The Auteurs
After Murder Park |
Label :
Hut |
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La pochette en carton jauni s'est un peu déchirée. Elle a vieilli plus vite que les chansons (1995). J'écoute le disque des Auteurs. J'écoute Luke Haines et sa voix semble sortir de l'hiver – la voix blanche du dégel.
Steve Albini a produit le disque, dans un studio fameux d'Abbey Road. La batterie est lente mais très présente, le reste tangue : After Murder Park est comme une histoire de marins ravagés. Une fois revenus à la terre ferme, ils ne savent plus marcher. Luke Haines tangue salement. Il se laisse emporter par sa propre musique, amoureusement. Il y a toujours un peu de vent dans sa voix. Il y a toujours un peu d'écho. Une plainte saccadée. Un étranglement. Quand le rythme s'accélère, la voix devient agressive, presque désagréable, complaintes syncopées, directives - soulignées par l'orgue Hammond du bonhomme. Néanmoins, c'est dans la lenteur, la douceur vénéneuse qu'il chante le mieux. 'Unsolved Child Murder' sonne comme une popsong primesautière, ou presque, et se lit comme une horrible page de Détective. 'Married To A Lazy Lover' est indépassable et, désolée, allez écouter par vous-mêmes, cela ne s'explique pas. Il y aussi la fausse légèreté de 'Buddha', traversé de violoncelles triturés. Il y a le calme plat et puis les étincelles, coups de théâtre et coups de sang. Mots durs du malaise. Ces chansons, Luke Haines les a écrites dans un fauteuil roulant, les deux chevilles brisées - il s'était balancé du haut d'un mur lors de la tournée espagnole de 1994 - et le cœur éclaté.
C'est aussi malsain qu'une virée dans la voiture des Smiths. Mais je me fous bien de mourir le corps coincé sous un 10 tonnes. Du moment que nous restons ensemble. Ce disque des Auteurs a des airs de mystère, mais un mystère abandonné, déserté. Personne ne cherche à le percer. Personne n'est intéressé. A l'époque, il est cependant monté à la place 53 des charts anglais, encore hantés par ''What's the story (morning glory)?'' des frères Gallagher et bientôt rattrapés par ''In it for the money'' de Supergrass, disques britpop loin très loin des Auteurs déphasés.
Pour se faire une idée, on pourrait relever les premiers mots du disque : When you cut your lover's slack / you get a fucking monster back et les tout derniers : I'll love you until the end.
On comprendrait pas mal de choses. Notamment que ça pouvait pas tourner bien rond.
Steve Albini a produit le disque, dans un studio fameux d'Abbey Road. La batterie est lente mais très présente, le reste tangue : After Murder Park est comme une histoire de marins ravagés. Une fois revenus à la terre ferme, ils ne savent plus marcher. Luke Haines tangue salement. Il se laisse emporter par sa propre musique, amoureusement. Il y a toujours un peu de vent dans sa voix. Il y a toujours un peu d'écho. Une plainte saccadée. Un étranglement. Quand le rythme s'accélère, la voix devient agressive, presque désagréable, complaintes syncopées, directives - soulignées par l'orgue Hammond du bonhomme. Néanmoins, c'est dans la lenteur, la douceur vénéneuse qu'il chante le mieux. 'Unsolved Child Murder' sonne comme une popsong primesautière, ou presque, et se lit comme une horrible page de Détective. 'Married To A Lazy Lover' est indépassable et, désolée, allez écouter par vous-mêmes, cela ne s'explique pas. Il y aussi la fausse légèreté de 'Buddha', traversé de violoncelles triturés. Il y a le calme plat et puis les étincelles, coups de théâtre et coups de sang. Mots durs du malaise. Ces chansons, Luke Haines les a écrites dans un fauteuil roulant, les deux chevilles brisées - il s'était balancé du haut d'un mur lors de la tournée espagnole de 1994 - et le cœur éclaté.
C'est aussi malsain qu'une virée dans la voiture des Smiths. Mais je me fous bien de mourir le corps coincé sous un 10 tonnes. Du moment que nous restons ensemble. Ce disque des Auteurs a des airs de mystère, mais un mystère abandonné, déserté. Personne ne cherche à le percer. Personne n'est intéressé. A l'époque, il est cependant monté à la place 53 des charts anglais, encore hantés par ''What's the story (morning glory)?'' des frères Gallagher et bientôt rattrapés par ''In it for the money'' de Supergrass, disques britpop loin très loin des Auteurs déphasés.
Pour se faire une idée, on pourrait relever les premiers mots du disque : When you cut your lover's slack / you get a fucking monster back et les tout derniers : I'll love you until the end.
On comprendrait pas mal de choses. Notamment que ça pouvait pas tourner bien rond.
Très bon 16/20 | par Pixy |
Posté le 25 août 2008 à 08 h 29 |
Après un Now I'm A Cowboy quelque peu décevant par rapport au premier album, le chef-d'oeuvre New Wave, The Auteurs récidivent avec After Murder Park, parfois considéré comme leur meilleur album. Le violoncelliste James Banbury, qui joue ausi de l'orgue Hammond, est devenu un membre permanent, mais le leader reste bien entendu Luke Haynes, chanteur, guitariste (il joue aussi de l'harmonium), parolier et compositeur. Ils sont épaulés par une section rythmique toujours aussi efficace.
L'album fonctionne mieux que son prédécesseur. Les compostions sont déconcertantes de simplicité mais aussi de beauté. L'univers du dandy intellectuel et érudit Luke Haynes est toujours aussi raffiné, et empreint d'une douce mélancolie, mais sans fioritures. L'album est marqué par un son incendiaire, plus brut. La production de Steve Albini, concise, acérée et incisive, n'y est sans doute pas étrangère, elle met parfaitement en valeur les morceaux, mieux que dans le précédent album.
Le ton est donné dès le premier morceau, "Light Aircraft On Fire", rentre-dedans, très speed, toutes guitares dehors. L'album alterne ensuite, comme à l'accoutumée, entre ballades délicates ou fièvreuses ("Child Bride" qui fait écho au "Daughter Of A Child" de Now I'm A Cowboy, "Unsolved Child Murder", "Married To A Lazy Lover", pendant de "Showgirl", "Dead Sea Navigators",...), morceaux du même style que le premier, avec accélérations et décélérations ("Land Lovers") et titres mid-tempo qui parfois commencent calmement et se gonflent pour exploser ("Everything You Say Will Destroy", "Buddha", où Luke Haynes souhaite un bon anniversaire à l'Illuminé de manière à la fois exaltée et rageuse,...). La diversité n'enlève rien à la grande unité de cet album, marque des grands. Les mélodies ne sont ni faciles ni prévisibles, les changements de rythmes nombreux, c'est pourquoi on ne se lasse pas de After Murder Park.
Les titres et les paroles sont toujours aussi mystérieux et légèrement sombres ("Everything You Say Will Destroy You", "Unsolved Child Murder", "Married To A Lazy Lover", "Buddah", ...).
Au final, un grand album très rock, mais d'un genre particulier, indéfinissable et unique. Meilleur que Now I'm A Cowboy mais moins bon que New Wave. After Murder Park est en tous cas sans conteste l'un des plus grands albums de 1996, sinon le plus grand.
L'album fonctionne mieux que son prédécesseur. Les compostions sont déconcertantes de simplicité mais aussi de beauté. L'univers du dandy intellectuel et érudit Luke Haynes est toujours aussi raffiné, et empreint d'une douce mélancolie, mais sans fioritures. L'album est marqué par un son incendiaire, plus brut. La production de Steve Albini, concise, acérée et incisive, n'y est sans doute pas étrangère, elle met parfaitement en valeur les morceaux, mieux que dans le précédent album.
Le ton est donné dès le premier morceau, "Light Aircraft On Fire", rentre-dedans, très speed, toutes guitares dehors. L'album alterne ensuite, comme à l'accoutumée, entre ballades délicates ou fièvreuses ("Child Bride" qui fait écho au "Daughter Of A Child" de Now I'm A Cowboy, "Unsolved Child Murder", "Married To A Lazy Lover", pendant de "Showgirl", "Dead Sea Navigators",...), morceaux du même style que le premier, avec accélérations et décélérations ("Land Lovers") et titres mid-tempo qui parfois commencent calmement et se gonflent pour exploser ("Everything You Say Will Destroy", "Buddha", où Luke Haynes souhaite un bon anniversaire à l'Illuminé de manière à la fois exaltée et rageuse,...). La diversité n'enlève rien à la grande unité de cet album, marque des grands. Les mélodies ne sont ni faciles ni prévisibles, les changements de rythmes nombreux, c'est pourquoi on ne se lasse pas de After Murder Park.
Les titres et les paroles sont toujours aussi mystérieux et légèrement sombres ("Everything You Say Will Destroy You", "Unsolved Child Murder", "Married To A Lazy Lover", "Buddah", ...).
Au final, un grand album très rock, mais d'un genre particulier, indéfinissable et unique. Meilleur que Now I'm A Cowboy mais moins bon que New Wave. After Murder Park est en tous cas sans conteste l'un des plus grands albums de 1996, sinon le plus grand.
Excellent ! 18/20
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