Ataxia
Automatic Writing |
Label :
Record Collection |
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Alors qu'on peine pas mal à trouver de l'info (et surtout de la musique !) croustillante chez nos maîtres de Fugazi, alors que McKaye semble passer tranquillement à autre chose avec The Evens, voilà que le sage Joe Lally s'acoquine avec l'un des seuls poivrons encore comestible et de son compadre touche-à-tout Josh Klinghoffer. La collaboration peut paraître incongrue lorsqu'on connaît la discographie rien à voir (et triste ces dernières années...) des Red Hot et même la partie épurée de celle de Frusciante, mais l'amitié peut vraiment faire des choses extraordinaires...
Ataxia sort donc de nulle part avec pour objectif de jammer, tripper un peu en live, et ma foi laisser au moins une œuvre audio derrière lui. La formation exceptionnelle navigue au fur et à mesure de ces cinq titres (en 45 minutes à peu près) dans le noise de Fugazi avec l'énorme entrée en matière "Dust", le thème plus ambiant et nonchalant par "Another" aux allures de nyabinghi rock, le dub hystérique via l'excellent "The Sides", du slowcore transcendant tel le gros "Montreal" de fin, (pfffff !), ou la chanson sabordée avec le ‘pouvant être horripilant' "Addition" en seul mini point noir d'un disque à deux doigts d'être divin. Le peu de défauts mis de côté, l'optique des musiciens s'entend tout de suite : les trois partenaires se sont à chaque fois laissés guider par un riff lancé par la basse de Lally, yeux fermés et mains sur leurs instruments, explorant sans timidité une inspiration au rendez-vous. Vues les carrières bien distinctes des bonshommes, il ne peut en ressortir qu'un post-rock pop-rock semi-instrumental où la voix est elle aussi un instrument pertinent. Lally est le maçon, Frusciante le charpentier, Klinghoffer le soudeur. Le premier apporte la base indétronable, le second peint allègrement, le dernier assaisonne en conséquence... Si la complémentarité reste celle d'un side-project, on est loin de la solidité ou de l'homogénéité d'un album de Fugazi, les trois artistes ont une place bien définie qu'ils honorent au plus haut de leur talent durant ces différents climats sonores. Et même si Lally fait strictement la même chose le long d'un morceau, il n'en reste pas moins un bonhomme qui a tout compris à l'efficacité de l'obstination auditive.
On n'aurait pas forcément pensé à assister à une telle réunion, le résultat n'en est pas moins au dessus de la frayeur dès plus réfractaires.
Ataxia sort donc de nulle part avec pour objectif de jammer, tripper un peu en live, et ma foi laisser au moins une œuvre audio derrière lui. La formation exceptionnelle navigue au fur et à mesure de ces cinq titres (en 45 minutes à peu près) dans le noise de Fugazi avec l'énorme entrée en matière "Dust", le thème plus ambiant et nonchalant par "Another" aux allures de nyabinghi rock, le dub hystérique via l'excellent "The Sides", du slowcore transcendant tel le gros "Montreal" de fin, (pfffff !), ou la chanson sabordée avec le ‘pouvant être horripilant' "Addition" en seul mini point noir d'un disque à deux doigts d'être divin. Le peu de défauts mis de côté, l'optique des musiciens s'entend tout de suite : les trois partenaires se sont à chaque fois laissés guider par un riff lancé par la basse de Lally, yeux fermés et mains sur leurs instruments, explorant sans timidité une inspiration au rendez-vous. Vues les carrières bien distinctes des bonshommes, il ne peut en ressortir qu'un post-rock pop-rock semi-instrumental où la voix est elle aussi un instrument pertinent. Lally est le maçon, Frusciante le charpentier, Klinghoffer le soudeur. Le premier apporte la base indétronable, le second peint allègrement, le dernier assaisonne en conséquence... Si la complémentarité reste celle d'un side-project, on est loin de la solidité ou de l'homogénéité d'un album de Fugazi, les trois artistes ont une place bien définie qu'ils honorent au plus haut de leur talent durant ces différents climats sonores. Et même si Lally fait strictement la même chose le long d'un morceau, il n'en reste pas moins un bonhomme qui a tout compris à l'efficacité de l'obstination auditive.
On n'aurait pas forcément pensé à assister à une telle réunion, le résultat n'en est pas moins au dessus de la frayeur dès plus réfractaires.
Excellent ! 18/20 | par X_YoB |
Posté le 29 novembre 2006 à 10 h 06 |
John Frusciante connaît-il seulement le chemin menant à son lit ? Enchaînant les albums solo et les collaborations avec ses amis de Mars Volta, l'ex-toxico à la Stratocaster trouve même le temps d'enregistrer avec un groupe de stars hollywoodiennes au nom usurpé de Piments Rouges des albums sur lesquels il dépose au choix des couleurs gris pop ("By The Way") ou des feux follets rythmico-chauffées à la flamme Hendrixienne ("Stadium Arcadium"), redonnant sur ce dernier enfin un peu de piquant à un combo qui sombrait dans le navrant et qui, au vu des qualités en présence, se foutait de nous. Ceci étant, et malgré tout le bien que l'on peut penser du travail du chevelu chez les pépères, on ne s'en réveille pas la nuit non plus...De sommeil, justement, le guitariste a du en manquer pour parvenir avec ses acolytes d'un jour d'Ataxia au niveau de conscience altérée d'Automatic Writing.
Ecriture automatique, donc, funambule, assurément... Ligne de flottaison brumeuse, le paquebot amarre alors que la nuit déverse ses fantômes, une pluie froide et acide comme seule compagne de voyage...
La première étape d'un trip à la fois neigeux et marin est du genre aventureux. Sans ambages ni présentations, "Dust" ulule, enrage, contenu mais déterminé. Une entrée en matière à tête chercheuse, désespérée certes, mais ne refusant pas pourtant le combat. Et pour le mener, nos moussaillons électriques usent d'armes modernes qui confondent et laissent l'auditeur pantois : claviers en morse, entrelacs de voix, frappe lourde héritée de batailles précédentes et John qui tisse une toile métallique, post-moderne, mathématiquement pensée, comme si Hendrix le Pirate des Caraïbes se réincarnait en Capitaine Neige Carbonique. Tout ceci entête, invente et prend. Pas pour ces gars là, le radiomical. !On respire difficilement, l'assaut est rude mais on aime, on lèche ses plaies et on tend l'autre joue. "Another". Le navire a bien navigué, la brume est partout et le climat est plus doux. Une rencontre Radiohead-Frusciante sur la Mer de la Tranquillité, ça vous dit ? Suivez Ataxia. Ce deuxième morceau développe un petit motif mélodique narcotique traversé de synthés cotonneux, les protagonistes prennent le temps de créer une pastel lunaire qui nous plonge dans l'état comateux du rêve, on a peur, mais on ne se sent pas trop mal, là, dans notre cocon cryogénique, près d'une sirène en plastique ...
"The Sides" : en plein océan, le voyage s'assombrit, de l'autre côté, c'est comment ? Sur un rock qui fluctue, joue les pleins, les déliés, déjoue et se joue de nous, la guitare est tout simplement majestueuse. Frusciante, ici, est grand !!! Son solo scrute, cristallin et c'est à cet instant précis que l'on reconnaît l'équilibriste sans filet de protection, son toucher , le duende... L'ambiance est toujours des plus angoissées, comment d'ailleurs un artiste (rrrrrrraaaaaahhh, ce gros mot !!!) du 21ème siècle peut-il proposer autre chose ? "Addition"prolonge la traversée, mais l'on se rend compte que l'on n'arrivera nulle part, sinon au fond, au fond. Des fontaines glacées de synthétiseurs nous y accueillent, quelque feedback tentant de dégeler l'atmosphère mais rien n'y fait, déjà tout craque, des parasites d'ultrasons saturent le tout. Le navire sombre. "Montreal". Dernière étape, going Montreal. N'était-ce qu'un cauchemar ? En tout cas, le réveil sur la terre ferme n'est pas des plus réconfortants, 'I am looking for an Answer' !!! La guitare tend un voile impressionniste qui souffle le chaud et le froid, Television ressuscité. La pluie d'échardes qui tombe se lézarde dans un dernier larsen entremêlé de claviers venteux. Fin.
Reflétant l'état psychique et l'option créative des musiciens dans le studio, en 'écriture automatique', les 5 morceaux (entre 6 et 11 minutes) sont comme esquissés, on 'voit' les artistes créer sous nos yeux ces tableaux télépathiques. Oh certes, cet album n'a pas fait grand bruit à sa sortie mais (car ?) ce rock ausculte au plus profondément notre époque. Il est empreint de mélancolie et de questions sans réponses mais il a le mérite de chercher et démontre que des gens de talent existent toujours et peuvent émouvoir, sincèrement, tout en produisant une œuvre originale. A ce titre il plaira aux tarés de Radiohead et autres psychopathes de Can, bref aux fondus amateurs d'artistes apportant leur pierre à l'édifice. John Frusciante y est époustouflant de créativité, aidé en cela par ses deux compagnons de funambulisme lui permettant toutes les audaces. Sorte de coma prolongé sur un océan de vagues à l'âme, on sort groggy, hagard, de cette expérience et l'on se dit que tout n'est pas perdu et qu'à force de sonder, on trouvera. Peut-être.
Ecriture automatique, donc, funambule, assurément... Ligne de flottaison brumeuse, le paquebot amarre alors que la nuit déverse ses fantômes, une pluie froide et acide comme seule compagne de voyage...
La première étape d'un trip à la fois neigeux et marin est du genre aventureux. Sans ambages ni présentations, "Dust" ulule, enrage, contenu mais déterminé. Une entrée en matière à tête chercheuse, désespérée certes, mais ne refusant pas pourtant le combat. Et pour le mener, nos moussaillons électriques usent d'armes modernes qui confondent et laissent l'auditeur pantois : claviers en morse, entrelacs de voix, frappe lourde héritée de batailles précédentes et John qui tisse une toile métallique, post-moderne, mathématiquement pensée, comme si Hendrix le Pirate des Caraïbes se réincarnait en Capitaine Neige Carbonique. Tout ceci entête, invente et prend. Pas pour ces gars là, le radiomical. !On respire difficilement, l'assaut est rude mais on aime, on lèche ses plaies et on tend l'autre joue. "Another". Le navire a bien navigué, la brume est partout et le climat est plus doux. Une rencontre Radiohead-Frusciante sur la Mer de la Tranquillité, ça vous dit ? Suivez Ataxia. Ce deuxième morceau développe un petit motif mélodique narcotique traversé de synthés cotonneux, les protagonistes prennent le temps de créer une pastel lunaire qui nous plonge dans l'état comateux du rêve, on a peur, mais on ne se sent pas trop mal, là, dans notre cocon cryogénique, près d'une sirène en plastique ...
"The Sides" : en plein océan, le voyage s'assombrit, de l'autre côté, c'est comment ? Sur un rock qui fluctue, joue les pleins, les déliés, déjoue et se joue de nous, la guitare est tout simplement majestueuse. Frusciante, ici, est grand !!! Son solo scrute, cristallin et c'est à cet instant précis que l'on reconnaît l'équilibriste sans filet de protection, son toucher , le duende... L'ambiance est toujours des plus angoissées, comment d'ailleurs un artiste (rrrrrrraaaaaahhh, ce gros mot !!!) du 21ème siècle peut-il proposer autre chose ? "Addition"prolonge la traversée, mais l'on se rend compte que l'on n'arrivera nulle part, sinon au fond, au fond. Des fontaines glacées de synthétiseurs nous y accueillent, quelque feedback tentant de dégeler l'atmosphère mais rien n'y fait, déjà tout craque, des parasites d'ultrasons saturent le tout. Le navire sombre. "Montreal". Dernière étape, going Montreal. N'était-ce qu'un cauchemar ? En tout cas, le réveil sur la terre ferme n'est pas des plus réconfortants, 'I am looking for an Answer' !!! La guitare tend un voile impressionniste qui souffle le chaud et le froid, Television ressuscité. La pluie d'échardes qui tombe se lézarde dans un dernier larsen entremêlé de claviers venteux. Fin.
Reflétant l'état psychique et l'option créative des musiciens dans le studio, en 'écriture automatique', les 5 morceaux (entre 6 et 11 minutes) sont comme esquissés, on 'voit' les artistes créer sous nos yeux ces tableaux télépathiques. Oh certes, cet album n'a pas fait grand bruit à sa sortie mais (car ?) ce rock ausculte au plus profondément notre époque. Il est empreint de mélancolie et de questions sans réponses mais il a le mérite de chercher et démontre que des gens de talent existent toujours et peuvent émouvoir, sincèrement, tout en produisant une œuvre originale. A ce titre il plaira aux tarés de Radiohead et autres psychopathes de Can, bref aux fondus amateurs d'artistes apportant leur pierre à l'édifice. John Frusciante y est époustouflant de créativité, aidé en cela par ses deux compagnons de funambulisme lui permettant toutes les audaces. Sorte de coma prolongé sur un océan de vagues à l'âme, on sort groggy, hagard, de cette expérience et l'on se dit que tout n'est pas perdu et qu'à force de sonder, on trouvera. Peut-être.
Exceptionnel ! ! 19/20
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