Pet
Pet |
Label :
Igloo |
||||
Je vous vois venir, tous autant que vous êtes sans exception... Ouais, mais non. Pas du tout. Il n'y aura d'ailleurs pas une once de l'ombre du bout de la queue d'une allusion, n'allons pas tomber dans la facilité comme des moins que rien immatures et sans classe...
Comment donc sérieusement décrire... la musique de ce Pet ? Et bien pour un peu qu'on est du goût et du nez, tout ça sent très bon. En son genre, une bonne petite perle! Le trio semble s'être gavé du bon rock bien gras de la première partie des nineties et nous a digéré rien que pour nous tout le menu crado de l'époque, avec de gros renvois grunge. S'il s'agit là d'un animal domestique, la gamelle bien pleine a été torchée comme il faut. C'est un animal domestique particulier puisque sous son apparence de gentil bichon à sa mémé avec poil brillant scrupuleusement et affectueusement brossé trois fois par jour, la bestiole dissimule de petites griffes acérées et des aboiements glaireux qui filerait la chiasse au plus farouche des militants WWF. C'est là tout l'intérêt du seul et unique album de Pet, petit coup d'éclat tristement resté anonyme.
Tout est mis en place dès "360°", comme une urgence : les bruits incongrus d'introduction, le son brut, le rythme à l'ancienne, les arpèges et accords ouverts de la guitare saturée prenant tout l'espace mélodique... Une épaisse brume de tension s'abat au lancement de Pet, dont la couche ne s'évaporera que trois quart d'heure plus tard, pour peu qu'on s'en remette rapidement (ce qui explique probablement "Meat" et "Calmate!", petites pièces acoustiques disséminées en milieu et fin d'album, où Pet nous décompresse). Car question composition, Pet connaît les différentes façons de nous en lacher une qui se retient facilement, et il n'est donc pas facile de s'en défaire. Paradoxe. La richesse de "Fatherland" ou l'haletante "Secret Motor" en témoignant chacune d'une manière très différente, mais partageant la même efficacité immédiate. Et pour ce qui est de l'immédiateté, Pet ne fait pas dans le détail, et a tout à fait compris qu'il était inutile de trop s'encombrer, comme des arrangements trop sophistiqués qui finiraient par en foutre partout. Le minimum fait son effet : une guitare électrique, une basse, une batterie, parfois une guitare acoustique pour la couleur, et aucun effet pyrotechnique de studio. Le mordant de la guitare de Tyler Bates (oui, c'est bien lui, le compositeur de musiques de films) fait tout le travail, les arpèges fuzzy se diffusent dans l'air ambiant comme une toxine attaquant les oreilles. Le son de Pet est sec et sans tâche.
Quant à la grande force de Pet, elle est projetée à travers le charisme de Lisa Papineau sa chanteuse. Un charme ambigüe s'échappe de sa performance, son petit filet de voix d'apparence fluet participant à installer dans les morceaux de Pet tout aussi bien la fragilité que la colère, jusqu'à sérieusement concurrencer la musculature des instruments à plusieurs reprises, à l'occasion de quelques poussées autant impressionantes que bien senties (les déferlentes punk-hardocre de "Seed" en apogée). Aucun doute, chez Pet, c'est elle qui porte la culotte, et prouve que les filles aussi peuvent s'y mettre, avec une habileté dont elles seules ont le secret... On éprouve une sensualité étrange au son de sa voix, entre une douceur langoureuse et une intensité virile, lorsqu'elle passe ainsi d'un registre à l'autre. Nous voici alors éblouis face à un titre en montagne russe comme "Lil' Boots" et son riff ébêté comme un tourne-disque tordu (le La de l'album pour tout dire). La miss s'en donne à coeur joie, ses mues accompagnant parfaitement la structure du morceau : progressivement de Cat Power à PJ Harvey, de PJ Harvey à Kat Bjelland, et on recommence. Arrivée quelques années auparavant, c'est qu'elle aurait bien été en lice pour s'asseoir sur le trône des riot grrrls la Papineau, ce même si Pet est sans aucun doute plus à rapprocher de Harvey.
Pour d'ailleurs situer plus proprement le genre de Pet, il faudrait s'imaginer le groupe ayant prit la suite de l'anglaise après ses Dry et Rid Of Me, à ceci prêt que Pet est plus explosif, et prend un air légèrement plus menaçant, trapus. Pet ne manque décidemment pas d'air, l'album transpire carrément PJH (surtout des titres lents comme "Bed" ou "I've Been A Gaylord"), mais également Pixies ou Veruca Salt sous bien d'autres formes. Car Pet détient la grande faculté de proposer différents parfums à la fois, au détour du chant bien sûr, mais également d'une idée, d'un motif de guitare. Des sensations olfactives inédites s'offrent ainsi à nous, notamment celle d'osciller par moment entre du Alice In Chains et du Heather Nova, grace à l'alternance guitare électrique-guitare acoustique de certains titres (ne manque que les harmonies vocales à la Staley/Cantrell sur "Hero Life") ou du classique calme-tempête-calme. Et malgré des refrains pas toujours réussis (la pertinence de "Otherwise" ou "Skin Tite" se trouve autrepart), toute cette palette de Pet échoue rarement à nous prendre aux tripes et nous laisser une sensation de vide une fois passée.
Sans doute à l'époque pas assez dans le vent, plus dans le ton, pas en odeur de sainteté, ce petit Pet bien sympathique est partit trop tôt. Pas la peine de chercher plus loin : c'est ça qui pue...
Du haut vol ! Et après on dit qu'j'ai point d'humour m'sieur...
Comment donc sérieusement décrire... la musique de ce Pet ? Et bien pour un peu qu'on est du goût et du nez, tout ça sent très bon. En son genre, une bonne petite perle! Le trio semble s'être gavé du bon rock bien gras de la première partie des nineties et nous a digéré rien que pour nous tout le menu crado de l'époque, avec de gros renvois grunge. S'il s'agit là d'un animal domestique, la gamelle bien pleine a été torchée comme il faut. C'est un animal domestique particulier puisque sous son apparence de gentil bichon à sa mémé avec poil brillant scrupuleusement et affectueusement brossé trois fois par jour, la bestiole dissimule de petites griffes acérées et des aboiements glaireux qui filerait la chiasse au plus farouche des militants WWF. C'est là tout l'intérêt du seul et unique album de Pet, petit coup d'éclat tristement resté anonyme.
Tout est mis en place dès "360°", comme une urgence : les bruits incongrus d'introduction, le son brut, le rythme à l'ancienne, les arpèges et accords ouverts de la guitare saturée prenant tout l'espace mélodique... Une épaisse brume de tension s'abat au lancement de Pet, dont la couche ne s'évaporera que trois quart d'heure plus tard, pour peu qu'on s'en remette rapidement (ce qui explique probablement "Meat" et "Calmate!", petites pièces acoustiques disséminées en milieu et fin d'album, où Pet nous décompresse). Car question composition, Pet connaît les différentes façons de nous en lacher une qui se retient facilement, et il n'est donc pas facile de s'en défaire. Paradoxe. La richesse de "Fatherland" ou l'haletante "Secret Motor" en témoignant chacune d'une manière très différente, mais partageant la même efficacité immédiate. Et pour ce qui est de l'immédiateté, Pet ne fait pas dans le détail, et a tout à fait compris qu'il était inutile de trop s'encombrer, comme des arrangements trop sophistiqués qui finiraient par en foutre partout. Le minimum fait son effet : une guitare électrique, une basse, une batterie, parfois une guitare acoustique pour la couleur, et aucun effet pyrotechnique de studio. Le mordant de la guitare de Tyler Bates (oui, c'est bien lui, le compositeur de musiques de films) fait tout le travail, les arpèges fuzzy se diffusent dans l'air ambiant comme une toxine attaquant les oreilles. Le son de Pet est sec et sans tâche.
Quant à la grande force de Pet, elle est projetée à travers le charisme de Lisa Papineau sa chanteuse. Un charme ambigüe s'échappe de sa performance, son petit filet de voix d'apparence fluet participant à installer dans les morceaux de Pet tout aussi bien la fragilité que la colère, jusqu'à sérieusement concurrencer la musculature des instruments à plusieurs reprises, à l'occasion de quelques poussées autant impressionantes que bien senties (les déferlentes punk-hardocre de "Seed" en apogée). Aucun doute, chez Pet, c'est elle qui porte la culotte, et prouve que les filles aussi peuvent s'y mettre, avec une habileté dont elles seules ont le secret... On éprouve une sensualité étrange au son de sa voix, entre une douceur langoureuse et une intensité virile, lorsqu'elle passe ainsi d'un registre à l'autre. Nous voici alors éblouis face à un titre en montagne russe comme "Lil' Boots" et son riff ébêté comme un tourne-disque tordu (le La de l'album pour tout dire). La miss s'en donne à coeur joie, ses mues accompagnant parfaitement la structure du morceau : progressivement de Cat Power à PJ Harvey, de PJ Harvey à Kat Bjelland, et on recommence. Arrivée quelques années auparavant, c'est qu'elle aurait bien été en lice pour s'asseoir sur le trône des riot grrrls la Papineau, ce même si Pet est sans aucun doute plus à rapprocher de Harvey.
Pour d'ailleurs situer plus proprement le genre de Pet, il faudrait s'imaginer le groupe ayant prit la suite de l'anglaise après ses Dry et Rid Of Me, à ceci prêt que Pet est plus explosif, et prend un air légèrement plus menaçant, trapus. Pet ne manque décidemment pas d'air, l'album transpire carrément PJH (surtout des titres lents comme "Bed" ou "I've Been A Gaylord"), mais également Pixies ou Veruca Salt sous bien d'autres formes. Car Pet détient la grande faculté de proposer différents parfums à la fois, au détour du chant bien sûr, mais également d'une idée, d'un motif de guitare. Des sensations olfactives inédites s'offrent ainsi à nous, notamment celle d'osciller par moment entre du Alice In Chains et du Heather Nova, grace à l'alternance guitare électrique-guitare acoustique de certains titres (ne manque que les harmonies vocales à la Staley/Cantrell sur "Hero Life") ou du classique calme-tempête-calme. Et malgré des refrains pas toujours réussis (la pertinence de "Otherwise" ou "Skin Tite" se trouve autrepart), toute cette palette de Pet échoue rarement à nous prendre aux tripes et nous laisser une sensation de vide une fois passée.
Sans doute à l'époque pas assez dans le vent, plus dans le ton, pas en odeur de sainteté, ce petit Pet bien sympathique est partit trop tôt. Pas la peine de chercher plus loin : c'est ça qui pue...
Du haut vol ! Et après on dit qu'j'ai point d'humour m'sieur...
Excellent ! 18/20 | par X_YoB |
En ligne
407 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages