Buffalo Daughter

Cela devait arriver un jour ou l'autre : il leur aura fallu pas moins de dix années pour y parvenir, mais la musique de Buffalo Daughter devait éclater au grand jour sous sa forme la plus jouissive qui soit. C'est donc chose fait avec ce bien nommé Euphorica. Rythmé, sinueux, rock, funk, electro... Ce n'est pas loin d'une heure haletante que propose cet excellent album de 2006. Exit les chansons de mièvres de I, out les trop pleins electro encombrants de Pshychic, elles reviennent avec les mêmes armes que leurs deux premiers albums (fraîcheur et dispersion) pour un bon moment de folie. Elles réintègrent ici une composition entraînante où l'efficacité prime, et non pas le ton ou la technique. Les trois filles élaborent alors une musique sur laquelle on peut en majorité aussi bien danser, headbanger ou même s'émerveiller des trouvailles ou des exécutions. Le supplément à la recette, c'est la présence d'un invité pour la première fois sur un de leurs albums. Et il a beau ne pas être omniprésent, MoOog Yamamoto brûle les planches sur quatre titres, dont les funkys "Peace" et "Deo Volente", de sa voix caricaturale de chanteur funk sexy. Il chante comme une saucisse, certainement exprès, mais c'est un ingrédient tout à fait compatible au monde patchwork sympathique que développe Buffalo Daughter.
Entre pépites, le furieux "Mutating" d'ouverture, le rock très ‘Veruca Salt sixties' "Beautiful You" à la sortie de batterie et piano tout bonnement magique, l'ambiance sereine mais pas sans loufoqueries de "Bird Song", les sept minutes psychédéliques et déséquilibrées de "Lost Guitar", la retenue de la ballade electro "Winter Song"... Tout ça nous montre le complet étendu de leur talent, ici déversé sans demi-mesure. Les jeunes femmes mélangent tout et nous régalent, gavent notre vice auditif de saveurs multiples faites de sons à la fois étranges et véritables.
Si leur vision du rock reste très particulière, ces bricoleuses font définitivement du son qui arrache...