Oceansize

Everyone Into Position

Everyone Into Position

 Label :     Beggars Banquet 
 Sortie :    mardi 20 septembre 2005 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Effloresce était pourtant déjà presque trop parfait...
Que restait-il à Oceansize pour nous surprendre alors qu'en un album et un EP seulement, le quintet était déjà parvenu à synthétiser Tool et Pink Floyd sans jamais donner l'impression de copier sur qui que ce soit ? A vrai dire, on se serait presque contenté du même menu. Trop rares sont en effet les plats à ce point riches et équilibrés pour que l'on se permette de faire la fine bouche, deuxième service ou non.
Mais Oceansize a semble-t-il tenu à la jouer fine, et a opté pour quelques changements de cap littéralement réjouissants. Bien sûr, on retrouve certains poncifs inévitables qui font que comme le groupe nous y avait déjà habitué, les fondations rythmiques de bien des morceaux adoptent les tracés tortueux du petit chemin de montagne, au détriment de l'Autoroute Neo metal d'en face, sur laquelle l'on peut s'autoriser un rythme de croisière gentiment plus régulier. Pour ne pas dire... routinier.
Oceansize lui, a toujours préféré emprunter l'itinéraire bis, trop peu exploré à son goût. Grand bien lui fasse !
Les chansons débutent sans que l'on sache vraiment ce qu'elles nous réservent (si ce n'est d'être immanquablement passionnantes, mais c'est là toute la magie de ce groupe) et réussissent le tour de force de régulièrement faire passer des titres de 6 à 9 minutes pour des morceaux que l'on jurerait durer 2 fois moins.
"The Charm Offensive" est captivante de retenue, de fausse décontraction, de puissance maîtrisée, tout en érigeant une structure mélodique aussi discrète qu'entêtante. "Heaven Alive" sonne comme une pop song progressive avec des relents symphoniques (!!!), tandis que "New Pin" présente cette même volonté d'accoucher de titres moins attendus, au niveau de l'ambiance notamment (difficilement définissable ici), tout en gardant une cohérence et une accroche mélodique de chaque instant.
Sur ces quelques exemples, Oceansize semble avoir gagné en sagesse, en tempérance, pour imposer des titres peut-être moins impressionnants de prime abord, mais également moins périssables sur la durée.
Mais que l'on ne s'y trompe pas : plus de mesure ne signifie absolument pas que le groupe s'est détaché du travail colossal qu'il affectait à l'écriture de ses morceaux, bien au contraire. Jamais les chansons du groupe n'ont été aussi savamment ficelées, à tel point qu'il vous faudra probablement un sacré paquet d'écoutes avant de pouvoir mesurer le boulot abattu.
Mais là où Oceansize surprend vraiment, c'est qu'au travers de ce disque, il se fait à la fois maître du metal/rock progressif ultra tapageur (l'ahurissant "A Homage To A Shame", bombe de hargne et d'énergie destructrice) et du post rock planant dont on trouve nombre de représentants dans les pays nordiques.
Ainsi "Meredith", "Music for a Nurse" ou "Ornament/The Last Wrongs" renvoient plus que jamais à une musique pétrifiante de beauté, que ne renieraient ni Mogwaï ni Sigur Ros, pour ne citer que les références du genre (oui, pas moins, honnêtement on ne peut guère viser en dessous)...
Bénéficiant de l'apport d'un chant merveilleusement abouti, d'un spectre sonore impressionnant d'ampleur, et d'une capacité à structurer ses morceaux avec une pertinence, une complexité et une originalité notable, le post rock façon Oceansize s'inscrit directement comme étant l'un des plus marquants et touchant qui soit.

Alors au final, nul besoin de tergiverser 50 ans : Oceansize touche à la grâce dans quasiment tout ce qu'il entreprend à travers cette petite collection d'une dizaine de morceaux, aussi éclectiques et complémentaires, qu'intelligemment disposés les uns par rapport aux autres, formant ainsi un tout homogène qui n'est pas loin de faire figure de témoignage parmi les plus vibrants de ce que peut être le rock progressif en 2005.


Excellent !   18/20
par Yoan


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