Judge Bone

Big Bear's Gate

Big Bear's Gate

 Label :     Bone Voyage 
 Sortie :    mercredi 23 avril 2008 
 Format :  Album / CD   

Les oreilles des anglo-saxons sont impénétrables. Comme en témoignent les carrières de Piaf ou Aznavour, pour ne prendre que les exemples les plus bateaux, lorsqu'un artiste veut ne serait-ce que se faire entendre, il faut qu'il se mette à l'angliche. C'est comme ça pis c'est tout... Et tout à l'image d'un film étranger se faisant "remaker" (le terme lui-même est anglais...), Tuomari Nurmio se métamorphose en Judge Bone pour arriver sur la scène américaine en 2008 comme un débutant, alors qu'il a déjà bien trente ans de blues finlandais dans les pattes.
Du coup le vieux charognard à bien vécu, et Big Bear's Gate c'est directos pour les grands, ça rigole pas. C'est pas du temps-mort à la Mike Nichols genre La Cage Aux Folles avec Robin Williams, non c'est de la viande rouge avec sauce barbeuc' qui écorche bien nos petites bouilles d'enfants de choeur. Même les non-asthmatiques risquent de crachoter fort tant la poussière épaisse émanant de l'objet est suffocante. La crasse est partout, ça sent la terre battue et la bave de chien. Car le Juge sait où il va : une voix brûlée par l'eau de feu et le calumet, une guitare cigar-box déglinguée et un câble branché droit dans le talon de la santiag histoire de bien nous marquer le temps au fer rouge dans les tympans... Les bluesmen de chez bluesland vous le diront tous, ne le répéteront jamais assez : la six-cordes, ça s'apprend avec le pied...
Aucun titre ne ressort particulièrement de l'album ; pas de tube à transcender les foules ou de nouveau classique à cajoler tout près de Mississippi John Hurt ou Leadbelly (trop moderne, trop imprégné de rock). Parfois même, ça sent le renfermé... C'est qu'ici on se cache d'un gigantesque soleil aride dans une cave sur-humide : quoi qu'il arrive pas de confort. Bien fait ! On soupçonne qu'il en ait fait exprès, ils n'avaient qu'à s'intéresser à lui plus tôt nos spécialiste outre-atlantique ! Ici, le Judge à la gratte et son Doc aux baguettes nous prouvent - comme c'est souvent le cas chez nos amis du nord - qu'on peut creuser et atteindre les racines bien profond, à n'importe quel endroit du globe, pour s'en faire tout un menu de blues-rock bien lourd. En un mot, pas du Clapton featuring Babyface. Et à entendre la rugosité de ce vieux serpent, il y a bien longtemps que le blues ils s'en font des ragoûts bien corsés ces deux-là. Nous, rien que le parfum qui s'élève de la marmite nous pique les yeux. C'est qu'eux seraient bien du style à confondre le collyre avec du tabasco sans s'en rendre compte. Probable qu'ils n'en pleureraient que de rire...

Judge ne donne pas la leçon, il l'applique.


Très bon   16/20
par X_YoB


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