Boredoms
Seadrum/House Of Sun |
Label :
Warner |
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Le virage psychédélique qu'a pris l'ancien groupe punk qu'était jusqu'alors Boredoms aurait pu en saouler plus d'un. Il est difficile pour certains de croire que jouer vingt minutes du sitar au lieu de gratouiller furieusement une guitare quelques secondes déplace le sujet des anus aux astres. "Quels astres ?" me diriez-vous monsieur le punk. "Quel rapport entre l'anal et le solaire ?". "Moi je crois que ce que je vois..." Voici la réaction en chaine de la critique faite au "New Age", considéré par de nombreux auditeurs comme une gangrène qui pollue la musique avec des sons sans queue et des croyances sans tête. Parfois même on soupçonnerait la présence de codes mystiques dans les paroles ou dans le packaging comme étant une couche de chantilly avenante faisant passer un gâteau sec pour de l'artillerie lourde. Le débat sur ce sujet d'équilibriste n'a pas de réponse absolue puisqu'à mon avis, rejeter catégoriquement le psychédélisme ramène à une autre forme d'absolu tout aussi extrême. En effet, le punk idolâtre les bas-fonds ("quand tu chies c'est que t'es en train de chier") tandis que le guru tend vers l'univers ("quand tu chies c'est que tu es en communion avec toi-même"). Mais tous deux le font avec les mêmes moyens, c'est-à-dire à gros renfort de symboles bien tapés. Le type avec ses badges anarchistes agrafés à même le corps, cirant ses rangers avec de la 8.6 pendant que Ketamine son toutou aboie après la canette est un symbole. De même le barbu à frange qui lève les paumes vers le ciel pour honorer son bol de décoction est un symbole (on est d'ailleurs obligé de nourrir ce dernier à la petite cuillère tout occupé qu'il est à soutenir la voûte céleste). Yamatsuka Eye quant à lui, que je dénommerai sans manque de respect un vrai trou du cul solaire, parvient à réunir les deux extrêmes sus-cités. Lorsqu'il détruit une salle de concert à l'aide d'un Bulldozer et qu'il manque de réduire en bouillie les spectateurs du fond, les énergies vont vers le bas ("no future, c'est à chier") comme vers le haut ("quelle transcendance je lève mes paumes"). Boredoms aujourd'hui fusionne ces deux symboles (punk et new age) qui étaient a priori en gue-guerre pour un bout de temps.
L'album nous propose deux plages sur lesquelles il est bon de surfer ou de bronzer, en rangers comme en sandales. Les chiens sont même autorisés.
"Allez viens Ketamine on va se baigner !"
"-Ouaf !"
"SeaDrum" est un morceau pour les chiens en manque de bain. Voilà le tableau. Tout commence par un chant de femme bluesy : Nina Simone le visage poudré fait du théâtre No en s'approchant comme un crabe du rivage. Rapidement des percussions tribales pénètrent le corpus en un vomi de flanger parfaitement dosé. Tambours, cymbales, charlestons, tout y est, et Eye leur a tous appliqué le titre à la lettre puisqu'ils ont été pour la majeure partie enregistrés sous l'eau. Le mixage triture la stéréo comme Hendrix en son temps, et c'est vite la tempête. Le rythme s'accélère et tout remonte à la surface dans un gros bouillon salé. Des arpèges chinois de pianos éclatent sur un rythme rock effréné de trois batteries punks galopantes. Les voilà parties. Et nous qui pataugions tranquillement sur le bord nous voici hissés sur la crête d'une vague gigantesque qui est partie pour nous faire parcourir l'océan à toute blinde. Nina Simone nous fait coucou et nous, sages que nous sommes sur notre tapis liquide, nous prions au lieu d'hurler, des ohms féminins nous empêchant de l'omettre. Pendant vingt minutes nos tympans seront baignés de remous, de courants, d'entrechoquements de vagues qui s'égrènent en embruns sur nos tronches, tandis que Yamastuka Eye, en maillot de bain, mixe les percussions comme des amas de bulles qu'ils peut dé-fragmenter ou épaissir à sa guise. Il contrôle la mer, la dessine avec ses boutons et autres réglages. Après ces vingt minutes à être ballottés en tout sens, nous sommes échoués sur la rive, abasourdis.
"- Kétamine ! Viens on va se sécher !"
"-Ouaf !".
De l'autre côté de l'océan on dore sec. "House of Sun" est une superposition hallucinante de tampuras dont les bourdons s'entrelacent et forment un flux nourri par des retours de grains sonores toujours plus riches. Des solos de guitares, de piano et de sitars modulent le rayonnement des gammes indiennes qui s'accumulent une à une sans jamais vouloir cesser leur échelonnement. Une belle image du rayonnement solaire qui ne s'épuise jamais et irradie pareil dans un combat tranquille d'énormes énergies. Les mélodies tournent autour d'une grande note qui correspond au noyau de l'astre dont toute l'énergie émane. Yamastuka Eye à ce moment retire son maillot de bain et entre de plein pied dans le chiffre 7. Mais c'est son problème car nous voici alors dans un drôle d'état. Hypnotisés que nous étions nous n'avons pas fait attention.
"- La vache Ketamine t'a chopé un putain de coup de soleil !"
"- Ouaf Ouaf"
Les personnes habituées à rester dans leur nid ombragé peuvent contracter des effets secondaires importants à l'écoute de ce disque. pour preuve, le guru à frange a les paumes gonflées comme des ballons tandis que la crête du punk n'est plus de ce monde. Ne parlons même pas de Ketamine qui se retrouve pelé et ressemble à un cochon de lait. Eye balançe un tube de crème solaire du haut de son chiffre et le punk et le guru s'enduisent et se font du bien. Ketamine, lui, aboie après Nina Simone qui rejoint la rive, trempée. Mais il ne faut pas lui en vouloir, ça n'est qu'un chien...
" - Ouaf !"
L'album nous propose deux plages sur lesquelles il est bon de surfer ou de bronzer, en rangers comme en sandales. Les chiens sont même autorisés.
"Allez viens Ketamine on va se baigner !"
"-Ouaf !"
"SeaDrum" est un morceau pour les chiens en manque de bain. Voilà le tableau. Tout commence par un chant de femme bluesy : Nina Simone le visage poudré fait du théâtre No en s'approchant comme un crabe du rivage. Rapidement des percussions tribales pénètrent le corpus en un vomi de flanger parfaitement dosé. Tambours, cymbales, charlestons, tout y est, et Eye leur a tous appliqué le titre à la lettre puisqu'ils ont été pour la majeure partie enregistrés sous l'eau. Le mixage triture la stéréo comme Hendrix en son temps, et c'est vite la tempête. Le rythme s'accélère et tout remonte à la surface dans un gros bouillon salé. Des arpèges chinois de pianos éclatent sur un rythme rock effréné de trois batteries punks galopantes. Les voilà parties. Et nous qui pataugions tranquillement sur le bord nous voici hissés sur la crête d'une vague gigantesque qui est partie pour nous faire parcourir l'océan à toute blinde. Nina Simone nous fait coucou et nous, sages que nous sommes sur notre tapis liquide, nous prions au lieu d'hurler, des ohms féminins nous empêchant de l'omettre. Pendant vingt minutes nos tympans seront baignés de remous, de courants, d'entrechoquements de vagues qui s'égrènent en embruns sur nos tronches, tandis que Yamastuka Eye, en maillot de bain, mixe les percussions comme des amas de bulles qu'ils peut dé-fragmenter ou épaissir à sa guise. Il contrôle la mer, la dessine avec ses boutons et autres réglages. Après ces vingt minutes à être ballottés en tout sens, nous sommes échoués sur la rive, abasourdis.
"- Kétamine ! Viens on va se sécher !"
"-Ouaf !".
De l'autre côté de l'océan on dore sec. "House of Sun" est une superposition hallucinante de tampuras dont les bourdons s'entrelacent et forment un flux nourri par des retours de grains sonores toujours plus riches. Des solos de guitares, de piano et de sitars modulent le rayonnement des gammes indiennes qui s'accumulent une à une sans jamais vouloir cesser leur échelonnement. Une belle image du rayonnement solaire qui ne s'épuise jamais et irradie pareil dans un combat tranquille d'énormes énergies. Les mélodies tournent autour d'une grande note qui correspond au noyau de l'astre dont toute l'énergie émane. Yamastuka Eye à ce moment retire son maillot de bain et entre de plein pied dans le chiffre 7. Mais c'est son problème car nous voici alors dans un drôle d'état. Hypnotisés que nous étions nous n'avons pas fait attention.
"- La vache Ketamine t'a chopé un putain de coup de soleil !"
"- Ouaf Ouaf"
Les personnes habituées à rester dans leur nid ombragé peuvent contracter des effets secondaires importants à l'écoute de ce disque. pour preuve, le guru à frange a les paumes gonflées comme des ballons tandis que la crête du punk n'est plus de ce monde. Ne parlons même pas de Ketamine qui se retrouve pelé et ressemble à un cochon de lait. Eye balançe un tube de crème solaire du haut de son chiffre et le punk et le guru s'enduisent et se font du bien. Ketamine, lui, aboie après Nina Simone qui rejoint la rive, trempée. Mais il ne faut pas lui en vouloir, ça n'est qu'un chien...
" - Ouaf !"
Excellent ! 18/20 | par Toitouvrant |
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