Deutsch Amerikanische Freundschaft

Die Kleinen Und Die Bösen

Die Kleinen Und Die Bösen

 Label :     3-Klang 
 Sortie :    1980 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio   

Il est des jours où ne s'offre à la vue du cœur qu'un horizon décharné et infertile en fuite; le ciel se fait plus pesant qu'à l'ordinaire; la promiscuité de l'être avec lui-même devient insupportable. L'esprit, à la recherche d'un peu de fraîcheur miraculeusement épargnée par la tyrannie de son propre empire, furette, fouille compulsivement chaque recoin de son minuscule îlot... et trouve Die Kleinen Und Die Bösen, un concentré certifié germanique de névrose prêt à l'emploi.
En 1980 la vague punk, mourante partout ailleurs, connaît une nouvelle jeunesse en Allemagne. Dans une nation où un mouvement à l'identité aussi affirmée que le krautrock avait eu la part belle dans le milieu et la fin des 70's, la réaction des autochtones ne pouvait en rester à un banal mimétisme sans âme. Spontanément, tout un chapelet de groupes mêlant les bases électroniques édifiées par Kraftwerk et l'agressivité punk apparaît, DAF en tête. Les deux tortionnaires formant "l'amitié germano-américaine" se nomment Robert Gorl et Gabi Delgado-Lopez. Le premier prend un malin plaisir à vriller les nerfs de l'auditeur à l'aide de boucles de synthé particulièrement pernicieuses, tandis que le second se plait tantôt à hurler un flot d'invectives que le plus atrabilaire des kapos aurait apprécié, tantôt à susurrer les obsessions dont son esprit semble saturé. Une rythmique virile et opiniâtre achèvera d'aliéner la volonté déjà enchaînée du sujet, qui de toute manière ne résistera pas à une écoute entière de Die Kleinen Und Die Bösen sans se rouler par terre en hurlant à la mort.
Seule la première moitié de l'album a été réalisée en studio; c'est donc ici l'aspect davantage électronique de DAF qui est favorisé. Entre l'amour aliénant de "Co Co Pino" (un "Cheree" à la sauce DAF !) et la réification totalitaire évoquée par "Essen Dann Schlafen" et "Nacht Arbeit", le ton est vite défini, oscillant entre frustration irréductible et révolte. La seconde partie, live, s'ouvre à partir de "Gewalt", après un "De Panne" aigre et morbide. Une guitare revêche, distordue, vient y accompagner nos joyeux drilles alors que la voix de Gabi redouble de violence, ratissant toutes les nuances de l'angoisse effarouchée ("Auf Wiedersehen") à la bestialité monomaniaque du chefaillon nazi ("Gib's Mir", "Die Lustigen Stiefel").
L'impression dominante que l'on éprouve en écoutant Die Kleinen Und Die Bösen est de se trouver au contact d'un étrange et poignant document d'époque, où serait peint le malaise d'un peuple face au totalitarisme accablant du passé, sans cesse rappelé aux mémoires par son cousin rampant mais non moins dérangeant de l'Est. Un cri.


Exceptionnel ! !   19/20
par Bézu


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