Rites Of Spring

Rites Of Spring

Rites Of Spring

 Label :     Dischord 
 Sortie :    juin 1985 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Dans la très foisonnante scène punk-hardcore des années 1980 à Washington, Rites Of Spring tranche par une originalité incontestable. Alors que beaucoup de groupes utilisent la formule rapide et énervée concoctée par Minor Threat, Rites Of Spring choisit plutôt de dégager sa frustration et sa colère d'une manière différente. Guy Picciotto et son groupe, là où d'autres ont gardé un style purement punk-rock, élaborent des compositions torturées et complètement originales.

Chaque morceau contient son lot d'idées novatrices et, à l'écoute de ce seul album intitulé sobrement Rites Of Spring, et avec le recul des années, on comprend un peu mieux l'excellence de Fugazi. En effet, Guy Picciotto et Brendan Canty font preuve ici d'un talent exceptionnel. Le chanteur/guitariste sait déjà sortir des émotions vocales déchirantes malgré un chant tout de même assez rauque, son jeu de guitare, couplé à celui d'Eddie Janney, envoie déjà des mélodies tendues et d'hargneux riffs implacables et sulfureux ; Brendan Canty, malgré un style beaucoup plus classique que sur Fugazi, dégage une énergie énorme par un jeu gorgé de roulements. On retrouve tout de même les bases du hardcore basique: la plupart des morceaux sont des brûlots énervés et le chant reste vraiment violent malgré un nuancement certain. Mais Rites Of Spring navigue à des kilomètres des groupes de la même époque.

L'album débute sur "Spring" et "Deeper Than Inside", des morceaux punk-rock dans la pure tradition américaine. On retrouve les rythmiques rapides, un chant revendicateur, une basse ronflante et des riffs très Black Flag. "Persistent Vision" ou "Remainder" sont dans la même lignée. Du très bon punk, bien énergique servi par une voix charismatique et fédératrice.

Outre ces morceaux de hardcore assez classiques, on trouve déjà les prémices des ambiances qui feront de Fugazi un groupe unique. Une atmosphère urbaine et noire fait déjà son apparition sur "By Design", "Theme" ou "Hain's Point". Cette atmosphère, héritée des groupes New-Yorkais, est bien particulière et difficile à décrire. Elle donne une patine spéciale au groupe.
La face emo de Guy Picciotto commence également à se dévoiler. Les musiciens de Rites Of Spring tentent de nouvelles manières d'extérioriser leur frustration. "For Want Of" par une mélodie glauque et une ligne chant désabusé, "All There Is" par un chant triste et pessimiste, "Drink Deep" par une partition instrumentale extrêmement tendue ou l'excellente "Nudes" par des breaks magnifiques parviennent à rendre des sensations jusqu'alors complètement inédites dans le hardcore. L'album se clôt sur "End On End", morceau alternant passages énervés et parties instrumentales plus aérées avant de finir en un fracas dissonant bourré de larsens.

Seule la production vraiment do-it-yourself et datée aseptise un peu l'impact de ce disque précurseur. Etant enregistré au Inner Ear Studio par Ian MacKaye et Mike Hampton, on peut là aussi se rendre compte de l'énorme évolution accomplie par ces artistes.

Ce disque est une oeuvre historiquement fondatrice pour le mouvement hardcore et même pour le rock en général. De ce groupe découle directement le style inimitable et totalement original de Fugazi. En plein terrain d'exploration, Rites Of Spring teste, défriche et trouve déjà les bases d'une future musique originale. Un disque indispensable aux fans de Fugazi et de punk en général...


Parfait   17/20
par Abe-sapien


  Rites Of Spring a été réédité en 1987 par Dischord avec l'EP All Through Life sous le nom End On End.


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