Pig Destroyer
Phantom Limb |
Label :
Relapse |
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Trois ans... C'est le temps qu'il aura fallu à Pig Destroyer pour enfanter le digne successeur de Terrifyer, un album cataclysmique dont les fans ne se sont toujours pas relevés.
Le problème lorsqu'on sort un disque qui a terrassé l'ensemble de la scène extrême, c'est que le suivant est attendu comme le messie. Cela signifie que l'on est tout aussi prêt à l'encenser qu'à le détruire... Alors qu'en est-il de ce Phantom Limb et des quatorze titres qui le décomposent ?
Soyons d'emblée rassurés, la formule trio sans bassiste est reconduite. Inutile de chercher des nappes de synthé, des cœurs féminins ou l'incursion d'instruments à vent, Pig Destroyer reste fidèle à son éthique Total Grind et ne joue pas la carte du compromis commercial pour cibler un plus large public. Néanmoins, le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et ne joue pas non plus la facilité en nous proposant une copie conforme de son album précédent : Le Grind apocalyptique et destructeur de Terrifyer a muté, évolué vers un style plus contemporain, mais peut-être au détriment de l'originalité.
Déjà, le son a changé. Plus massif, plus compact, il se rapproche des productions Grind-Core ou Brutal-Death sur-gonflées actuelles et ne laisse que très peu de place aux jets incontrôlés d'hémoglobine dont le groupe était coutumier. Sur ce point Pig Destroyer se fond un peu trop dans la masse et le côté brut de décoffrage de Terrifyer a été délaissé au profit d'un mix soigné mais définitivement trop propret. Ceci serait la seule ombre au tableau, cet avis étant hautement subjectif et pas totalement honnête, étant moi-même friand des finitions léchées et du gros son épais. Il se trouve juste que tant de raffinement sied mal à Pig Destroyer, qui excelle dans l'exsanguination artisanale et ne se démarque pas assez dans le décervelage à la chaîne qui caractérise la scène extrême actuelle.
Musicalement parlant, si Pig Destroyer fissure toujours autant murs et fenêtres, il incorpore habilement de nouveaux éléments extérieurs au Grind, si bien que "Phantom Limb" se rapproche d'avantage d'un Brutal-Core sans concessions tel que peuvent le pratiquer Daughters, Nostromo ou encore Meshuggah. Ces influences sont particulièrement audibles dans le titre éponyme, construit sur une rythmique plus "power", saccadée comme un coït de lémuriens fanatiques et totalement inédite chez Pig Destroyer. Les plans de guitares de "Heathen Temple" sont un clin d'œil au bon vieux Heavy-Metal, avec ces mélodies limpides et déliées (comme sait si bien le faire Mastodon), cette trame mélodieuse (attention, ce n'est pas du Iron Maiden !) alternant avec des rythmes syncopés du meilleur effet. "Loathsome" rappelle un Today is the Day époque "In the Eyes of God" (voix trafiquées et même attirance pour le bruit) et le tempo moyen de l'album est revu à la baisse. Certes les blast beats sont toujours à la fête et le batteur (Brian Harvey) réalise une performance époustouflante, mais alors que les passages plus lourds n'étaient qu'épisodiques dans Terrifyier, ils forment l'ossature même de quelques titres de "Phantom Limb" : "Alexandria" en est un parfait exemple, de même que "Girl in the Slayer", sans doute le titre où l'influence de Meshuggah se fait la plus ressentir. D'ailleurs, en dépit des références données ici, Pig Destroyer n'a absolument pas perdu son identité pour devenir un clone des ténors du genre : La griffe du groupe est imprimée sur chaque note et leur style reste reconnaissable entre mille.
Comprenons-nous bien, Pig Destroyer n'a absolument pas tourné guimauve et ne s'engouffre pas avec opportunisme dans la brèche Stoner ou Math-Core tellement à la mode. Leur musique reste un concentré de haine brute et primaire, atomisant tout sur son passage et, la qualité sonore aidant, la bestialité des parties rapides a été démultipliée. A mon sens, seul un public averti pourra pleinement apprécier un tel album, alors que le néophyte risque la crise de tétanie ou la rupture d'anévrisme... Je sais de quoi je parle, ça m'est arrivé la première fois où j'ai écouté l'album Innerwar de Brighter Death Now et j'ai toujours les nerfs en pelote lorsque je repense à cette expérience.
En conclusion, si une phrase devait résumer ma pensée, je dirais : "Phantom Limb" ou comment trois barbares sans pitié ont fait, en quatorze assauts, du hachis de votre pauvre enveloppe corporelle... A se procurer d'urgence...
Le problème lorsqu'on sort un disque qui a terrassé l'ensemble de la scène extrême, c'est que le suivant est attendu comme le messie. Cela signifie que l'on est tout aussi prêt à l'encenser qu'à le détruire... Alors qu'en est-il de ce Phantom Limb et des quatorze titres qui le décomposent ?
Soyons d'emblée rassurés, la formule trio sans bassiste est reconduite. Inutile de chercher des nappes de synthé, des cœurs féminins ou l'incursion d'instruments à vent, Pig Destroyer reste fidèle à son éthique Total Grind et ne joue pas la carte du compromis commercial pour cibler un plus large public. Néanmoins, le groupe ne se repose pas sur ses lauriers et ne joue pas non plus la facilité en nous proposant une copie conforme de son album précédent : Le Grind apocalyptique et destructeur de Terrifyer a muté, évolué vers un style plus contemporain, mais peut-être au détriment de l'originalité.
Déjà, le son a changé. Plus massif, plus compact, il se rapproche des productions Grind-Core ou Brutal-Death sur-gonflées actuelles et ne laisse que très peu de place aux jets incontrôlés d'hémoglobine dont le groupe était coutumier. Sur ce point Pig Destroyer se fond un peu trop dans la masse et le côté brut de décoffrage de Terrifyer a été délaissé au profit d'un mix soigné mais définitivement trop propret. Ceci serait la seule ombre au tableau, cet avis étant hautement subjectif et pas totalement honnête, étant moi-même friand des finitions léchées et du gros son épais. Il se trouve juste que tant de raffinement sied mal à Pig Destroyer, qui excelle dans l'exsanguination artisanale et ne se démarque pas assez dans le décervelage à la chaîne qui caractérise la scène extrême actuelle.
Musicalement parlant, si Pig Destroyer fissure toujours autant murs et fenêtres, il incorpore habilement de nouveaux éléments extérieurs au Grind, si bien que "Phantom Limb" se rapproche d'avantage d'un Brutal-Core sans concessions tel que peuvent le pratiquer Daughters, Nostromo ou encore Meshuggah. Ces influences sont particulièrement audibles dans le titre éponyme, construit sur une rythmique plus "power", saccadée comme un coït de lémuriens fanatiques et totalement inédite chez Pig Destroyer. Les plans de guitares de "Heathen Temple" sont un clin d'œil au bon vieux Heavy-Metal, avec ces mélodies limpides et déliées (comme sait si bien le faire Mastodon), cette trame mélodieuse (attention, ce n'est pas du Iron Maiden !) alternant avec des rythmes syncopés du meilleur effet. "Loathsome" rappelle un Today is the Day époque "In the Eyes of God" (voix trafiquées et même attirance pour le bruit) et le tempo moyen de l'album est revu à la baisse. Certes les blast beats sont toujours à la fête et le batteur (Brian Harvey) réalise une performance époustouflante, mais alors que les passages plus lourds n'étaient qu'épisodiques dans Terrifyier, ils forment l'ossature même de quelques titres de "Phantom Limb" : "Alexandria" en est un parfait exemple, de même que "Girl in the Slayer", sans doute le titre où l'influence de Meshuggah se fait la plus ressentir. D'ailleurs, en dépit des références données ici, Pig Destroyer n'a absolument pas perdu son identité pour devenir un clone des ténors du genre : La griffe du groupe est imprimée sur chaque note et leur style reste reconnaissable entre mille.
Comprenons-nous bien, Pig Destroyer n'a absolument pas tourné guimauve et ne s'engouffre pas avec opportunisme dans la brèche Stoner ou Math-Core tellement à la mode. Leur musique reste un concentré de haine brute et primaire, atomisant tout sur son passage et, la qualité sonore aidant, la bestialité des parties rapides a été démultipliée. A mon sens, seul un public averti pourra pleinement apprécier un tel album, alors que le néophyte risque la crise de tétanie ou la rupture d'anévrisme... Je sais de quoi je parle, ça m'est arrivé la première fois où j'ai écouté l'album Innerwar de Brighter Death Now et j'ai toujours les nerfs en pelote lorsque je repense à cette expérience.
En conclusion, si une phrase devait résumer ma pensée, je dirais : "Phantom Limb" ou comment trois barbares sans pitié ont fait, en quatorze assauts, du hachis de votre pauvre enveloppe corporelle... A se procurer d'urgence...
Parfait 17/20 | par Arno Vice |
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