Trembling Blue Stars
Her Handwriting |
Label :
Shinkansen |
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On ne peut s'empêcher lorsqu'on écoute cet album subtil et délicat, de penser au contexte auquel il est rattaché. C'est une histoire qui raconte la lutte perpétuelle que l'on doit mener contre la nostalgie qui pourrait nous barrer la route dans notre progression au sein de ce monde qu'on juge trop brutal pour nous autres, cœurs en peine douillets. Trembling Blue Stars raconte tout ça. Et c'est un choc esthétique. Car elle conjugue à la fois envie de renouveau et pensées dédicacées à des êtres, des gens, un état d'esprit qui n'existe plus.
A tous les niveaux, Her Handwriting, sorti en 96, marque la fin d'une époque. Et les fins d'époque, même si on a beau s'armer du courage le plus solide, restent tristes.
Juste avant l'écriture de cet album, Robert Wratten mettait fin à sa relation avec Annemari Davies, sa copine d'alors, muse des Field Mice sur la fin. Sa relation s'effilochait jusqu'à être proche de l'extinction. Délaissé et seul pour compte, il décida alors de composer un album sous le nom de Trembling Blue Stars. Et il fait de ce recueil de douces chansons chaleureuses, un compte-rendu de l'évolution de son histoire amoureuse, des débuts enivrés jusqu'à la déliquescence. Un véritable crève-cœur. Des guitares sèches aussi légères qu'une plume, de même pour la voix qui ne hausse jamais le ton, mais se contente de souffler doucement quelques plaintes divinement pop, tissant des mélodies simples, discrètes mais délectables. A d'autres moments, Robert Wratten se risque à ouvrir sa musique, avec du piano, quelques touches electro, mais on ne dépasse jamais, au grand jamais, l'équivalence d'un demi-décibel de bruit : c'est de manière feutrée que Robert Wratten dévoile ses émotions. Et cette pudeur est touchante.
Il indique le prix à payer pour rebondir et faire table rase du passé, faire le deuil en quelque sorte : souffrir de nostalgie. Le passé à ceci de fâcheux, qu'à la différence de l'avenir, il demeure inchangé. Et pire, les souvenirs ont une incidence indélébile sur le présent, effet que ne possèdent pas les prévisions et les rêves. C'est dans cette configuration là, lié à des choses qui nous dépassent, l'Univers, les lois d'entropie, bref, des principes compliquées, réels mais qui paraissent fumeux, que le sentiment de mélancolie prend racine. Enivré d'espoirs mais déçu tout le temps, on n'a plus qu'à essayer de faire le point sur les événements, sécher ses larmes et repartir de l'avant. C'est ce qu'à essayé de faire Robert Wrattent au sujet de son histoire d'amour et le résultat est imprimé sur le CD de Her Handwriting.
Quant à nous, on ne peut s'empêcher de penser que cet album marque bien la fin d'une époque bénite, qu'on ne retrouvera jamais plus. Car, et l'aveu est terrible en soi, Trembling Blue Stars n'est pas The Field Mice, et Shinkansen n'est pas non plus Sarah Records. On crève d'une douce douleur lorsqu'on se remémore alors le style de cette maison de disque qu'on chérit tant.
Il faut le savoir, le monde entier devrait le savoir, on aimerait le crier sur tous les toits, si aimer les groupes du label ne faisait pas tâche pour des amateurs de rock sensé vénérer Fugazi ou Shellac, mais en 1995, une femme est morte.
Eteinte dans l'indifférence générale alors qu'elle était toujours aussi belle, aussi délicate et aussi évanescente qu'une muse mutine, mystérieuse et maternelle. Elle s'appelait Sarah. Elle aimait la poésie, les garçons un peu timides et les belles mélodies intimistes et sucrées.
Le 28 août, à Bristol, c'est un concert exceptionnel qui mit un terme à l'existence éphémère de Sarah. Faute de moyens, ridiculisé par les autres, le label du mettre la clé sous la porte, et Sarah s'en alla sans dire un bruit, comme à son habitude, elle qui ne voulait jamais faire de chichi, préférant dorloter ses enfants chéris, trop chétifs pour sortir de ses jupons. Elle qui s'est contenté de laisser un flyer attendrissant derrière elle (sur le NME), expliquant que "Pour des raisons de pureté, de panache et de pop-music, Sarah Records a décidé d'arrêter.".
Alors ses enfants, rendant hommage à leur douce mère, se succédèrent sur scène : Brighter, Secret Shine, Blueboy, Boyracer, The Orchids et Heavenly et tant d'autres. Tous des groupes cultes, des groupes qui ont su adorer la pop comme jamais on ne l'avait fait, et comme jamais plus on ne le refera, lui donnant ses lettres de noblesse et n'hésitant pas à se faire mièvre et attendrissant pour laisser éclore leur mélodie. Pendant toute une journée à Bristol, au sein d'une péniche, le Thelka, des milliers de fans pleurèrent la fermeture de leur label, comme s'il perdait un être cher, et c'était le cas, cramponnant chèrement leur pochette de vinyles aux couleurs bi-chromatiques et représentant des jardins ou des monuments de Bristol. Puis après, plus rien, plus de nouvelles, que des souvenirs. Et l'on repense à ces mots, si vrais, si sincères, mais si durs à avaler : "le premier acte de révolution c'est la destruction et qu'il faut commencer par le passé.". C'est triste, mais plein de bon sens, le label n'oubliait pas de rajouter : "c'est comme lorsqu'on tombe amoureux, ça nous rappelle qu'on est en vie". Et on se dit, avec un pincement au cœur, qu'une telle musique, si douce, si inoffensive, ne pourra plus jamais exister.
C'est à ça qu'on pense lorsqu'on écoute le premier album de Trembling Blue Stars. A des souvenirs enjoués, une certaine pureté éteinte, une appréhension de l'avenir et l'impression de n'être plus aussi protégé qu'avant. Mais heureusement, Her Handwriting n'est pas qu'une histoire triste.
Par la suite, après cet album exceptionnel, Robert Wratten ira le défendre sur scène en faisant appel à ses amis de Field Mice, Harvey Williams, de Brighter, Keris Howard ou de Blueboy, Gemma Thownley, transformant ce qui devait être à la base un projet solo, en vraie formation. Chacun de ses orphelins de Sarah Records perdurant ainsi la magie du label. Mais la valeur de cet album s'explique aussi par la capacité de Trembling Blue Stars à ne pas se perdre dans un passéisme improductif mais bien à proposer de nouvelles pistes. Celles-ci seront suivies par beaucoup, délaissés par la fermeture de Sarah Records, et depuis le groupe poursuit sa carrière à défendre la cause d'une pop tendre et racée. Avec cet album, Robert Wratten achève ses ressentiments et fait le deuil. Et nous avec, du coup.
Mais bon sang, Sarah, on t'aimait tant !
A tous les niveaux, Her Handwriting, sorti en 96, marque la fin d'une époque. Et les fins d'époque, même si on a beau s'armer du courage le plus solide, restent tristes.
Juste avant l'écriture de cet album, Robert Wratten mettait fin à sa relation avec Annemari Davies, sa copine d'alors, muse des Field Mice sur la fin. Sa relation s'effilochait jusqu'à être proche de l'extinction. Délaissé et seul pour compte, il décida alors de composer un album sous le nom de Trembling Blue Stars. Et il fait de ce recueil de douces chansons chaleureuses, un compte-rendu de l'évolution de son histoire amoureuse, des débuts enivrés jusqu'à la déliquescence. Un véritable crève-cœur. Des guitares sèches aussi légères qu'une plume, de même pour la voix qui ne hausse jamais le ton, mais se contente de souffler doucement quelques plaintes divinement pop, tissant des mélodies simples, discrètes mais délectables. A d'autres moments, Robert Wratten se risque à ouvrir sa musique, avec du piano, quelques touches electro, mais on ne dépasse jamais, au grand jamais, l'équivalence d'un demi-décibel de bruit : c'est de manière feutrée que Robert Wratten dévoile ses émotions. Et cette pudeur est touchante.
Il indique le prix à payer pour rebondir et faire table rase du passé, faire le deuil en quelque sorte : souffrir de nostalgie. Le passé à ceci de fâcheux, qu'à la différence de l'avenir, il demeure inchangé. Et pire, les souvenirs ont une incidence indélébile sur le présent, effet que ne possèdent pas les prévisions et les rêves. C'est dans cette configuration là, lié à des choses qui nous dépassent, l'Univers, les lois d'entropie, bref, des principes compliquées, réels mais qui paraissent fumeux, que le sentiment de mélancolie prend racine. Enivré d'espoirs mais déçu tout le temps, on n'a plus qu'à essayer de faire le point sur les événements, sécher ses larmes et repartir de l'avant. C'est ce qu'à essayé de faire Robert Wrattent au sujet de son histoire d'amour et le résultat est imprimé sur le CD de Her Handwriting.
Quant à nous, on ne peut s'empêcher de penser que cet album marque bien la fin d'une époque bénite, qu'on ne retrouvera jamais plus. Car, et l'aveu est terrible en soi, Trembling Blue Stars n'est pas The Field Mice, et Shinkansen n'est pas non plus Sarah Records. On crève d'une douce douleur lorsqu'on se remémore alors le style de cette maison de disque qu'on chérit tant.
Il faut le savoir, le monde entier devrait le savoir, on aimerait le crier sur tous les toits, si aimer les groupes du label ne faisait pas tâche pour des amateurs de rock sensé vénérer Fugazi ou Shellac, mais en 1995, une femme est morte.
Eteinte dans l'indifférence générale alors qu'elle était toujours aussi belle, aussi délicate et aussi évanescente qu'une muse mutine, mystérieuse et maternelle. Elle s'appelait Sarah. Elle aimait la poésie, les garçons un peu timides et les belles mélodies intimistes et sucrées.
Le 28 août, à Bristol, c'est un concert exceptionnel qui mit un terme à l'existence éphémère de Sarah. Faute de moyens, ridiculisé par les autres, le label du mettre la clé sous la porte, et Sarah s'en alla sans dire un bruit, comme à son habitude, elle qui ne voulait jamais faire de chichi, préférant dorloter ses enfants chéris, trop chétifs pour sortir de ses jupons. Elle qui s'est contenté de laisser un flyer attendrissant derrière elle (sur le NME), expliquant que "Pour des raisons de pureté, de panache et de pop-music, Sarah Records a décidé d'arrêter.".
Alors ses enfants, rendant hommage à leur douce mère, se succédèrent sur scène : Brighter, Secret Shine, Blueboy, Boyracer, The Orchids et Heavenly et tant d'autres. Tous des groupes cultes, des groupes qui ont su adorer la pop comme jamais on ne l'avait fait, et comme jamais plus on ne le refera, lui donnant ses lettres de noblesse et n'hésitant pas à se faire mièvre et attendrissant pour laisser éclore leur mélodie. Pendant toute une journée à Bristol, au sein d'une péniche, le Thelka, des milliers de fans pleurèrent la fermeture de leur label, comme s'il perdait un être cher, et c'était le cas, cramponnant chèrement leur pochette de vinyles aux couleurs bi-chromatiques et représentant des jardins ou des monuments de Bristol. Puis après, plus rien, plus de nouvelles, que des souvenirs. Et l'on repense à ces mots, si vrais, si sincères, mais si durs à avaler : "le premier acte de révolution c'est la destruction et qu'il faut commencer par le passé.". C'est triste, mais plein de bon sens, le label n'oubliait pas de rajouter : "c'est comme lorsqu'on tombe amoureux, ça nous rappelle qu'on est en vie". Et on se dit, avec un pincement au cœur, qu'une telle musique, si douce, si inoffensive, ne pourra plus jamais exister.
C'est à ça qu'on pense lorsqu'on écoute le premier album de Trembling Blue Stars. A des souvenirs enjoués, une certaine pureté éteinte, une appréhension de l'avenir et l'impression de n'être plus aussi protégé qu'avant. Mais heureusement, Her Handwriting n'est pas qu'une histoire triste.
Par la suite, après cet album exceptionnel, Robert Wratten ira le défendre sur scène en faisant appel à ses amis de Field Mice, Harvey Williams, de Brighter, Keris Howard ou de Blueboy, Gemma Thownley, transformant ce qui devait être à la base un projet solo, en vraie formation. Chacun de ses orphelins de Sarah Records perdurant ainsi la magie du label. Mais la valeur de cet album s'explique aussi par la capacité de Trembling Blue Stars à ne pas se perdre dans un passéisme improductif mais bien à proposer de nouvelles pistes. Celles-ci seront suivies par beaucoup, délaissés par la fermeture de Sarah Records, et depuis le groupe poursuit sa carrière à défendre la cause d'une pop tendre et racée. Avec cet album, Robert Wratten achève ses ressentiments et fait le deuil. Et nous avec, du coup.
Mais bon sang, Sarah, on t'aimait tant !
Très bon 16/20 | par Vic |
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