Welcome To Julian
Welcome To Julian |
Label :
Rosebud |
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A l'époque des débuts, le groupe n'a d'yeux que pour les shoegazers et cela s'en ressent. Au point qu'on reprocha au groupe de trop vouloir ressembler à ses modèles.
Quand bien même il ne s'agirait que de copier des codes usités, Welcome to Julian prend une coudée d'avance sur ses contemporains. Car il faut admettre la qualité de ces compositions, à l'image du brûlant "Higher". En cherchant à se rendre accessible et à être direct, Welcome to Julian n'a rien à envier à ses références (Ride, Revolver surtout). Malgré un son rudimentaire et une voix pas encore tout à fait assumée, quoique légère, le groupe fait preuve d'un talent extraordinaire pour soigner de petites merveilles pop. Et il n'y a rien à jeter sur ce maxi, le premier sur Rosebud (le fameux label rennais qui devint tristement célèbre pour avoir été repris par Barclay), qui se révèlera trop court.
Les parties de guitares sont excellemment bien exécutées, à la fois suaves mais glissant aussi dans la saturation, assumant parfaitement leur rôle d'accélérateur vertigineux. Lorsqu'elles s'apaisent, ce n'est que pour mieux repartir et provoquer un véritable maelström ("Heavy World") ou pour appuyer une montée en puissance qui laissera éclater une complainte déchirante (le magnifique "Kiss Me").
Oublié aujourd'hui, Welcome to Julian a pourtant fait parti de cette scène qui dans le courant des années 90 a proposé une alternative au rock. Les deux albums, chacun dans leur style, sont des joyaux oubliés de la vague indie pop française : c'est le cas surtout du premier album, un des meilleurs du mouvement shoegaze en France.
Le groupe est également d'une importance fondamentale du fait de son statut de pionnier. Sans le savoir, Welcome to Julian a ainsi participé à la toute première diffusion des Black Sessions, l'émission de Bernard Lenoir, le 23 février 1992. Présentant quelques versions de ses premières compositions, présentes ici, c'est surtout l'étonnante reprise du "In Between Days" des Cure qui retint l'intention. L'édition du Printemps de Bourges de 1990 sera une des toutes premières occasions de voir Welcome To Julian monter sur scène. Le groupe a également été à l'affiche de la deuxième édition de la Route du Rock, le festival de St Malo, qui à l'époque se jouait l'hiver, dans des bars et devant 2000 personnes seulement.
Le groupe faisait donc office de défricheur. Chantant en anglais, clairement inspiré des groupes shoegaze, allant même jusqu'à enregistrer ses chansons à Londres, Welcome To Julian ne faisait rien comme les autres. C'est d'ailleurs bien ce que l'on reprocha à Welcome To Julian : de trop se servir des formations anglaises comme modèle, crime de trahison pour le pays. On ajouta bien vite que le groupe n'avait aucune idée et qu'il lui fallait prendre le ferry pour en emprunter quelques unes.
Pourtant, Welcome To Julian a su défendre depuis le début sa part d'intégrité.
Titre ambivalent, "Bye Bye Childwood", remarquable de bout en bout, comprend en même temps énergie rentrée (le son bas et lourd de la guitare) et calme schizophrénique (les arpèges cristallins) jusqu'à atteindre une sorte de point d'orgue sensoriel confus où la grâce de la voix de Lionel s'estompe dans un nuage crade de distorsions. A se damner !
Des ressemblances avec le shoegaze anglais donc, mais le groupe a du culot et l'affiche : la ligne de basse en intro de "There's A Rainbow" marque les esprits avant que des éclairs de guitares ne viennent instaurer un climat à la fois glacé et à la fois majestueux. Car même si Welcome To Julian s'amuse avec un titre électrique et énergique ("I Don't Mind"), il ne pourra s'empêcher d'y inclure quelques accords mélodiques de toute beauté et une nonchalance insouciante superbe de douceur dans le chant. Le groupe a beau se dépêtrer avec un son bouillonnant, il ne manquera pas de rendre le moindre fuzz rayonnant.
Après tout, c'est eux qui ont raison : "I don't mind, I don't care". Welcome to Julian fait ce qui lui plait et c'est tant mieux !
Quand bien même il ne s'agirait que de copier des codes usités, Welcome to Julian prend une coudée d'avance sur ses contemporains. Car il faut admettre la qualité de ces compositions, à l'image du brûlant "Higher". En cherchant à se rendre accessible et à être direct, Welcome to Julian n'a rien à envier à ses références (Ride, Revolver surtout). Malgré un son rudimentaire et une voix pas encore tout à fait assumée, quoique légère, le groupe fait preuve d'un talent extraordinaire pour soigner de petites merveilles pop. Et il n'y a rien à jeter sur ce maxi, le premier sur Rosebud (le fameux label rennais qui devint tristement célèbre pour avoir été repris par Barclay), qui se révèlera trop court.
Les parties de guitares sont excellemment bien exécutées, à la fois suaves mais glissant aussi dans la saturation, assumant parfaitement leur rôle d'accélérateur vertigineux. Lorsqu'elles s'apaisent, ce n'est que pour mieux repartir et provoquer un véritable maelström ("Heavy World") ou pour appuyer une montée en puissance qui laissera éclater une complainte déchirante (le magnifique "Kiss Me").
Oublié aujourd'hui, Welcome to Julian a pourtant fait parti de cette scène qui dans le courant des années 90 a proposé une alternative au rock. Les deux albums, chacun dans leur style, sont des joyaux oubliés de la vague indie pop française : c'est le cas surtout du premier album, un des meilleurs du mouvement shoegaze en France.
Le groupe est également d'une importance fondamentale du fait de son statut de pionnier. Sans le savoir, Welcome to Julian a ainsi participé à la toute première diffusion des Black Sessions, l'émission de Bernard Lenoir, le 23 février 1992. Présentant quelques versions de ses premières compositions, présentes ici, c'est surtout l'étonnante reprise du "In Between Days" des Cure qui retint l'intention. L'édition du Printemps de Bourges de 1990 sera une des toutes premières occasions de voir Welcome To Julian monter sur scène. Le groupe a également été à l'affiche de la deuxième édition de la Route du Rock, le festival de St Malo, qui à l'époque se jouait l'hiver, dans des bars et devant 2000 personnes seulement.
Le groupe faisait donc office de défricheur. Chantant en anglais, clairement inspiré des groupes shoegaze, allant même jusqu'à enregistrer ses chansons à Londres, Welcome To Julian ne faisait rien comme les autres. C'est d'ailleurs bien ce que l'on reprocha à Welcome To Julian : de trop se servir des formations anglaises comme modèle, crime de trahison pour le pays. On ajouta bien vite que le groupe n'avait aucune idée et qu'il lui fallait prendre le ferry pour en emprunter quelques unes.
Pourtant, Welcome To Julian a su défendre depuis le début sa part d'intégrité.
Titre ambivalent, "Bye Bye Childwood", remarquable de bout en bout, comprend en même temps énergie rentrée (le son bas et lourd de la guitare) et calme schizophrénique (les arpèges cristallins) jusqu'à atteindre une sorte de point d'orgue sensoriel confus où la grâce de la voix de Lionel s'estompe dans un nuage crade de distorsions. A se damner !
Des ressemblances avec le shoegaze anglais donc, mais le groupe a du culot et l'affiche : la ligne de basse en intro de "There's A Rainbow" marque les esprits avant que des éclairs de guitares ne viennent instaurer un climat à la fois glacé et à la fois majestueux. Car même si Welcome To Julian s'amuse avec un titre électrique et énergique ("I Don't Mind"), il ne pourra s'empêcher d'y inclure quelques accords mélodiques de toute beauté et une nonchalance insouciante superbe de douceur dans le chant. Le groupe a beau se dépêtrer avec un son bouillonnant, il ne manquera pas de rendre le moindre fuzz rayonnant.
Après tout, c'est eux qui ont raison : "I don't mind, I don't care". Welcome to Julian fait ce qui lui plait et c'est tant mieux !
Très bon 16/20 | par Vic |
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