière plan que les deux hommes s'amusent à triturer et bricoler pour obtenir quelque chose de décalé!
Where You Go, I Go Too est le premier véritable album de Lindstrøm. Son premier LP n´était qu´une compilations de ses maxis. Et plutôt que de nous resservir la même recette que celle qui a fait son succès, Lindstrøm prend des risques et donne de sidérantes lignes de fuite à sa musique. Jugez plutôt : 55 minutes pour seulement....3 pistes !
Le morceau titre, du haut de ses 29 minutes, est évidemment la pièce maîtresse de cet album. Après une longue intro ambiante, le Norvégien installe lentement un moelleux canevas de percussions et de nappes de synthés. Ca monte doucement mais sûrement, on gravit des escaliers jusqu´à l´espace, pour y trouver un synthé cosmique et mélancolique. On continue de monter très haut jusqu´à une vertigineuse redescente, rythmée par des souffles, avant une dernière montée épique et tendre à la fois. Ce morceau est vraiment excellent. Malgré sa longueur, on ne ressent vraiment aucune longueur, les thèmes utilisés sont assez riches et évocateurs malgré leur simplicité, les progressions sont envoûtantes, et le final est terriblement exaltant. Qui plus est, les tonalités mélancoliques de ce morceau étonnent, Lindstrøm étant plutôt un habitué des ambiances lascives et mutines. Le final est vraiment époustouflant, tellement délicat et touchant!
On enchaîne avec la pièce la plus courte, "Grand Ideas", 10 minutes, et qui décroche la médaille de bronze. C´est effectivement le morceau le plus simple, puisqu´il consiste en une unique montée. Mais la progression est intéressante, grâce à un beau travail sur les percussions, qui sont tour à tour étouffées ou dominantes face aux synthés acides et à la mélodie. Le morceau donne une impression de foisonnement et de mouvement assez déroutante.
On finit avec les 15 minutes de l´excellentissime "The Long Way Home", qui lui aussi révèle une structure somme toute assez simple. L´introduction est vraiment haletante : sur un rythme effréné mais étouffé au point de ne même pas être entraînant, Lindstrøm multiplie les faux départs, tutoie le silence et prend son temps, puis décolle en quelques secondes vers un final psychédélique étincelant, au thème amoureux et rêveur, étiré sur plusieurs minutes avant de s´éteindre dans l´éther. Vraiment très beau, majestueux par moment, mais tellement tendre!
Le pari était risqué pour Lindstrøm : avec des morceaux si longs, difficile de ne pas ennuyer ou sombrer dans la grandiloquence. Mais il évite brillamment ces écueils, en restant fidèle à sa musique, c´est-à-dire des structures relativement simples oú prime la recherche d´émotions. Il élargit sa palette de tonalités et fait preuve d´une belle inventivité, tout en restant accessible. Et on peut vraiment l´écouter autrement que comme musique d´ambiance. Pas dansant pour un sou et encore moins putassier, Where You Go, I Go Too se paie le luxe d'être vraiment beau, un véritable déclencheur d'émotions. Il est recommandé par Lindstrøm pour les voyages en train ou en avion. Mais il est trop modeste : il néglige le pouvoir onirique de cet album, et sa capacité à nous faire voyager dans notre fauteuil.
Et je n'aurai jamais pensé dire ça d'un disque de Lindstrøm (j'avais tendance à le considérer comme un spécialiste des afters perchés), mais je pense que Where You Go, I Go Too a tout pour devenir un véritable classique de la culture électronique. Vivement la suite!
Where You Go, I Go Too est le premier véritable album de Lindstrøm. Son premier LP n´était qu´une compilations de ses maxis. Et plutôt que de nous resservir la même recette que celle qui a fait son succès, Lindstrøm prend des risques et donne de sidérantes lignes de fuite à sa musique. Jugez plutôt : 55 minutes pour seulement....3 pistes !
Le morceau titre, du haut de ses 29 minutes, est évidemment la pièce maîtresse de cet album. Après une longue intro ambiante, le Norvégien installe lentement un moelleux canevas de percussions et de nappes de synthés. Ca monte doucement mais sûrement, on gravit des escaliers jusqu´à l´espace, pour y trouver un synthé cosmique et mélancolique. On continue de monter très haut jusqu´à une vertigineuse redescente, rythmée par des souffles, avant une dernière montée épique et tendre à la fois. Ce morceau est vraiment excellent. Malgré sa longueur, on ne ressent vraiment aucune longueur, les thèmes utilisés sont assez riches et évocateurs malgré leur simplicité, les progressions sont envoûtantes, et le final est terriblement exaltant. Qui plus est, les tonalités mélancoliques de ce morceau étonnent, Lindstrøm étant plutôt un habitué des ambiances lascives et mutines. Le final est vraiment époustouflant, tellement délicat et touchant!
On enchaîne avec la pièce la plus courte, "Grand Ideas", 10 minutes, et qui décroche la médaille de bronze. C´est effectivement le morceau le plus simple, puisqu´il consiste en une unique montée. Mais la progression est intéressante, grâce à un beau travail sur les percussions, qui sont tour à tour étouffées ou dominantes face aux synthés acides et à la mélodie. Le morceau donne une impression de foisonnement et de mouvement assez déroutante.
On finit avec les 15 minutes de l´excellentissime "The Long Way Home", qui lui aussi révèle une structure somme toute assez simple. L´introduction est vraiment haletante : sur un rythme effréné mais étouffé au point de ne même pas être entraînant, Lindstrøm multiplie les faux départs, tutoie le silence et prend son temps, puis décolle en quelques secondes vers un final psychédélique étincelant, au thème amoureux et rêveur, étiré sur plusieurs minutes avant de s´éteindre dans l´éther. Vraiment très beau, majestueux par moment, mais tellement tendre!
Le pari était risqué pour Lindstrøm : avec des morceaux si longs, difficile de ne pas ennuyer ou sombrer dans la grandiloquence. Mais il évite brillamment ces écueils, en restant fidèle à sa musique, c´est-à-dire des structures relativement simples oú prime la recherche d´émotions. Il élargit sa palette de tonalités et fait preuve d´une belle inventivité, tout en restant accessible. Et on peut vraiment l´écouter autrement que comme musique d´ambiance. Pas dansant pour un sou et encore moins putassier, Where You Go, I Go Too se paie le luxe d'être vraiment beau, un véritable déclencheur d'émotions. Il est recommandé par Lindstrøm pour les voyages en train ou en avion. Mais il est trop modeste : il néglige le pouvoir onirique de cet album, et sa capacité à nous faire voyager dans notre fauteuil.
Et je n'aurai jamais pensé dire ça d'un disque de Lindstrøm (j'avais tendance à le considérer comme un spécialiste des afters perchés), mais je pense que Where You Go, I Go Too a tout pour devenir un véritable classique de la culture électronique. Vivement la suite!
Excellent ! 18/20 | par Vamos |
Posté le 12 avril 2010 à 16 h 20 |
Voici mon énorme coup de cœur de 2008.
Ce que vous remarquerez tout de suite, c'est qu'il n'y a que trois titres sur ce Where You Go, I Go Too. Mais avant tout ça, d'abord, vous vous demanderez qui est ce type. Le nom nous renvoie immédiatement à la Scandinavie, et plus précisément la Norvège. Oui, la même que celle des groupes de métal. En effet, Lindstrøm (un nom hyper courant là-bas) distille une tout autre musique, électronique.
L'artiste n'en est pas à son coup d'essai, cependant il arrive ici à une totale maturité dans son ambition : nous replongez dans l'univers dance-disco-spatiale des années 70. Et l'on comprend alors le format de cette œuvre qui est entièrement instrumentale.
Premier morceau : "Where You Go, I Go Too". Sur une durée de 29 minutes, les montées sont progressives, vous l'aurez deviné. Mais comment cela tient-il la route ? Car il s'agit bien d'un voyage (comme l'indique le titre de chacun des trois titres ainsi que l'image d'oiseaux dans le ciel au dos du disque). Si rien ne semble extraordinaire, au final, on se rend compte de la justesse des notes sur toute la longueur. Pas une minute ne semble superficielle : la légèreté de la musique ferait presque croire à un manque de profondeur. Mais les écoutes se suivent naturellement, tellement le voyage proposé est agréable. Et, finalement, ce titre dégage une émotion éblouissante, surtout lors de la montée finale (à partir de la 18ème minute et des soupirs que l'on entend : la fatigue, le repos, puis l'on reprend le chemin). Dur de décrire une telle musique : il faut la goûter pour savoir ce que ces mots signifient.
Second morceau : "Grand Ideas". Contrairement à ce qui est annoncé, c'est le titre le plus faible, et aussi le plus court de l'album (10 minutes). C'est tout de même le titre la plus dynamique des trois. Malgré sa qualité, il reste très inférieur aux deux autres, et j'avoue que souvent je le zappe, trop pressé que je suis d'atteindre le ...
... troisième morceau : "The Long Way Home". Si "Where You Go, I Go Too" était déjà grandiose, pour moi, ce "Long Way Home" est l'apogée de l'album. Évidemment, une fois arrivée au sommet, le périple prend fin. Mais quelle fin ! Le seul problème est que ce morceau est trop court tellement le plaisir est intense (16 minutes quand même). Le final est magnifique : à partir de la 6ème minute, impossible de ne pas frissonner !
Quoi qu'il en soit, ce genre d'album est rare car il va à contre-courant de tout ce qui se fait, et la longueur des titres l'empêche forcément de vouloir être commercial. À contre-courant, tout en rendant un superbe hommage à tout ce qui a été fait auparavant.
La Norvège est un petit pays qui, à l'instar de l'Islande, possède de très bons ambassadeurs. Et dans ce Where You Go, I Go Too de Lindstrøm, c'est de la chaleur et du bonheur vous trouverez. À laisser tourner en boucle toute l'année...
Ce que vous remarquerez tout de suite, c'est qu'il n'y a que trois titres sur ce Where You Go, I Go Too. Mais avant tout ça, d'abord, vous vous demanderez qui est ce type. Le nom nous renvoie immédiatement à la Scandinavie, et plus précisément la Norvège. Oui, la même que celle des groupes de métal. En effet, Lindstrøm (un nom hyper courant là-bas) distille une tout autre musique, électronique.
L'artiste n'en est pas à son coup d'essai, cependant il arrive ici à une totale maturité dans son ambition : nous replongez dans l'univers dance-disco-spatiale des années 70. Et l'on comprend alors le format de cette œuvre qui est entièrement instrumentale.
Premier morceau : "Where You Go, I Go Too". Sur une durée de 29 minutes, les montées sont progressives, vous l'aurez deviné. Mais comment cela tient-il la route ? Car il s'agit bien d'un voyage (comme l'indique le titre de chacun des trois titres ainsi que l'image d'oiseaux dans le ciel au dos du disque). Si rien ne semble extraordinaire, au final, on se rend compte de la justesse des notes sur toute la longueur. Pas une minute ne semble superficielle : la légèreté de la musique ferait presque croire à un manque de profondeur. Mais les écoutes se suivent naturellement, tellement le voyage proposé est agréable. Et, finalement, ce titre dégage une émotion éblouissante, surtout lors de la montée finale (à partir de la 18ème minute et des soupirs que l'on entend : la fatigue, le repos, puis l'on reprend le chemin). Dur de décrire une telle musique : il faut la goûter pour savoir ce que ces mots signifient.
Second morceau : "Grand Ideas". Contrairement à ce qui est annoncé, c'est le titre le plus faible, et aussi le plus court de l'album (10 minutes). C'est tout de même le titre la plus dynamique des trois. Malgré sa qualité, il reste très inférieur aux deux autres, et j'avoue que souvent je le zappe, trop pressé que je suis d'atteindre le ...
... troisième morceau : "The Long Way Home". Si "Where You Go, I Go Too" était déjà grandiose, pour moi, ce "Long Way Home" est l'apogée de l'album. Évidemment, une fois arrivée au sommet, le périple prend fin. Mais quelle fin ! Le seul problème est que ce morceau est trop court tellement le plaisir est intense (16 minutes quand même). Le final est magnifique : à partir de la 6ème minute, impossible de ne pas frissonner !
Quoi qu'il en soit, ce genre d'album est rare car il va à contre-courant de tout ce qui se fait, et la longueur des titres l'empêche forcément de vouloir être commercial. À contre-courant, tout en rendant un superbe hommage à tout ce qui a été fait auparavant.
La Norvège est un petit pays qui, à l'instar de l'Islande, possède de très bons ambassadeurs. Et dans ce Where You Go, I Go Too de Lindstrøm, c'est de la chaleur et du bonheur vous trouverez. À laisser tourner en boucle toute l'année...
Excellent ! 18/20
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