Merz
Loveheart |
Label :
Grönland |
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En 2006, on était nombreux à croire que Merz s'était évanoui dans la nature. Ce songwriter excentrique et nomade aurait pû repartir à l'autre bout de la terre, se convertir au bouddhisme ou entamer des études d'ethnologie qu'on n'en aurait rien su... Jusqu'à ce que subitement, notre drôle d'oiseau ne réapparaisse avec ce Loveheart sous le bras. Non, je n'ai pas disparu, nous affirme t-il dans un sourire. Je vivais toujours pour et à travers la musique, j'en ai d'ailleurs fait entre autres avec mes amis d'I Am Kloot...
Mais n'allons pas pour autant affirmer que Conrad est resté serein pendant tout ce temps. Car Loveheart est l'album de quelqu'un qui doute, quelqu'un de plus très assuré. Sur cet album, il n'y aura pas de "Lovely Daughter" bis, pas d'hymne electro-pop à se mettre sous la dent. L'artiste à mûri et nous offre ici une collection de chansons douces terriblement sensuelles et tristes, souvent evanescentes telle "Verily" qui souffle comme le vent du désert en pleine nuit, sublimée par un superbe motif de kora.
Ce qui me frappe dans ce disque, c'est l'infinie variété des sonorités utilisées. La guitare acoustique est souvent mise en premier plan, mais laisse aussi la place au piano, clavecin, melodica, harmonica, violoncelle, ou a des programmations électroniques discrètes qui ne sont là que pour ajouter une touche de magie à l'ensemble, en se fondant dans le reste. Ce qui change aussi, c'est la voix, ici moins démonstrative, plus intérieure et tourmentée. C'est cette fois bel et bien celle d'un adulte esthète et mélancolique, attiré par une forme de beau qui emprunterait autant aux civilisations primitives qu'aux meilleurs folk-singers. Impossible d'ailleurs de ne pas penser à Joseph Arthur, notamment en écoutant les choeurs diaphanes de "Warm Cigarette Room".
Et que dire de "Butterfly"? Folk song venant s'imiscer délicatement dans notre Eden caché. Moment de simplicité, de naïveté déchirante.
"My Name Is Sad And At Sea" est un des nombreux moments de grâce de cette oeuvre. Son titre résume tout à fait la solitude qui en émane.
Conrad Lambert, c'est d'abord un nom étrange qu'on croirait emprunté à un vieux marin disparu en mer. C'est aussi une drôle de gueule coupée au couteau, un long bec de rapace et de grands yeux, bleus et doux.
C'est aussi une voix reconnaissable entre mille.
Nous sommes en présence de l'un des songwriters les plus doués et originaux de sa génération. L'artiste aurait pu piocher dans les différents styles musicaux rencontrés au cours de ses nombreux voyages. En réalité, plutôt que d'accumuler les infuences, il les utilise par petites touches de couleurs, tel un peintre. L'ensemble, surprenant d'homogénéité, donne tour à tour l'impression d'être confiné dans une sordide chambre d'hôtel ou marchant au milieu de grands espaces grouillants de vie. Et, nous, perdus dans notre contemplation, on ne peut que se sentir momentanément déracinés, léger mal du pays passager, pour se rendre compte finalement que rare sont les songwriters qui nous font autant voyager, rien que par la suggestion.
Mais n'allons pas pour autant affirmer que Conrad est resté serein pendant tout ce temps. Car Loveheart est l'album de quelqu'un qui doute, quelqu'un de plus très assuré. Sur cet album, il n'y aura pas de "Lovely Daughter" bis, pas d'hymne electro-pop à se mettre sous la dent. L'artiste à mûri et nous offre ici une collection de chansons douces terriblement sensuelles et tristes, souvent evanescentes telle "Verily" qui souffle comme le vent du désert en pleine nuit, sublimée par un superbe motif de kora.
Ce qui me frappe dans ce disque, c'est l'infinie variété des sonorités utilisées. La guitare acoustique est souvent mise en premier plan, mais laisse aussi la place au piano, clavecin, melodica, harmonica, violoncelle, ou a des programmations électroniques discrètes qui ne sont là que pour ajouter une touche de magie à l'ensemble, en se fondant dans le reste. Ce qui change aussi, c'est la voix, ici moins démonstrative, plus intérieure et tourmentée. C'est cette fois bel et bien celle d'un adulte esthète et mélancolique, attiré par une forme de beau qui emprunterait autant aux civilisations primitives qu'aux meilleurs folk-singers. Impossible d'ailleurs de ne pas penser à Joseph Arthur, notamment en écoutant les choeurs diaphanes de "Warm Cigarette Room".
Et que dire de "Butterfly"? Folk song venant s'imiscer délicatement dans notre Eden caché. Moment de simplicité, de naïveté déchirante.
"My Name Is Sad And At Sea" est un des nombreux moments de grâce de cette oeuvre. Son titre résume tout à fait la solitude qui en émane.
Conrad Lambert, c'est d'abord un nom étrange qu'on croirait emprunté à un vieux marin disparu en mer. C'est aussi une drôle de gueule coupée au couteau, un long bec de rapace et de grands yeux, bleus et doux.
C'est aussi une voix reconnaissable entre mille.
Nous sommes en présence de l'un des songwriters les plus doués et originaux de sa génération. L'artiste aurait pu piocher dans les différents styles musicaux rencontrés au cours de ses nombreux voyages. En réalité, plutôt que d'accumuler les infuences, il les utilise par petites touches de couleurs, tel un peintre. L'ensemble, surprenant d'homogénéité, donne tour à tour l'impression d'être confiné dans une sordide chambre d'hôtel ou marchant au milieu de grands espaces grouillants de vie. Et, nous, perdus dans notre contemplation, on ne peut que se sentir momentanément déracinés, léger mal du pays passager, pour se rendre compte finalement que rare sont les songwriters qui nous font autant voyager, rien que par la suggestion.
Parfait 17/20 | par Sam lowry |
Posté le 13 juillet 2009 à 00 h 07 |
Changement d'atmosphère, changement de latitude. Après presque sept ans et peut-être sept mers, lassé des probables sirènes a-t-on dit d'un bon succès de son premier album electro et très exotique, le globe-trotter Merz réapparaît sur un port septentrional. Le virevoltant papillon orange est désormais lointain, et à moins qu'il s'agisse d'une métaphore, Conrad Lambert lui rend peut-être hommage depuis ce qui semble être une réminicence avec "Butterfly", l'un des morceaux les plus sereins de Loveheart. Mais autour ne subsiste plus qu'une mélancolie humide, froide, avec un ciel nocturne où quelques étoiles tout aussi lointaines scintillent au travers d'une brêche nuageuse mais restent muettes. Ici, notre solitaire laisse aller voguer ses complaintes, voiles repliées, sur des flots au milieu des brumes, par des notes humides d'un piano sur "Postcard From A Dark Star", la féerie "Verily" ou bien sur "The Leaving Song" chaloupé avec douceur. Et on ne s'éloigne jamais du climat marin comme on l'entend sur la belle ballade folk "My Name Is Sad And At Sea" ou même l'ondoyant parmis d'autres, "Loveheart". Une mer calme, une brume diurne et un ciel aux étoiles d'une brillance glaciale sont les écrins des songes sentimentaux que Merz partage avec l'auditeur dans d'intimes perles noires folk, poétiques et musicalement venues comme d'une autre époque, loin des beats et des samples qui finissent par être suffocants.
Excellent ! 18/20
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