The Icarus Line
Black Lives At The Golden Coast |
Label :
V2 |
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Penance Soirée avait mit beaucoup de monde d'accord : The Icarus Line a quelque chose à dire. Quelque chose de bordélique, de crasseux, mais quelque chose malgré tout. On a patienté un bon moment, jusqu'à se demander si le groupe existait encore, au point que Black Lives At The Golden Coast est apparu sans que bien des gens ne le remarque.
Avec ce troisième disque, le projet parallèle du chanteur/leader Joe Cardamone, nommé Souls She Said, semble avoir laissé de profonds stigmates à l'écriture. Si le répertoire du groupe est plus que jamais écartelé entre l'expérimentation du style Thurston Moore ("Black Presents"), le prog de The Mars Volta ("Frankfurt Smile"), Liars ("Amber Alert"), le rock sixties de The Rolling Stones ou The Stooges ("Sick Bitch" ou le titre éponyme)... il est dorénavant également immergé dans un psychédélisme polyvalent. C'est donc avec des mouches dans les yeux et des murs qui bougent tout seuls que beaucoup de titres diffusent une cold-wave folky avec "Fashn Fvr", un shoegaze luminescent sur "Slayer" (My Bloody Valentine ?) ou même du revival pop eighties style U2 sur "Victory Gardens"... En somme, c'est encore plus le bordel qu'avant. Le long épilogue "Kingdom" en est un merveilleuse synthèse : ça finit toujours pas tourner la tête et puer la sueur...
La question est "Est-ce une bonne chose ?". Même après maintes lectures de l'oeuvre, on ne peut clairement se prononcer en sa faveur. Si quasiment tous les titres sont bons voire excellents, on a plus l'impression de se taper une mixtape rock que d'être à l'écoute d'un seul et même groupe. Entre le patte déf', le pantalon déchiré aux genoux et le jean slim, l'oeuvre ne sait trop comment s'habiller. Au point de ne ressembler à rien (en bien ou en mal, à chacun de voir...) et nous ôter tout moyen de s'accrocher, les morceaux n'étant eux-mêmes pas d'une grande linéarité. D'un titre à l'autre, on est ballotté d'un bord à l'autre, sans avoir le temps d'assimiler quoi que ce soit. L'arrivée inopinée d'un titre plus soft après un coup de pur rock'n roll bien disto n'est par exemple pas du meilleur effet à chaque fois, et défend un peu d'écouter le disque d'une traite. Il n'y a d'homogène que le son, très imprimé dans son temps (revival reverb et tout l'attirail du petit rocker au cheveux gras), le reste est un déluge d'idées sans connexions...
On préférera alors déguster Black Lives At The Golden Coast en petites séquences, ou fragments par fragments, et on se dit qu'il était logique que The Icarus Line en vienne là après avoir contenu si longtemps son bazar. Il y aurait donc du ménage à faire, car le plus souvent seul le géniteur du bordel est capable de s'y retrouver ; les autres pourraient trouver ça juste laid et inefficace...
Avec ce troisième disque, le projet parallèle du chanteur/leader Joe Cardamone, nommé Souls She Said, semble avoir laissé de profonds stigmates à l'écriture. Si le répertoire du groupe est plus que jamais écartelé entre l'expérimentation du style Thurston Moore ("Black Presents"), le prog de The Mars Volta ("Frankfurt Smile"), Liars ("Amber Alert"), le rock sixties de The Rolling Stones ou The Stooges ("Sick Bitch" ou le titre éponyme)... il est dorénavant également immergé dans un psychédélisme polyvalent. C'est donc avec des mouches dans les yeux et des murs qui bougent tout seuls que beaucoup de titres diffusent une cold-wave folky avec "Fashn Fvr", un shoegaze luminescent sur "Slayer" (My Bloody Valentine ?) ou même du revival pop eighties style U2 sur "Victory Gardens"... En somme, c'est encore plus le bordel qu'avant. Le long épilogue "Kingdom" en est un merveilleuse synthèse : ça finit toujours pas tourner la tête et puer la sueur...
La question est "Est-ce une bonne chose ?". Même après maintes lectures de l'oeuvre, on ne peut clairement se prononcer en sa faveur. Si quasiment tous les titres sont bons voire excellents, on a plus l'impression de se taper une mixtape rock que d'être à l'écoute d'un seul et même groupe. Entre le patte déf', le pantalon déchiré aux genoux et le jean slim, l'oeuvre ne sait trop comment s'habiller. Au point de ne ressembler à rien (en bien ou en mal, à chacun de voir...) et nous ôter tout moyen de s'accrocher, les morceaux n'étant eux-mêmes pas d'une grande linéarité. D'un titre à l'autre, on est ballotté d'un bord à l'autre, sans avoir le temps d'assimiler quoi que ce soit. L'arrivée inopinée d'un titre plus soft après un coup de pur rock'n roll bien disto n'est par exemple pas du meilleur effet à chaque fois, et défend un peu d'écouter le disque d'une traite. Il n'y a d'homogène que le son, très imprimé dans son temps (revival reverb et tout l'attirail du petit rocker au cheveux gras), le reste est un déluge d'idées sans connexions...
On préférera alors déguster Black Lives At The Golden Coast en petites séquences, ou fragments par fragments, et on se dit qu'il était logique que The Icarus Line en vienne là après avoir contenu si longtemps son bazar. Il y aurait donc du ménage à faire, car le plus souvent seul le géniteur du bordel est capable de s'y retrouver ; les autres pourraient trouver ça juste laid et inefficace...
Sympa 14/20 | par X_YoB |
Posté le 18 mai 2010 à 04 h 08 |
Etonnant de constater que ces jeunes loups de Los Angeles n'ont jamais défrayé la chronique et ce malgré leur glamour mâtiné d'arrogance, leur penchant évident pour le côté obscur de la force et une réputation peu flatteuse: mauvaise presse, succès mitigé, concerts souvent catastrophiques, départ d'un membre fondateur (parti faire sa star chez Nine Inch Nails)... une vraie bande de têtes à claques, en somme.
Il faut pourtant rendre justice à ce Black Lives At The Golden Coast, leur dernier né. Cet album va sans doute en irriter plus d'un, car loin de tomber dans la facilité le groupe noie ses morceaux dans la dissonance et se refuse à révéler des lignes mélodiques claires, cultivant plutôt un certain mystère... les amateurs de rock net et sans bavures ne s'y retrouveront pas. L'approche des Icarus Line ne manque cependant pas de finesse: les textures sont très soignées et les gros riffs sont entièrement évités. Leur son est planant ("Victory Gardens"), puissant ("Sick Bitch"), délicieusement décadent ("Gets Paid"), et le tout est fort bien produit (Dave Sardy aux manettes, entre autres). Bel effort, donc, bien que parfois un peu laborieux et brouillon. On sent que le groupe peut encore progresser... et c'est tout le mal qu'on leur souhaite.
Il faut pourtant rendre justice à ce Black Lives At The Golden Coast, leur dernier né. Cet album va sans doute en irriter plus d'un, car loin de tomber dans la facilité le groupe noie ses morceaux dans la dissonance et se refuse à révéler des lignes mélodiques claires, cultivant plutôt un certain mystère... les amateurs de rock net et sans bavures ne s'y retrouveront pas. L'approche des Icarus Line ne manque cependant pas de finesse: les textures sont très soignées et les gros riffs sont entièrement évités. Leur son est planant ("Victory Gardens"), puissant ("Sick Bitch"), délicieusement décadent ("Gets Paid"), et le tout est fort bien produit (Dave Sardy aux manettes, entre autres). Bel effort, donc, bien que parfois un peu laborieux et brouillon. On sent que le groupe peut encore progresser... et c'est tout le mal qu'on leur souhaite.
Bon 15/20
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