Ol.
Ceux Que Je Tutoie |
Label :
EMI |
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Mais qu'est devenu cet homme ? Révélé par une intervention remarquée sur un album de Françoise Hardy, Olivier Ngog sort Ceux Que Je Tutoie quelques mois après, dans l'indifférence générale. Voyageur né franco-camerounais, c'est d'une logique imparable que l'œuvre fond chanson française et world music.
Dans une ouverture aux samples poussiéreux, l'univers paraît curieux, cousu de mille et un sons, dont le sample froid laisse tout d'abord songeur ; jusqu'à ce que la voix souffle ‘Mon désir le désert, elle m'attire ma terre'. Il nous semble alors que Ol nous embarque dans un petit périple, le sample répétitif ressemblant fortement à un bruit de moteur asthmatique au démarrage. Ce n'est certainement pas le fruit du hasard si les clichés prit pour le visuel du CD le montre seul au beau milieu d'une route de campagne, à côté d'une voiture sur le départ...
Chanson française au travers de la production royale de Benjamin Biolay, qui malgré tous les préjugés que l'on pourrait tiré de l'écoute de sa propre discographie, a su ici déployer le parfum adéquat dans chacun des arrangements et des idées de Ngog. Guitares acoustiques, contrebasse ou basse, batterie et percussions (Denis Benarrosh, donc rien à dire si ce n'est du bien), claviers et orgue hammond, cuivres et cordes, instruments exotiques... tout est pertinent. Telle l'introduction, des sons ambiants étranges, de toute sorte et dans une proportion quasi-gargantuesque, font scintiller davantage chacune des plages. Une véritable mine sonore, exploitée à foison ou sagement, ne se refermant qu'une fois le disque immobile.
Chanson française bien évidemment à cause des textes français. Des textes d'une apparente simplicité, que l'on soupçonne d'avoir été finement ciselés. Pas de mots savants (là où Ol ‘boit chaude sa science infuse', un autre artiste comme Tété s'y brûle les lèvres), aucune allitération lourdingue ; mais une habilité gracieuse (‘Elle est, j'en fait l'aveu / contre les alizés / le gilet que je veux / il faut être avisé') et un amusement tendant vers la comptine ou la fable (‘Attention au serpent dans l'herbe / qui ne mord pas / mais qui manie le verbe / et vient partager ton repas'). Et ces paroles, Ol sait les chanter d'une voix éthérée, brumeuse, comme un vent de sable cinglant. Les mots s'enfilent, rebondissent, se percutent dans ses murmures et ses harmonies vocales...
Quant à la world music, omniprésente, l'appellation est plutôt vaste, et c'est bien pour cela qu'elle adhère à merveille au répertoire métis de Ol. Une musique du monde entier, mêlant le groove au mysticisme ("Une Trêve"), les déclarations d'amour aux déclarations solennelles, le tube pop au minimalisme. On va de la ville à la jungle, du brûlot au psaume (plus particulièrement sur le fabuleux et tendu "Samory Touré"), de la joie pop à la tension lo-fi. Ainsi, la présence de la reprise réussie de "J'ai Deux Amours" devient logique, témoin flagrant de l'aspect chanson française et world music à la fois (oldie français, Joséphine Baker, les paroles même). Puis des titres accessibles comme les groovy "Rien N'Est A Moi Ni Personne", "Cool Seulement" et "Tout Le Monde Veut Vivre" (avec sa slide à la Ben Harper), ou encore le reggae suave "J'aime" et le merveilleux single "Julia", sont presque tous imparables et s'entremêlent admirablement à d'autres, plus personnels. "Adieu Mais (Salamandre)", "Saison", "Mon Frère", mais surtout l'adaptation d'un traditionnel comorien (soit Îles des Comores) nommé "Ngaya Duwaan Ya Angu" (et la ghost track) semblent alors contenir davantage de l'âme et du cœur du songwriter. Des perles entre folk, lo-fi et world, auxquels il est également quasiment impossible de résister.
Et nous voilà aujourd'hui étonné : un grand songwriter nous été révélé, une musique intelligente made in française dispersée timidement sur les ondes, la ‘nouvelle chanson française' étouffée dans l'œuf ; puis plus rien. Plus aucune trace, que cela soit dans nos oreilles, dans les médias et étonnamment sur la fontaine d'informations qu'est sensé être Internet. Qu'est devenu cet homme ? L'avis de recherche est maintenant lancé...
Dans une ouverture aux samples poussiéreux, l'univers paraît curieux, cousu de mille et un sons, dont le sample froid laisse tout d'abord songeur ; jusqu'à ce que la voix souffle ‘Mon désir le désert, elle m'attire ma terre'. Il nous semble alors que Ol nous embarque dans un petit périple, le sample répétitif ressemblant fortement à un bruit de moteur asthmatique au démarrage. Ce n'est certainement pas le fruit du hasard si les clichés prit pour le visuel du CD le montre seul au beau milieu d'une route de campagne, à côté d'une voiture sur le départ...
Chanson française au travers de la production royale de Benjamin Biolay, qui malgré tous les préjugés que l'on pourrait tiré de l'écoute de sa propre discographie, a su ici déployer le parfum adéquat dans chacun des arrangements et des idées de Ngog. Guitares acoustiques, contrebasse ou basse, batterie et percussions (Denis Benarrosh, donc rien à dire si ce n'est du bien), claviers et orgue hammond, cuivres et cordes, instruments exotiques... tout est pertinent. Telle l'introduction, des sons ambiants étranges, de toute sorte et dans une proportion quasi-gargantuesque, font scintiller davantage chacune des plages. Une véritable mine sonore, exploitée à foison ou sagement, ne se refermant qu'une fois le disque immobile.
Chanson française bien évidemment à cause des textes français. Des textes d'une apparente simplicité, que l'on soupçonne d'avoir été finement ciselés. Pas de mots savants (là où Ol ‘boit chaude sa science infuse', un autre artiste comme Tété s'y brûle les lèvres), aucune allitération lourdingue ; mais une habilité gracieuse (‘Elle est, j'en fait l'aveu / contre les alizés / le gilet que je veux / il faut être avisé') et un amusement tendant vers la comptine ou la fable (‘Attention au serpent dans l'herbe / qui ne mord pas / mais qui manie le verbe / et vient partager ton repas'). Et ces paroles, Ol sait les chanter d'une voix éthérée, brumeuse, comme un vent de sable cinglant. Les mots s'enfilent, rebondissent, se percutent dans ses murmures et ses harmonies vocales...
Quant à la world music, omniprésente, l'appellation est plutôt vaste, et c'est bien pour cela qu'elle adhère à merveille au répertoire métis de Ol. Une musique du monde entier, mêlant le groove au mysticisme ("Une Trêve"), les déclarations d'amour aux déclarations solennelles, le tube pop au minimalisme. On va de la ville à la jungle, du brûlot au psaume (plus particulièrement sur le fabuleux et tendu "Samory Touré"), de la joie pop à la tension lo-fi. Ainsi, la présence de la reprise réussie de "J'ai Deux Amours" devient logique, témoin flagrant de l'aspect chanson française et world music à la fois (oldie français, Joséphine Baker, les paroles même). Puis des titres accessibles comme les groovy "Rien N'Est A Moi Ni Personne", "Cool Seulement" et "Tout Le Monde Veut Vivre" (avec sa slide à la Ben Harper), ou encore le reggae suave "J'aime" et le merveilleux single "Julia", sont presque tous imparables et s'entremêlent admirablement à d'autres, plus personnels. "Adieu Mais (Salamandre)", "Saison", "Mon Frère", mais surtout l'adaptation d'un traditionnel comorien (soit Îles des Comores) nommé "Ngaya Duwaan Ya Angu" (et la ghost track) semblent alors contenir davantage de l'âme et du cœur du songwriter. Des perles entre folk, lo-fi et world, auxquels il est également quasiment impossible de résister.
Et nous voilà aujourd'hui étonné : un grand songwriter nous été révélé, une musique intelligente made in française dispersée timidement sur les ondes, la ‘nouvelle chanson française' étouffée dans l'œuf ; puis plus rien. Plus aucune trace, que cela soit dans nos oreilles, dans les médias et étonnamment sur la fontaine d'informations qu'est sensé être Internet. Qu'est devenu cet homme ? L'avis de recherche est maintenant lancé...
Exceptionnel ! ! 19/20 | par X_YoB |
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