Jonathan Wilson

Dixie Blur

Dixie Blur

 Label :     Bella Union 
 Sortie :    vendredi 06 mars 2020 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio  Numérique   

J'ai un problème avec Dixie Blur, le cinquième album de Jonathan Wilson : j'aimerais tellement l'apprécier davantage ! Il dispose pourtant d'atouts indéniables, au premier rang desquels une volonté de renouveau de son auteur, ce qui est souvent une intention des plus louables de la part d'un artiste. En effet, après avoir replacé la scène de Laurel Canyon sur la carte avec un cycle de trois disques débuté en 2011 par Gentle Spirit et poursuivi par Fanfare en 2013, qui proposaient un envoûtant folk psychédélique étiré à l'envi, et un Rare Birds (2018) aussi fou et passionnant que sa pochette est hideuse (auxquels on peut rajouter Frankie Ray, sorti de manière très confidentielle vers 2006), Wilson décida, pour ce nouvel opus, de descendre de ses montagnes de L.A. et de s'en aller enregistrer du côté de Nashville pour renouer avec ses racines sudistes, lui-même étant originaire de Caroline du Nord, et ainsi donner vie à sa vision de la country. Et il ne se rendit pas dans n'importe quel studio, puisqu'il investit les légendaires Sound Emporium (le studio A pour être précis), entouré d'un groupe du cru particulièrement brillant qui lui permit de boucler son affaire en à peine dix jours. Et s'il y a quelque chose que l'on ne peut pas enlever à Dixie Blur, c'est bien la qualité de son rendu sonore et l'excellence de ses musiciens. Ici, tout est réglé à la perfection, on ressent la chaleur du son de manière quasi palpable, tout comme l'incroyable passion de ses créateurs, leur talent dégoulinant d'où que l'on pose notre oreille. C'est de la belle ouvrage assurément.

Alors qu'est-ce qui cloche me direz-vous, les chansons ? Même pas je vous réponds aussitôt, parce que Dixie Blur ne manque pas de morceaux très convaincants. L'introspective "'69 Corvette", avec son violon charmeur, en est un bel exemple, "Riding The Blinds" aussi, avec son changement de ton surprenant aux deux tiers et son ambiance globale assez morose bien développée, ou encore le superbe "Korean Tea", qui termine le disque de façon évanescente, par petites touches de guitares, de pedal steel, de piano. D'une manière générale, le violon bénéficie d'un beau rôle tout au long de l'album ("Pirate", "So Alive", "El Camino Real") et lui apporte soit une vraie touche de légèreté, soit une langueur plutôt délectable.

Non, mon principal souci avec ce Dixie Blur, c'est que, lorsque je l'écoute, je ne ressens pas grand-chose, émotionnellement parlant. Comme dit plus haut, il est assez irréprochable dans ses intentions, sa réalisation, certains de ses morceaux sont de plus vraiment réussis. Mais j'ai beau me le passer encore et encore, écouter les EP qui lui sont reliés, les diverses faces b disponibles, de m'en imprégner du mieux possible (ça devrait me plaire ce virage country !), rien n'y fait, je trouve qu'il lui manque toujours ce petit quelque chose d'indéfinissable qui aurait pu m'y attacher définitivement. Loin de moi l'idée d'affirmer qu'il s'agit d'un réel faux pas pour Jonathan Wilson ou que Dixie Blur ne mérite pas que l'on s'attarde dessus, c'est juste que ça n'a pas totalement fonctionné dans mon cas. Et au fond, tout cela n'est évidemment pas bien grave, ça marchera mieux la prochaine fois, c'est tout.


Sympa   14/20
par Poukram


  En écoute :
https://jonathanwilson.bandcamp.com/album/dixie-blur


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