Southern Death Cult
The Southern Death Cult |
Label :
Beggars Banquet |
||||
Allumé, déclamatoire et grandiloquent, le rock noir de Southern Death Cult se fait incisif. Avec des guitares tranchantes et un rythme carré soutenu, pas une once de repos n'est autorisée avec le groupe de Ian Astbury. Soignant ses ambiances aussi élégamment que possible, ce chantre du gothique classe, déguise ses propos dépressifs sous des dehors raffinés aux relents empoisonnés.
Là où la plupart des gens y voyaient un bas goût, on y distingue en réalité un romantisme sublimé.
En effet la richesse et la complexité des chansons de Southern Death Cult canalisent une fougue ostentatoire pour la mettre au service d'une texture d'orfèvre. La rigidité rythmique et l'âpreté des guitares allient élégance et divagation exaltée. L'élan est tel que les mélodies empoignent à la gorge. Chacun des titres, aussi noir soit-il, est une merveille d'emportement entraînant et accrocheur. Volontiers plus scintillante que véritablement sombre, la formation anglaise allie lyrisme orageux et mélodies avenantes.
Par delà les clichés stupides associés au gothisme, on s'ébahit devant cette grâce atteinte, en lieu et place d'une violence souvent supposée. Le ton funèbre et la somme de nombreux détails identifiables qui jettent un décorum sépulcral sur cette musique concourent à une atmosphère unique, majestueuse et confondante.
Le groupe a réussi à élever une musique froide et écrasante vers des sommets d'esthétisme et de beauté qui prennent d'autant plus d'ampleur que le jeu emploie des emphases et un ton à la limite de l'exagération.
Contrairement à ce que nombres d'esprits étroits ont bien voulu déclamer, cette musique est en fait la mise en scène d'interrogations et d'une rébellion vis-à-vis de certains tabous. Faisant du noir leur couleur fétiche, le groupe proposera une alternance au rock, en utilisant l'expression musicale comme support de sujets dérangeants. Mais ces mêmes sujets, non content d'être ceux de tout individu, annihilant toute hypocrisie à cet endroit, sont tout simplement les symptômes de tourments ordinaires. Southern Death Cult, comme tous ceux du mouvement gothique (Christian Death, Fields Of The Nephilim, The Birthay Party, And Also The Trees, Bauhaus...), n'ont fait que reprendre des thèmes essentiels, bien que provocants, pour les grossir, les exagérer, les déformer, les encenser.
Cette démarche s'accompagnait souvent d'un visuel choquant qui s'étendait des graphismes des pochettes de vinyles aux choix vestimentaires. Malheureusement les gens ont fini par confondre l'extérieur avec les motivations, réduisant alors le mouvement à une manifestation purement superficielle, voire à une identification totale au discours, ce qui est faux évidemment. D'ailleurs le chanteur Ian Astbury tenait à marquer la différence entre son inspiration et son mode de vie. Ceci dit, le mercantilisme, dont se sont prêté bien des groupes, n'a fait que semer la confusion.
Ici, dans ce recueil de tous les singles et titres du groupe (qui est en réalité la première mouture des célébrissimes The Cult) parus sur le label mythique Beggars Banquet, on ne côtoie que l'expression d'un art parfaitement maîtrisé, entre morgue post-punk et raffinement arty. La mise en avant d'aspirations malsaines apparaît ici comme le raffinement le plus soigné.
Formidable groupe de rock avant tout, confondant, puissant et incandescent, Southern Death Club revêt une aura incroyable lorsqu'il couvre ses obsessions provocantes d'apparats des plus sublimes. Puisant dans le glam et le punk, cette musique basée sur les effets, les échos, les roulements de batterie et les ambiances plombées, n'est pourtant en aucun cas dépressive mais plutôt enflammée. Vindicative, elle dénonce la toute-puissance du quotidien et des valeurs insidieuses du monde actuel, sans pourtant oublier d'aller plus loin que le nihilisme pur et d'y ajouter une sensibilité exacerbée.
Southern Death Cult restera comme un des chefs de file de ce mouvement incomparable, ayant rendu largement accessible un genre peu commode à la base. On ne revient ensuite jamais tout à fait le même dans ce saut vers l'abîme. L'univers gothique est d'autant plus intéressant qu'il élève des sentiments insolites beaucoup plus riches et intenses que n'importe quel discours sirupeux et inconsistant.
Là où la plupart des gens y voyaient un bas goût, on y distingue en réalité un romantisme sublimé.
En effet la richesse et la complexité des chansons de Southern Death Cult canalisent une fougue ostentatoire pour la mettre au service d'une texture d'orfèvre. La rigidité rythmique et l'âpreté des guitares allient élégance et divagation exaltée. L'élan est tel que les mélodies empoignent à la gorge. Chacun des titres, aussi noir soit-il, est une merveille d'emportement entraînant et accrocheur. Volontiers plus scintillante que véritablement sombre, la formation anglaise allie lyrisme orageux et mélodies avenantes.
Par delà les clichés stupides associés au gothisme, on s'ébahit devant cette grâce atteinte, en lieu et place d'une violence souvent supposée. Le ton funèbre et la somme de nombreux détails identifiables qui jettent un décorum sépulcral sur cette musique concourent à une atmosphère unique, majestueuse et confondante.
Le groupe a réussi à élever une musique froide et écrasante vers des sommets d'esthétisme et de beauté qui prennent d'autant plus d'ampleur que le jeu emploie des emphases et un ton à la limite de l'exagération.
Contrairement à ce que nombres d'esprits étroits ont bien voulu déclamer, cette musique est en fait la mise en scène d'interrogations et d'une rébellion vis-à-vis de certains tabous. Faisant du noir leur couleur fétiche, le groupe proposera une alternance au rock, en utilisant l'expression musicale comme support de sujets dérangeants. Mais ces mêmes sujets, non content d'être ceux de tout individu, annihilant toute hypocrisie à cet endroit, sont tout simplement les symptômes de tourments ordinaires. Southern Death Cult, comme tous ceux du mouvement gothique (Christian Death, Fields Of The Nephilim, The Birthay Party, And Also The Trees, Bauhaus...), n'ont fait que reprendre des thèmes essentiels, bien que provocants, pour les grossir, les exagérer, les déformer, les encenser.
Cette démarche s'accompagnait souvent d'un visuel choquant qui s'étendait des graphismes des pochettes de vinyles aux choix vestimentaires. Malheureusement les gens ont fini par confondre l'extérieur avec les motivations, réduisant alors le mouvement à une manifestation purement superficielle, voire à une identification totale au discours, ce qui est faux évidemment. D'ailleurs le chanteur Ian Astbury tenait à marquer la différence entre son inspiration et son mode de vie. Ceci dit, le mercantilisme, dont se sont prêté bien des groupes, n'a fait que semer la confusion.
Ici, dans ce recueil de tous les singles et titres du groupe (qui est en réalité la première mouture des célébrissimes The Cult) parus sur le label mythique Beggars Banquet, on ne côtoie que l'expression d'un art parfaitement maîtrisé, entre morgue post-punk et raffinement arty. La mise en avant d'aspirations malsaines apparaît ici comme le raffinement le plus soigné.
Formidable groupe de rock avant tout, confondant, puissant et incandescent, Southern Death Club revêt une aura incroyable lorsqu'il couvre ses obsessions provocantes d'apparats des plus sublimes. Puisant dans le glam et le punk, cette musique basée sur les effets, les échos, les roulements de batterie et les ambiances plombées, n'est pourtant en aucun cas dépressive mais plutôt enflammée. Vindicative, elle dénonce la toute-puissance du quotidien et des valeurs insidieuses du monde actuel, sans pourtant oublier d'aller plus loin que le nihilisme pur et d'y ajouter une sensibilité exacerbée.
Southern Death Cult restera comme un des chefs de file de ce mouvement incomparable, ayant rendu largement accessible un genre peu commode à la base. On ne revient ensuite jamais tout à fait le même dans ce saut vers l'abîme. L'univers gothique est d'autant plus intéressant qu'il élève des sentiments insolites beaucoup plus riches et intenses que n'importe quel discours sirupeux et inconsistant.
Très bon 16/20 | par Vic |
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