The Murder City Devils

The Murder City Devils nous livrent ici à titre posthume un album live, enregistré lors de leur concert d'adieu dans leur fief, à Seattle. Après une carrière de 6 ans (qui les verra accoucher de trois albums et une petite série d'Ep's) écoulée de 1996 à 2001, les Devils décident d'en rester là, notamment suite au depart définitif de Derek Fudesco, qui décide de se consacrer uniquement à son second groupe: Pretty Girls Make Graves. Le guitariste Dann Gallucci s'investit alors dans Modest Mouse. Lors de ce concert d'ultime coalition, la clavieriste Leslie Hardy (ex-Hole) n'est déjà plus de la partie.

L'histoire du groupe (propulsé par Sub Pop) est un rien comparable à At The Drive-In. Tous deux ont en effet pas mal besogné avant de se voir offrir une certaine reconnaissance (qui sera bien moindre pour celle des gars de Seattle, certes) mais surtout, ils ont laissé plané un gros doute quant à la poursuite ou non de leurs activités pour finalement confirmer, pratiquement au même moment, que leur immobilisation était définitive. Les deux bandes tourneront même régulièrement ensemble, notamment lors de la tournée des gaillards d'El Paso qui défendaient alors leur explosif Relationship Of Command.
La dernière production studio des Murder City Devils reste un long EP, proche d'un album complet, intitulé Thelema, où le groupe prouvera une fois de plus son énorme talent et surprendra surtout en montrant sa gigantesque polyvalence.

Au fait, ça ressemble à quoi, MCD ? A rien... dans le bon sens du terme, vu que ces audacieux personnages ont leur style bien à eux. C'est du punk, c'est du pur rock and roll comme on n'en fait plus assez souvent, c'est une voix rauque mais riche et émotionnelle à souhait (imaginez un peu Henry Rollins chantant dans un groupe emo), le tout accompagné d'un clavier percutant qui vous plonge dans une atmosphère encore jamais dégustée.
Mais attaquons maintenant le sujet proprement dit: 19 titres sont présents sur ce disque, recouvrant pratiquement toute la (trop brève mais active) période de Spencer Moody et ses compères. Deux titres inédits seront proposés durant leur set. Une chose frappe d'emblée: la production sonore, même si pas désastreuse, est de faible qualité... Ce qui est indéniable, c'est que la bande à Spencer (le chanteur) est en état d'ébriété (ou autres substances, qui sait). La voix de Spencer Moody a déjà comme caractéristique de nous donner la forte impression qu'elle est remplie de whiskey (et mon dieu, que ça a son charme !) mais ce soir là, il a probablement dû y mettre la forte dose. Il a d'ailleurs beaucoup de mal à prononcer autre chose que "The next song..." entre chaque titre. Même le guitariste tente d'en placer une mais son état d'ivresse y est encore plus flagrant. Ceci dit, quoi de plus rock and roll que jouer avec un taux d'alcool élevé dans le sang, surtout lorsqu'il s'agit d'un ultime défilé ?

L'engouement présent sur leurs productions discographiques, on le retrouve de façon grandiose sur des titres comme "I Drink The Wine", l'inhabituel "Press Gang", le dérangé "Broken Glass" ou encore sur "18 Wheels". Néanmoins, on ne peut pas être entièrement satisfait à l'écoute du dernier combat des Diables. Le son, leur état de fraîcheur et les petits ennuis techniques font qu'on reste sur une faim (ou une soif?) abominable à l'issue de l'écoute.

D'un autre côté, il était sans doute nécessaire de se torcher la gorge à gros coups de boissons alcoolisées tant il est dur de se séparer pour eux, et de ne plus pouvoir les admirer pour nous... Je déconseillerais donc ceux qui ignorent encore qui sont les Murder City Devils de se faire une idée sur cette pièce-ci, mais ils sont quand même urgemment conviés à se ruer sur toute la discographie du groupe.

Une prestation en demi-teinte d'un groupe incomparable et colossal, mais surtout considérablement monstrueux.