Acid Mothers Temple
Mantra Of Love |
Label :
Alien 8 |
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Acid Mothers Temple : groupe japonais découvert par pur hasard en automne 2002, lors de leur passage au Batofar à Paris, le concert pro le moins cher de la journée. Grosse claque ce soir là. Sortie de la salle les oreilles bourdonnantes, conscient d'avoir vécu quelque chose de culte, que ce concert resterait dans les plus grands de ma vie...
Quelques tentatives d'écouter le groupe en album par la suite... Echecs répétés : impossible d'entrer dans la densité sonore et bruitiste de ces albums de psychopates (Electric Heavyland, une des galettes les plus inécoutables qu'il m'ait été donné d'écouter).
En 2004 sort ce Mantra Of Love. Chronique l'hiver dans Magic : la voie est libre, on peut rentrer dedans. Je me débrouille pour me le faire offrir à Noel, le rentre dans mon mange-disque, appuie sur play.
De fait, cet album dispose d'une entrée, d'une faille pour rentrer dans le délire. Sorte de rampe d'accès pour Personnes à Mobilité Réduite, la longue intro chantée (6 minutes de chants polyphoniques accompagnés de cordes orientalisantes) permet à l'auditeur handicapé (ou simplement disposant encore de tous ses moyens intellectuels) d'accéder enfin au niveau où tout le reste va se passer. On se fait donc d'abord un peu chier : c'est joli, envoûtant, mais quand même un brin répétitif. De temps en temps, on s'attend à l'explosion, mais non, rien, il faudra attendre 6 minutes pour que ca décolle...
Les cordes s'accélèrent alors, les guitares partent déjà en couille derrière, des bruits de flipper envahissent l'arrière plan, la basse bondit et sautille un peu dans tous les sens, une autre guitare débute un solo interminable. Break.
Déjà dix minutes de passées, tout se ralentit, on croit qu'on en a fini de cette musique de fous. Mais non, les bestiaux sont endurants et repartent de plus belle. Re-solo, re-bruits de flipper, re-ronflements de basse. Des bruits suraïgus nous vrillent les tympans, mais l'âme et le groove de cette pièce nous empèchent de nous en décoller. On est scotchés. Re-break.
14 minutes, des voix féminines reprennent la polyphonie du début avec un accompagnement minimal, ces voix aigües et susurrées donnent un air de paradis à cette pause. On plane bien haut, et on croise des petites nymphettes nippones qui se reposent lassivement sur des nuages immaculés. C'est beau, c'est reposant.
Merde, ca repart. Les angelots s'en vont. Les cordes se font plus insistantes. La batterie a des sursauts. Des Walkiries reprennent le chant des angelots. On n'est pas dupes : nous voici repartis pour l'enfer. 18 minutes, et les solos reprennent. Jamais on a eu tant l'impression que le rock était bien cette musique du diable qu'on nous présentait il y a cinquante ans. Les rythmiques se désorganisent, chacun joue à son idée, sans plus faire attention aux autres. La sueur et la suie aveuglent le batteur qui tape au hasard sur ses fûts. Tout se déstructure, on est proche du bruit. Seul le souvenir lointain de la mélodie de départ nous permet encore de nous accrocher (raison pour laquelle il est totalement vain d'écouter ce titre en avance rapide : soit on s'envoie le tout, soit on ne comprend rien). Total Vacarme. Ce sont les voisins qui vont gueuler. On s'en fout, un sourire diabolique s'imprime sur notre visage, une flamme brûle dans nos yeux, on s'agite, la musique entre partout, ressort, nous traverse... Une bouillie se forme, tout s'entremèle, l'enfer tourne sur lui même... Mais quand va finir ce morceau ??? Quand va-t-on enfin être libérés ? Notre damnation, notre fascination pour ce magma sonore ne pouvant cesser d'elle même, il faudra bien que quelque chose l'arrête ! Une coupure de courant, un tremblement de terre, quoi que ce soit, mais vite, sinon on risque d'y laisser notre raison !
28 minutes. Le cauchemar part aussi vite qu'il était venu, nous laissant là, les membres éparses dans cette plaine dévastée où résonnent encore la saturation.
Un autre titre (peu intéressant), d'un quart d'heure, suit, mais c'est trop tard, on a déjà sorti le disque, on l'a rangé au plus profond de la discothèque, le cachant derrière le reste. Mais au fond de nous, on sait très bien qu'on y reviendra, à ce Mantra Of Love, goûter à nouveau à ce disque maudit et se rapprocher encore un peu de la folie.
Bref, ce disque orgiaque présente un problème pour le chroniqueur : sa qualité dépendra de l'humeur de l'auditeur. En bonnes conditions, il y verra une initiation fascinante au shamanisme, une plongée en apnée dans la folie, un voyage au plus profond de l'enfer, bref, un chef d'œuvre du rock psychédélique. De mauvaise humeur, il n'y verra qu'une immense escroquerie, un pavé inabordable alternant des plages douces où se répète jusqu'à la nausée des gimmicks sans intérêt et des plages de bruit pour le bruit, obscures et indigestes, bref, une bouse digne des progs rocks les plus ratés.
Quoiqu'il en soit, pour quiconque ayant vécu la première alternative, cet album demeurera une expérience forte à retenter aussi tôt que possible.
Quelques tentatives d'écouter le groupe en album par la suite... Echecs répétés : impossible d'entrer dans la densité sonore et bruitiste de ces albums de psychopates (Electric Heavyland, une des galettes les plus inécoutables qu'il m'ait été donné d'écouter).
En 2004 sort ce Mantra Of Love. Chronique l'hiver dans Magic : la voie est libre, on peut rentrer dedans. Je me débrouille pour me le faire offrir à Noel, le rentre dans mon mange-disque, appuie sur play.
De fait, cet album dispose d'une entrée, d'une faille pour rentrer dans le délire. Sorte de rampe d'accès pour Personnes à Mobilité Réduite, la longue intro chantée (6 minutes de chants polyphoniques accompagnés de cordes orientalisantes) permet à l'auditeur handicapé (ou simplement disposant encore de tous ses moyens intellectuels) d'accéder enfin au niveau où tout le reste va se passer. On se fait donc d'abord un peu chier : c'est joli, envoûtant, mais quand même un brin répétitif. De temps en temps, on s'attend à l'explosion, mais non, rien, il faudra attendre 6 minutes pour que ca décolle...
Les cordes s'accélèrent alors, les guitares partent déjà en couille derrière, des bruits de flipper envahissent l'arrière plan, la basse bondit et sautille un peu dans tous les sens, une autre guitare débute un solo interminable. Break.
Déjà dix minutes de passées, tout se ralentit, on croit qu'on en a fini de cette musique de fous. Mais non, les bestiaux sont endurants et repartent de plus belle. Re-solo, re-bruits de flipper, re-ronflements de basse. Des bruits suraïgus nous vrillent les tympans, mais l'âme et le groove de cette pièce nous empèchent de nous en décoller. On est scotchés. Re-break.
14 minutes, des voix féminines reprennent la polyphonie du début avec un accompagnement minimal, ces voix aigües et susurrées donnent un air de paradis à cette pause. On plane bien haut, et on croise des petites nymphettes nippones qui se reposent lassivement sur des nuages immaculés. C'est beau, c'est reposant.
Merde, ca repart. Les angelots s'en vont. Les cordes se font plus insistantes. La batterie a des sursauts. Des Walkiries reprennent le chant des angelots. On n'est pas dupes : nous voici repartis pour l'enfer. 18 minutes, et les solos reprennent. Jamais on a eu tant l'impression que le rock était bien cette musique du diable qu'on nous présentait il y a cinquante ans. Les rythmiques se désorganisent, chacun joue à son idée, sans plus faire attention aux autres. La sueur et la suie aveuglent le batteur qui tape au hasard sur ses fûts. Tout se déstructure, on est proche du bruit. Seul le souvenir lointain de la mélodie de départ nous permet encore de nous accrocher (raison pour laquelle il est totalement vain d'écouter ce titre en avance rapide : soit on s'envoie le tout, soit on ne comprend rien). Total Vacarme. Ce sont les voisins qui vont gueuler. On s'en fout, un sourire diabolique s'imprime sur notre visage, une flamme brûle dans nos yeux, on s'agite, la musique entre partout, ressort, nous traverse... Une bouillie se forme, tout s'entremèle, l'enfer tourne sur lui même... Mais quand va finir ce morceau ??? Quand va-t-on enfin être libérés ? Notre damnation, notre fascination pour ce magma sonore ne pouvant cesser d'elle même, il faudra bien que quelque chose l'arrête ! Une coupure de courant, un tremblement de terre, quoi que ce soit, mais vite, sinon on risque d'y laisser notre raison !
28 minutes. Le cauchemar part aussi vite qu'il était venu, nous laissant là, les membres éparses dans cette plaine dévastée où résonnent encore la saturation.
Un autre titre (peu intéressant), d'un quart d'heure, suit, mais c'est trop tard, on a déjà sorti le disque, on l'a rangé au plus profond de la discothèque, le cachant derrière le reste. Mais au fond de nous, on sait très bien qu'on y reviendra, à ce Mantra Of Love, goûter à nouveau à ce disque maudit et se rapprocher encore un peu de la folie.
Bref, ce disque orgiaque présente un problème pour le chroniqueur : sa qualité dépendra de l'humeur de l'auditeur. En bonnes conditions, il y verra une initiation fascinante au shamanisme, une plongée en apnée dans la folie, un voyage au plus profond de l'enfer, bref, un chef d'œuvre du rock psychédélique. De mauvaise humeur, il n'y verra qu'une immense escroquerie, un pavé inabordable alternant des plages douces où se répète jusqu'à la nausée des gimmicks sans intérêt et des plages de bruit pour le bruit, obscures et indigestes, bref, une bouse digne des progs rocks les plus ratés.
Quoiqu'il en soit, pour quiconque ayant vécu la première alternative, cet album demeurera une expérience forte à retenter aussi tôt que possible.
Très bon 16/20 | par Lupus |
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