The Servants
Reserved |
Label :
Cherry Red |
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La collaboration entre deux génies du rock anglais (David Westlake, leader de The Servants et Luke Haines, alors guitariste et futur The Auteurs) faillit bien louper. En novembre 1986, les musiciens sympathisent, parlent des Only Ones et des Modern Lovers, se font écouter leurs démos et David Westlake confiera même qu'il songe à faire splitter son groupe, mais l'échange en reste là, Luke Haines ayant décidé de faire une carrière en solo. L'Angleterre manqua de peu passer à côté d'une association qui nourrit toujours l'histoire de l'indie pop.
L'anecdote est racontée dans le livret qui accompagne cette compilation, écrite par Luke Haines lui-même. Le label Cherry Red offre ainsi l'occasion de découvrir ce très bon groupe qu'est The Servants.
La première mouture s'articula autour du songwriter David Westlake qui se joignit la compagnie du guitariste John Mohan, du bassiste Philip King et du batteur John Wills. Ils furent repéré par le label Head Records (un nouveau label indépendant ouvert par un employé de chez Creation Records et par un journaliste de NME) à la suite d'un concert sensation au Water Rats Theatre de Londres en Juillet 1985. C'est grâce à leur premier single, le doucereux "She's Always Hidding" que The Servants se fit remarquer. David Weslake passe alors pour un compositeur raffiné, urbain et racé. Ses chansons, aux guitares douces et claires, prennent l'allure de fulgurantes odes à l'adolescence. Frénétiques ("Meredith") ou bien chaloupées ("Funny Business"), elles symbolisent à merveille ce qu'était le rock anglais à l'époque : insouciante, romantique et au son délicieusement amateur. David Westlake chante d'une voix extrêmement douce, chose rare pour le moment mais qui allait se développer par la suite. Il rend caressants des titres savoureux comme "Loggerheads". The Servants fait carillonner ses guitares, sous une rythmique souple, en leur faisant donner de faux airs sixties, tout en ajoutant un sens de la poésie typiquement british (le savoureux "It Takes No Gentlemen").
Irrémédiablement la formation du Middlesex fut invitée par John Peel à enregistrer une session en mars 1986 qui deviendra mémorable avec des titres enjouées comme "A Fleeting Visit" ou "You'd Do Me Good", si bien qu'ils auraient pu en faire un album, ce qu'il ne firent pourtant pas. Occasion manquée.
Lorsque le magazine NME leur proposa de figurer sur sa compilation C86, en compagnie de formations mythiques de la même veine, Mighty Mighty, The Wolfwounds, The Pastels, Big Flame et bien d'autres, le groupe n'y prêta guère attention et livra la face-B de leur premier single. Seulement la compilation eut un succès énorme et rentra dans la postérité. C'est ainsi que The Servants devint connu avec "Transparent", un drôle de morceau, parodie de Syd Barret. Mais cela arrangeait bien les affaires de David Westlake, désireux de se détacher de la scène 'twee pop' qui commençait à apparaître (The Brillant Corners, Wound-Be-Good, The Chesterfields, The Weather Prophets), si bien qu'il reçut vite la réputation de snob.
The Servants n'arriva jamais à connaître le succès et la cohésion entre ses membres commença à se déliter, tandis que les perles continuaient à s'enchaîner, en témoigne "The Sun, A Small Star", leur plus célèbre chanson, leur meilleur aussi sans doute, tourbillon rafraîchissant de bonheur, à la manière de The Go-Betweens (David Westlake était ami avec Robert Forster).
Cela n'y suffit pas et David Westlake claque la porte. Il rappelle Luke Haines qui finalement le rejoint en studio pour l'enregistrement d'un album pour Creation Records, aujourd'hui introuvable.
En 1987, alors que The Servants ne semble plus qu'un souvenir, Hugh Whitaker, le batteur des géniaux Housemartins souhaite rentrer dans le groupe. Comme le rapporte Luke Haines, les voilà repartis en studio pour offrir une deuxième chance à The Servants.
Il en ressortira des titres exquis (la reprise de Brian Wilson "I Just Wasn't Made For These Time" ou la rareté "Who's Calling You Baby Now ?" et ses violons irrésistibles) de ces sessions entre amis. Lorsque Glass Records leur promet de quoi faire un album, le groupe accepte volontiers, sans se douter qu'il n'aurait finalement aucun moyen. Occasion manquée.
De cette épisode, on retient pourtant les somptueux "Afterglow" ou "It's My Turn", tout en délicatesse dandinée et dandynée.
L'histoire de The Servants aura été celle des incompréhensions et des malédictions. Rien n'aura empêché le groupe de sombrer dans l'anonymat alors qu'il détenait quelques uns des meilleurs songwriter de son époque. La faute à David Westlake et sa phobie de l'industrie londonienne. La faute à l'émergence de nouveaux groupes qui rafleront tous les succès, à commencer par les Stones Roses (que Luke Haines et David Westlake avaient vu à la télé sur l'émission de Tony Wilson, le patron de Factory. Luke Haines racontera plus tard qu'ils s'étaient moqués de leur dégaine, loin de se douter du buzz à venir.). Bref, la faute à pas-de-chance.
Aujourd'hui, le label indépendant Cherry Red Records eut la bonne idée de regrouper tous les titres de ce groupe entre 1986 et 1989 sur cette compilation, afin de ne pas oublier leur magie et leur façon sympathique de pratiquer la pop.
En 1990, The Servants publiera son premier et unique album, Disinterest (qui porte bien son nom), sur Fire Records, en avance sur son temps et qui ne connut aucun succès. Occasion manquée. Encore.
A partir de là, rien ne contraignit la séparation définitive de ce groupe attachant.
L'anecdote est racontée dans le livret qui accompagne cette compilation, écrite par Luke Haines lui-même. Le label Cherry Red offre ainsi l'occasion de découvrir ce très bon groupe qu'est The Servants.
La première mouture s'articula autour du songwriter David Westlake qui se joignit la compagnie du guitariste John Mohan, du bassiste Philip King et du batteur John Wills. Ils furent repéré par le label Head Records (un nouveau label indépendant ouvert par un employé de chez Creation Records et par un journaliste de NME) à la suite d'un concert sensation au Water Rats Theatre de Londres en Juillet 1985. C'est grâce à leur premier single, le doucereux "She's Always Hidding" que The Servants se fit remarquer. David Weslake passe alors pour un compositeur raffiné, urbain et racé. Ses chansons, aux guitares douces et claires, prennent l'allure de fulgurantes odes à l'adolescence. Frénétiques ("Meredith") ou bien chaloupées ("Funny Business"), elles symbolisent à merveille ce qu'était le rock anglais à l'époque : insouciante, romantique et au son délicieusement amateur. David Westlake chante d'une voix extrêmement douce, chose rare pour le moment mais qui allait se développer par la suite. Il rend caressants des titres savoureux comme "Loggerheads". The Servants fait carillonner ses guitares, sous une rythmique souple, en leur faisant donner de faux airs sixties, tout en ajoutant un sens de la poésie typiquement british (le savoureux "It Takes No Gentlemen").
Irrémédiablement la formation du Middlesex fut invitée par John Peel à enregistrer une session en mars 1986 qui deviendra mémorable avec des titres enjouées comme "A Fleeting Visit" ou "You'd Do Me Good", si bien qu'ils auraient pu en faire un album, ce qu'il ne firent pourtant pas. Occasion manquée.
Lorsque le magazine NME leur proposa de figurer sur sa compilation C86, en compagnie de formations mythiques de la même veine, Mighty Mighty, The Wolfwounds, The Pastels, Big Flame et bien d'autres, le groupe n'y prêta guère attention et livra la face-B de leur premier single. Seulement la compilation eut un succès énorme et rentra dans la postérité. C'est ainsi que The Servants devint connu avec "Transparent", un drôle de morceau, parodie de Syd Barret. Mais cela arrangeait bien les affaires de David Westlake, désireux de se détacher de la scène 'twee pop' qui commençait à apparaître (The Brillant Corners, Wound-Be-Good, The Chesterfields, The Weather Prophets), si bien qu'il reçut vite la réputation de snob.
The Servants n'arriva jamais à connaître le succès et la cohésion entre ses membres commença à se déliter, tandis que les perles continuaient à s'enchaîner, en témoigne "The Sun, A Small Star", leur plus célèbre chanson, leur meilleur aussi sans doute, tourbillon rafraîchissant de bonheur, à la manière de The Go-Betweens (David Westlake était ami avec Robert Forster).
Cela n'y suffit pas et David Westlake claque la porte. Il rappelle Luke Haines qui finalement le rejoint en studio pour l'enregistrement d'un album pour Creation Records, aujourd'hui introuvable.
En 1987, alors que The Servants ne semble plus qu'un souvenir, Hugh Whitaker, le batteur des géniaux Housemartins souhaite rentrer dans le groupe. Comme le rapporte Luke Haines, les voilà repartis en studio pour offrir une deuxième chance à The Servants.
Il en ressortira des titres exquis (la reprise de Brian Wilson "I Just Wasn't Made For These Time" ou la rareté "Who's Calling You Baby Now ?" et ses violons irrésistibles) de ces sessions entre amis. Lorsque Glass Records leur promet de quoi faire un album, le groupe accepte volontiers, sans se douter qu'il n'aurait finalement aucun moyen. Occasion manquée.
De cette épisode, on retient pourtant les somptueux "Afterglow" ou "It's My Turn", tout en délicatesse dandinée et dandynée.
L'histoire de The Servants aura été celle des incompréhensions et des malédictions. Rien n'aura empêché le groupe de sombrer dans l'anonymat alors qu'il détenait quelques uns des meilleurs songwriter de son époque. La faute à David Westlake et sa phobie de l'industrie londonienne. La faute à l'émergence de nouveaux groupes qui rafleront tous les succès, à commencer par les Stones Roses (que Luke Haines et David Westlake avaient vu à la télé sur l'émission de Tony Wilson, le patron de Factory. Luke Haines racontera plus tard qu'ils s'étaient moqués de leur dégaine, loin de se douter du buzz à venir.). Bref, la faute à pas-de-chance.
Aujourd'hui, le label indépendant Cherry Red Records eut la bonne idée de regrouper tous les titres de ce groupe entre 1986 et 1989 sur cette compilation, afin de ne pas oublier leur magie et leur façon sympathique de pratiquer la pop.
En 1990, The Servants publiera son premier et unique album, Disinterest (qui porte bien son nom), sur Fire Records, en avance sur son temps et qui ne connut aucun succès. Occasion manquée. Encore.
A partir de là, rien ne contraignit la séparation définitive de ce groupe attachant.
Bon 15/20 | par Vic |
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