Discharge
Hear Nothing See Nothing Say Nothing |
Label :
Clay |
||||
Hear Nothing See Nothing Say Nothing pourrait aisément postulé au titre d'album le plus violent de l'histoire du rock.
Oeuvre culte, glorifiée, extraordinaire, adulée par tous, référence indispensable, cet album est celui vers lequel on se tourne lorsqu'on désire se replonger dans les moments les plus marquants et les plus traumatisants qu'on n'ait jamais vécus. La première écoute choque, la deuxième repasse sur la plaie, la troisième fournit sa dose d'adrénaline, à partir de la quatrième, c'est l'addiction à vie. L'aura que prend cet album est tel qu'à côté de lui, tous les autres paraissent d'une fadeur extrême et irréversible. C'est pour cela entre autres que Discharge prend une dimension de groupe culte, underground certes, mais vénéré et érigée au rang de dieux inimitables, enfin, plutôt de suppôts de Satan, ici en l'occurrence.
Depuis toujours les membres du combo ont toujours voulu allier esprit de revendication et cohérence indépendante. Après quelques premiers concerts d'une fureur inégalée, le groupe signe sur le label de Mike Stone, Clay Records, et les premiers 45t seront vendus à la sauvette, la voiture de Stone servant de disquaire improvisé, ce qui n'empêcha pas le groupe de se faire connaître dans le milieu underground anglais, en mal de renouveau suite à l'arrêt du punk. La légende grossit lorsque Discharge participe à une tournée en compagnie de U2, qui prit fin brutalement, lorsque Kelvin "Cal" Morris, complètement bourré, finit par vomir sur les chaussures de Bono. Il n'en fallait pas plus pour inscrire Discharge dans la légende. Peu après un mini-album, Why ?, le groupe entame une nouvelle tournée, sobrement intitulé "Apocalypse Now", avec Anti-Nowhere League ou The Exploited. C'est dire si le premier album qui mit cinq ans à aboutir fut énormément attendu par les fans. Et ils ne furent pas déçus ! En à peine plus d'une demi-heure, jamais brutalité n'avait été aussi encensée. Sans variation, radical, noir et au son énormissime, Hear Nothing See Nothing Say Nothing se place d'emblée au panthéon des chef-d'œuvres, de ce qui se font la bande-son d'une vie, d'une envie de tout faire valser, d'une volonté aussi de clamer haut et fort qu'on est en vie.
Discharge ne fait preuve d'aucune pitié et frappe fort. Tant pis, si ce n'est pas assez précis, et qu'au passage il éborgne quelques innocents. Osant, avec un affront des plus scandaleux, flirter avec la violence la plus vile, Discharge a su employer pour cela un son remarquablement virulent et puissant.
Les morceaux sont construits sur des bases extrêmement simples, voire minimalistes, enchaînant des refrains sauvages à des riffs meurtriers. La cadence est particulièrement soutenue et sa fluidité parfaite. La mécanique sera implacable : des déferlantes de riffs assassins s'entrechoqueront aux chants hurlés et impressionnant de Cal. Noir, bas, angoissant, imposant, le son de Discharge subjugue l'agressivité pour lui rendre les lettres de noblesses qu'elle méritait. La nouveauté vient principalement de l'apport diabolique d'éléments venant du hardcore et du metal à la Motorhead, conférant une puissance majestueuse à des titres pourtant courts et balancés à la vitesse de la lumière.
L'alliage ultime deviendra une réussite ; voire même bien plus, à la vue du nombre incalculable de suiveurs qui tenteront en vain de produire une pâle copie de cet album unique et indépassable.
Les quatre furieux de Stroke on Trent (Angleterre) ont réalisé un album d'une cohérence et d'une fraîcheur étourdissante. Sa fureur et son obscurantisme le rendent subjuguant de bout en bout. Rares sont les titres qui dépassent les deux minutes, mais cela est déjà trop pour un concentré de rage et de barbarie.
En si peu de temps, il n'y a pas de place pour les intro, alors on passe directement au riff de base, mené par le taré Tony "Bones" Robert, souvent puissant et rapide, qui saute à la gorge dès le début. Le rythme est accéléré comme jamais, conciliant la technicité du metal et l'urgence du punk, sans pour autant oublier de glisser un solo de folie dans ce double tempo invariable. Le chant, quant à lui, n'a guère l'embarras de miser sur les nuances : ça crache, ça éructe et ça grogne, le tout à la vitesse de l'éclair. Ce n'est plus du chant, mais des sons gutturaux lâchés sous mitraillettes, comme des riffs de guitare. La concision est telle que les chansons atteignent une compacité vertigineuse.
Alors bien sûr, beaucoup, à l'époque, choqués par tant de brutalité, ont vite dénoncé les textes féroces et sans concessions (volontairement choquants, politisés, scandés sous forme de slogans), leur caractère provocateur, faisant de la dénonciation et du manque de recul des vertus. Les paroles n'excèdent jamais deux ou trois lignes, hurlé de manière répétitive pour encore plus prendre de la valeur et marteler les esprits. Bon nombre de gens furent traumatisés par un tel manifeste. Mais ces caractéristiques ne sont-elles pas indissociables du groupe ? Fallait-il que Discharge soit forcément politiquement correct ?
Non, justement, et c'est par son imagerie punk radical et anarchiste, avec leurs crêtes immenses qui allaient marquer l'Angleterre, ou leurs pochettes de vinyles tout en noir et blanc, que le groupe réussit à donner un coup de pied dans la fourmilière. Ils ne seront ni plus ni moins que les dépositaires d'un nouveau genre : le D-beat, première pierre à l'édifice de tout le metalcore à venir, du grind jusqu'au crustcore, qui ne seraient rien sans Discharge : Napalm Death, Integrity, Godflesh... Pour dire, il existe toute une scène scandinave, dont tous les noms de groupes commencent par Dis- en hommage. Et l'influence est telle que même le guitariste de Metallica arbore un tee-shirt du groupe sur la pochette de Ride The Lightning. Rien que pour cela, ils sont déjà vénérables.
Et on ne les remerciera aussi jamais assez de nous avoir fournit grâce à ce premier véritable album, culte ad eternam, les morceaux les plus jouissifs jamais entendus de brutalité animale et de rage bien burnée.
Oeuvre culte, glorifiée, extraordinaire, adulée par tous, référence indispensable, cet album est celui vers lequel on se tourne lorsqu'on désire se replonger dans les moments les plus marquants et les plus traumatisants qu'on n'ait jamais vécus. La première écoute choque, la deuxième repasse sur la plaie, la troisième fournit sa dose d'adrénaline, à partir de la quatrième, c'est l'addiction à vie. L'aura que prend cet album est tel qu'à côté de lui, tous les autres paraissent d'une fadeur extrême et irréversible. C'est pour cela entre autres que Discharge prend une dimension de groupe culte, underground certes, mais vénéré et érigée au rang de dieux inimitables, enfin, plutôt de suppôts de Satan, ici en l'occurrence.
Depuis toujours les membres du combo ont toujours voulu allier esprit de revendication et cohérence indépendante. Après quelques premiers concerts d'une fureur inégalée, le groupe signe sur le label de Mike Stone, Clay Records, et les premiers 45t seront vendus à la sauvette, la voiture de Stone servant de disquaire improvisé, ce qui n'empêcha pas le groupe de se faire connaître dans le milieu underground anglais, en mal de renouveau suite à l'arrêt du punk. La légende grossit lorsque Discharge participe à une tournée en compagnie de U2, qui prit fin brutalement, lorsque Kelvin "Cal" Morris, complètement bourré, finit par vomir sur les chaussures de Bono. Il n'en fallait pas plus pour inscrire Discharge dans la légende. Peu après un mini-album, Why ?, le groupe entame une nouvelle tournée, sobrement intitulé "Apocalypse Now", avec Anti-Nowhere League ou The Exploited. C'est dire si le premier album qui mit cinq ans à aboutir fut énormément attendu par les fans. Et ils ne furent pas déçus ! En à peine plus d'une demi-heure, jamais brutalité n'avait été aussi encensée. Sans variation, radical, noir et au son énormissime, Hear Nothing See Nothing Say Nothing se place d'emblée au panthéon des chef-d'œuvres, de ce qui se font la bande-son d'une vie, d'une envie de tout faire valser, d'une volonté aussi de clamer haut et fort qu'on est en vie.
Discharge ne fait preuve d'aucune pitié et frappe fort. Tant pis, si ce n'est pas assez précis, et qu'au passage il éborgne quelques innocents. Osant, avec un affront des plus scandaleux, flirter avec la violence la plus vile, Discharge a su employer pour cela un son remarquablement virulent et puissant.
Les morceaux sont construits sur des bases extrêmement simples, voire minimalistes, enchaînant des refrains sauvages à des riffs meurtriers. La cadence est particulièrement soutenue et sa fluidité parfaite. La mécanique sera implacable : des déferlantes de riffs assassins s'entrechoqueront aux chants hurlés et impressionnant de Cal. Noir, bas, angoissant, imposant, le son de Discharge subjugue l'agressivité pour lui rendre les lettres de noblesses qu'elle méritait. La nouveauté vient principalement de l'apport diabolique d'éléments venant du hardcore et du metal à la Motorhead, conférant une puissance majestueuse à des titres pourtant courts et balancés à la vitesse de la lumière.
L'alliage ultime deviendra une réussite ; voire même bien plus, à la vue du nombre incalculable de suiveurs qui tenteront en vain de produire une pâle copie de cet album unique et indépassable.
Les quatre furieux de Stroke on Trent (Angleterre) ont réalisé un album d'une cohérence et d'une fraîcheur étourdissante. Sa fureur et son obscurantisme le rendent subjuguant de bout en bout. Rares sont les titres qui dépassent les deux minutes, mais cela est déjà trop pour un concentré de rage et de barbarie.
En si peu de temps, il n'y a pas de place pour les intro, alors on passe directement au riff de base, mené par le taré Tony "Bones" Robert, souvent puissant et rapide, qui saute à la gorge dès le début. Le rythme est accéléré comme jamais, conciliant la technicité du metal et l'urgence du punk, sans pour autant oublier de glisser un solo de folie dans ce double tempo invariable. Le chant, quant à lui, n'a guère l'embarras de miser sur les nuances : ça crache, ça éructe et ça grogne, le tout à la vitesse de l'éclair. Ce n'est plus du chant, mais des sons gutturaux lâchés sous mitraillettes, comme des riffs de guitare. La concision est telle que les chansons atteignent une compacité vertigineuse.
Alors bien sûr, beaucoup, à l'époque, choqués par tant de brutalité, ont vite dénoncé les textes féroces et sans concessions (volontairement choquants, politisés, scandés sous forme de slogans), leur caractère provocateur, faisant de la dénonciation et du manque de recul des vertus. Les paroles n'excèdent jamais deux ou trois lignes, hurlé de manière répétitive pour encore plus prendre de la valeur et marteler les esprits. Bon nombre de gens furent traumatisés par un tel manifeste. Mais ces caractéristiques ne sont-elles pas indissociables du groupe ? Fallait-il que Discharge soit forcément politiquement correct ?
Non, justement, et c'est par son imagerie punk radical et anarchiste, avec leurs crêtes immenses qui allaient marquer l'Angleterre, ou leurs pochettes de vinyles tout en noir et blanc, que le groupe réussit à donner un coup de pied dans la fourmilière. Ils ne seront ni plus ni moins que les dépositaires d'un nouveau genre : le D-beat, première pierre à l'édifice de tout le metalcore à venir, du grind jusqu'au crustcore, qui ne seraient rien sans Discharge : Napalm Death, Integrity, Godflesh... Pour dire, il existe toute une scène scandinave, dont tous les noms de groupes commencent par Dis- en hommage. Et l'influence est telle que même le guitariste de Metallica arbore un tee-shirt du groupe sur la pochette de Ride The Lightning. Rien que pour cela, ils sont déjà vénérables.
Et on ne les remerciera aussi jamais assez de nous avoir fournit grâce à ce premier véritable album, culte ad eternam, les morceaux les plus jouissifs jamais entendus de brutalité animale et de rage bien burnée.
Excellent ! 18/20 | par Vic |
Posté le 23 novembre 2010 à 15 h 22 |
Il y a énormément à dire sur Discharge et cet album. Pour ce qui me concerne, il m'accompagne depuis maintenant près de trente ans.
J'ai encore aujourd'hui du mal à m'expliquer cet engouement parce que tout d'abord ça vient du fond des tripes, un genre de grondement infernal, puissant et destructeur servit par des riffs implacables et une batterie qui roule à une vitesse de dingue. A l'époque, l'esprit 77 était déjà bien enterré et les groupes comme Exploited avaient montré la voie d'une musique plus radicale.
Discharge, de son coté, avait muri un esprit et un message. Le groupe entrait en résistance contre le gouvernement Tatcher, contre les grandes industries, contre le nucléaire et contre la guerre.
Discharge, ce n'est pas une histoire de grognements ou de paroles satanistes, c'est un chant crié, mais pas sans raison. C'est un cri justifié par le discours, tout comme la musique et les différents artwork des pochettes.
C'est sans concession, sans couleur, que du noir et blanc.
Surtout, le discours de l'album reste cruellement d'actualité, les thèmes sont toujours valables. Depuis cet album il y a eu les deux guerres du golf, la chute du mur de Berlin et l'effondrement du pacte de Varsovie, la guerre en ex-Yougoslavie, en Tchétchénie et l'Afghanistan...Et toujours autant de victimes innocentes.
Dans cet album, Discharge questionne, Q: And Children ? et apporte la réponse A: And Children.
Le groupe dénonce le cauchemard qui continue ("The Nightmare Continues") et invite à résister ("Protest And Survive", "I Won't Subscribe"...).
Pour ce qui est de la musique, un seul constat, c'est carré, brutal et cohérent. Pas de fausse note, pas de dérapage. le son de cet album, ça pourrait être une gigantesque escadrille de bombardiers, tout à la fois rapide, énorme et inquiétant.
Malheureusement, cet album sera également le dernier vrai chef d'œuvre du groupe qui succombera à l'appel du métal et au chant plus aigu. N'empêche ! Cet album, Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing n'a pas prit une ride, J'ai souvent eu l'habitude, quand on me demandait quel était le titre qui me semblait le plus violent, le morceau ultime, de répondre "Never Again", qui se trouve sur l'édition remasterisée. Je vous laisse juger par vous-même.
Méfiez-vous quand même, si vous tombez dedans, vous risquez de ne plus jamais en sortir...
J'ai encore aujourd'hui du mal à m'expliquer cet engouement parce que tout d'abord ça vient du fond des tripes, un genre de grondement infernal, puissant et destructeur servit par des riffs implacables et une batterie qui roule à une vitesse de dingue. A l'époque, l'esprit 77 était déjà bien enterré et les groupes comme Exploited avaient montré la voie d'une musique plus radicale.
Discharge, de son coté, avait muri un esprit et un message. Le groupe entrait en résistance contre le gouvernement Tatcher, contre les grandes industries, contre le nucléaire et contre la guerre.
Discharge, ce n'est pas une histoire de grognements ou de paroles satanistes, c'est un chant crié, mais pas sans raison. C'est un cri justifié par le discours, tout comme la musique et les différents artwork des pochettes.
C'est sans concession, sans couleur, que du noir et blanc.
Surtout, le discours de l'album reste cruellement d'actualité, les thèmes sont toujours valables. Depuis cet album il y a eu les deux guerres du golf, la chute du mur de Berlin et l'effondrement du pacte de Varsovie, la guerre en ex-Yougoslavie, en Tchétchénie et l'Afghanistan...Et toujours autant de victimes innocentes.
Dans cet album, Discharge questionne, Q: And Children ? et apporte la réponse A: And Children.
Le groupe dénonce le cauchemard qui continue ("The Nightmare Continues") et invite à résister ("Protest And Survive", "I Won't Subscribe"...).
Pour ce qui est de la musique, un seul constat, c'est carré, brutal et cohérent. Pas de fausse note, pas de dérapage. le son de cet album, ça pourrait être une gigantesque escadrille de bombardiers, tout à la fois rapide, énorme et inquiétant.
Malheureusement, cet album sera également le dernier vrai chef d'œuvre du groupe qui succombera à l'appel du métal et au chant plus aigu. N'empêche ! Cet album, Hear Nothing, See Nothing, Say Nothing n'a pas prit une ride, J'ai souvent eu l'habitude, quand on me demandait quel était le titre qui me semblait le plus violent, le morceau ultime, de répondre "Never Again", qui se trouve sur l'édition remasterisée. Je vous laisse juger par vous-même.
Méfiez-vous quand même, si vous tombez dedans, vous risquez de ne plus jamais en sortir...
Intemporel ! ! ! 20/20
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