Marianne Faithfull
Before The Poison |
Label :
Naïve |
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Marianne Faithfull aurait dû prendre l'habitude d'accompagner chacun de ses nouveaux albums d'un carton d'invitation, car on a vraiment l'impression qu'à chaque fois, elle nous refait le même coup et qu'elle organise une grande bouffe où serait attablé le gratin pop-rock mondial ! Deux ans après l'étonnant et audacieux Kissing Time (où s'étaient croisés pêle-mêle, Damon Albarn, Beck, Billy Corgan ou encore Jarvis Cocker), Before The Poison remet le couvert avec cette fois, beaucoup de classe et de préciosité.
Aux côtés de la Diva, on retrouve PJ Harvey (décidemment très productive), Nick Cave, Rob Ellis, Jon Brion et à nouveau Damon Albarn, tous venus dérouler le tapis rouge sous ses pieds. Bien plus épuré et dépouillé que son prédescesseur, cet album oscille entre folk-rock et pop, laissant à la voix si particulière de Marianne Faithfull occuper toute la place qu'elle mérite.
Guitares légères, bien souvent acoustiques, fine pluie de notes de piano, soulignent avec douceur et brio un chant poignant et planant ("Crazy Love", "Before The Poison").
Débarrassée de ses oripeaux d'antan devenus inutiles, Dame Marianne se décide enfin à aller à l'essentiel, sans détour, sans s'égarer, même s'il faut pour cela accepter certaines réalités un peu dures, certaines vérités un peu impures ("There Is A Ghost"). Mélancolique sans jamais être tragique, Faithfull semble ici continuer de donner inéluctablement de grands coups de rame dans le grand fleuve de la vie, elle qui a à peu près tout vécu, tout connu (le pire comme le meilleur), qui a enterré la plupart de ceux de sa génération, rescapée (malgré elle) d'une époque d'où on ne sortait que très rarement vainqueur. De "Mystery Of Love" à "Last Song", on sent l'implacable et infinie solitude de celle qui a regardé les autres partir sans ne jamais pouvoir rien y faire, de celle restée là un peu par hasard, un peu par erreur.
L'atmosphère est ici volontairement plus intimiste qu'à l'accoutumée, offrant à l'ensemble une élégance et une pudeur qui forcent le respect. Sans jamais sombrer dans le pathos ou la facilité, Marianne Faithfull garde au contraire la tête haute, fière et tenace ("City Of Quartz", pamphlet contre les injustices du monde moderne dont elle signe les paroles), à l'image de cette pochette réalisée par Mondino où elle pose dans un chaleureux boudoir aux tons ocre-orangé, écartant ses bras comme une fée déploierait ses ailes pour protéger cette petite fille allongée sur ses genoux, tout en nous dévisageant d'un regard inquisiteur et perplexe.
'La plus grande groupie du monde' (ainsi l'appelle ce cher Elmo ! lol) nous offre (enfin) l'album que l'on n'attendait plus vraiment de sa part, passionné et touchant, sincère et aventureux. Certes, elle pourra remercier ses 'nouveaux amis' qui lui ont taillé ici du sur-mesure ; il n'en demeure pas moins que Before The Poison envenime son auditeur d'une grâce ténébreuse, d'une tendre et douloureuse pudeur.
Aux côtés de la Diva, on retrouve PJ Harvey (décidemment très productive), Nick Cave, Rob Ellis, Jon Brion et à nouveau Damon Albarn, tous venus dérouler le tapis rouge sous ses pieds. Bien plus épuré et dépouillé que son prédescesseur, cet album oscille entre folk-rock et pop, laissant à la voix si particulière de Marianne Faithfull occuper toute la place qu'elle mérite.
Guitares légères, bien souvent acoustiques, fine pluie de notes de piano, soulignent avec douceur et brio un chant poignant et planant ("Crazy Love", "Before The Poison").
Débarrassée de ses oripeaux d'antan devenus inutiles, Dame Marianne se décide enfin à aller à l'essentiel, sans détour, sans s'égarer, même s'il faut pour cela accepter certaines réalités un peu dures, certaines vérités un peu impures ("There Is A Ghost"). Mélancolique sans jamais être tragique, Faithfull semble ici continuer de donner inéluctablement de grands coups de rame dans le grand fleuve de la vie, elle qui a à peu près tout vécu, tout connu (le pire comme le meilleur), qui a enterré la plupart de ceux de sa génération, rescapée (malgré elle) d'une époque d'où on ne sortait que très rarement vainqueur. De "Mystery Of Love" à "Last Song", on sent l'implacable et infinie solitude de celle qui a regardé les autres partir sans ne jamais pouvoir rien y faire, de celle restée là un peu par hasard, un peu par erreur.
L'atmosphère est ici volontairement plus intimiste qu'à l'accoutumée, offrant à l'ensemble une élégance et une pudeur qui forcent le respect. Sans jamais sombrer dans le pathos ou la facilité, Marianne Faithfull garde au contraire la tête haute, fière et tenace ("City Of Quartz", pamphlet contre les injustices du monde moderne dont elle signe les paroles), à l'image de cette pochette réalisée par Mondino où elle pose dans un chaleureux boudoir aux tons ocre-orangé, écartant ses bras comme une fée déploierait ses ailes pour protéger cette petite fille allongée sur ses genoux, tout en nous dévisageant d'un regard inquisiteur et perplexe.
'La plus grande groupie du monde' (ainsi l'appelle ce cher Elmo ! lol) nous offre (enfin) l'album que l'on n'attendait plus vraiment de sa part, passionné et touchant, sincère et aventureux. Certes, elle pourra remercier ses 'nouveaux amis' qui lui ont taillé ici du sur-mesure ; il n'en demeure pas moins que Before The Poison envenime son auditeur d'une grâce ténébreuse, d'une tendre et douloureuse pudeur.
Parfait 17/20 | par GirlfromMars |
Posté le 06 novembre 2004 à 17 h 23 |
Meilleur album de Faithfull depuis "Broken English".
L'accompagnement musical est enfin à la hauteur (un moment, ses albums puaient les années 80). Merci PJ Harvey !
La voix, comme toujours, est superbe et dit tout sur le parcours de la Dame.
La diversité des compositeurs, de qualité, donne cependant un ensemble inégal. Au top dans cet album, "Mysteries Of Love", "Before The Poison" (PJ Harvey) et "Last Song" (du type de Blur dont j'ai zappé le nom). Le reste déçoit d'avantage.
Un bel album à l'arrivée. On voit mal Faithfull faire mieux par la suite.
L'accompagnement musical est enfin à la hauteur (un moment, ses albums puaient les années 80). Merci PJ Harvey !
La voix, comme toujours, est superbe et dit tout sur le parcours de la Dame.
La diversité des compositeurs, de qualité, donne cependant un ensemble inégal. Au top dans cet album, "Mysteries Of Love", "Before The Poison" (PJ Harvey) et "Last Song" (du type de Blur dont j'ai zappé le nom). Le reste déçoit d'avantage.
Un bel album à l'arrivée. On voit mal Faithfull faire mieux par la suite.
Bon 15/20
Posté le 11 février 2005 à 13 h 43 |
L'année 2004 s'achève lentement tandis qu'une nouvelle année estudiantine commence.
Une aube nouvelle se profile délicieusement, telle cette lumière, éparse et diffuse,
qui oscille de la fenêtre au mur de la chambre.
Une Mélodie gracieuse et édulcorée semble parsemer le silence de sels et de sols.
Une chaleur douce mais timide encore. Et puis il y a comme l'annonce d'une renaissance,
qui on l'espère sera à la mesure de nos espérances.
C'est que la rentrée laisse augurer d'un grand festin, à l'orée musicale incandescente.
L'on nous promet en effet un très grand cru, et qui plus est, accompagné d'une belle brochette de stars. Il en était de même pour "Kissing Time", mais l'on sait bien ce que cela a donné.
Il nous faut alors attendre que le mois de septembre s'achève enfin pour que disparaissent avec lui, ce qui nous eût bien semblé être de triviaux présupposés.
Fin septembre donc, le nouveau millésime Faithfull est arrivé et avec lui, l'éblouissement simple et l'émotion pure.
Si cet album est aussi le résultat d'une savante et judicieuse collaboration,
on dénombre rien moins que Nick Cave (& the Bad Seeds), PJ Harvey (présente sur l'ensemble de l'album, guitare ou contre-chants), Damon Albarn et John Brion pour la composition (ainsi qu'une aide non moins précieuse à la production de Cave, Harvey, Ellis et Willner) ; c'est un fruit des plus savoureux qui nous est offert sur l'autel automnal, un fruit gorgé de sève subtile et délicate, à la fois acide et sucrée, et d'une délicieuse profondeur.
Un album haut en couleur donc, entre ombre et lumière esquissée, savamment orchestré, où les textes et la voix sont d'une prégnance extraordinaire.
Les compositions bien que variées, y forment un tout relativement homogène ; et sont élaborées avec la plus grande mastria, dans un minimalisme pesé, dans lequel ne transparaît plus que l'essence et la saveur de ce capiteux parfum.
Enfin libérée des clichés kitchs et éculés des années 70 comme des synthés électro de "Kissing Time", l'ambiance se veut ici plus intimiste qu'à l'accoutumée, mais aussi plus rock et plus dépouillée.
Pour cela, la diva sait s'armer de la distance nécessaire pour ne jamais se laisser trop accaparer, et se défie ainsi des écueils les plus communs. Elle s'y dévoile à la fois forte et sensible, touchante et passionnée.
L'opus s'ouvre, dans une veine pop-rock, avec "The Mystery of Love", qui erre non sans réserve dans les sentiers escarpés d'une certaine nostalgie, elle-même fomentée en résurgences de fantômes autrefois aimés.
Un très beau morceau de PJ Harvey, dont le lyrisme sied parfaitement à l'interprétation de dame Marianne. Point de fioriture, la batterie semble n'être de mise ici que pour souligner discrètement des accords portés sur une guitare au son clair
Le "Crazy Love" de Nick Cave poursuit une thématique similaire, mais confine plus encore à l'épure. L'ensemble est porté par des notes de piano fluides et délicates et le violon incisif et langoureux de Warren Ellis (the Bad Seeds, Dirty Three).
Sur un ton mélancolique et presque murmuré, la diva nous évoque les aléas délicats et tortueux du devenir amoureux ; qu'aussi belles et soyeuses que puissent être les roses, elles n'en sont pas moins ainsi érigées vers le ciel par un monstre épineux.
Une autre composition majestueuse résonne de pair avec les deux précédentes, il s'agit de
"There is a Ghost". Si le ton semblerait encore empreinter à la mélancolie ses langoureux apparats, il n'en est pas moins détaché d'une mièvre nostalgie. Ce serait davantage avec sagesse et la force accrue de l'âge que la diva habite ce ténébreux poème.
Une pièce sombre et sensible qui relate le manque suscité par la disparition de l'être aimé.
Bien que le texte soit ici écrit à la troisième personne il n'est toutefois pas sans nous rappeler tous ceux qu'elle a vu partir avant elle, ces êtres chers souvent si tôt disparus, on pense notamment à son amie Nico (la célèbre chanteuse du Velvet Underground.)
"Last Song", composé par Damon Albarn, est également une sombre ballade folk qui s'inscrirait dans le même ton. On notera que c'est le seul morceau qui use d'une section corde pour accompagner la structure de prime abord dénudée (guitare acoustique/voix) de cette composition.
Le beau "My Friends Have", plein de superbe et gracieuse éloquence, est le titre le plus véhément et le plus rock de l'album avec l'éponyme "Before the Poison".
Deux superbes titres, écorchés et rageurs, qui ne déplairaient guère aux fans de PJ Harvey,
à cela près que la voix peut bien se darder ici de l'expérience des années, puisqu'elle a gagné tant en profondeur qu'en expressivité.
Le premier fonctionne comme une élégie qui encense l'amitié sans toutefois oublier d'en souligner les possibles travers.
Le second, en revanche évoque ces années d'insouciance qui précédèrent la dépendance et les néfastes revers de l'héroïne et autres drogues en vogue à l'époque.
Pj Harvey signera encore deux titres sur cet album :
"In the Factory" est un morceau lancinant et dépouillé, qui par l'entremise d'une rythmique guitare qui évolue de manière répétitive et cyclique, et d'un piano en contretemps, évoque un certain martèlement. Les paroles y sont incisives et éloquentes et le ton sombre et blasé.
<<It's hard to believe in the factory, how they made you, how they made me, made of ideas, made to think and feel... you're too full of life, what you want with mine?... did i have to pay?...>>
Marianne Faithfull s'insurge là contre la préfabrication aliénante de l'outrancière industrialisation.
"No Child of Mine" qui n'était qu'un petit intermède sur "Uh Huh Her" prend ici toute son ampleur. Le morceau prend alors son grand visage et nous invite plus encore à nous défier de toute influence. Il revêt même plus de corps et de densité, de saveur et de texture que l'original, autrement dit une composition que dame Faithfull porte à son apogée.
Une belle leçon à laquelle nous enjoint le corps de ce texte. Des paroles qui peuvent, de prime abord, nous paraîtrent un peu dures, mais qui ne seraient être une plus belle preuve d'amour, dans ce que celui-ci peu avoir de plus beau et de plus pur, quand libéré des oripeaux exclusifs dont communément on l'affuble, il se retrouve en sa quintessence, le plus désintéressé.
L'opus s'achève alors en douceur avec "City of Quartz", une pièce étrange qui semble émerger de lointains souvenirs d'enfance et résonne en écho avec cette ambiance de cabaret Brechtien présente sur ces précédentes oeuvres composées avec Kurt Weil.
Une composition qui revient cette fois au compositeur classique John Brion.
Toy piano, glockenspiel, boite à musique et autres farfelus instruments en tout genre parsèment l'ensemble de ce titre d'une atmosphère onirique bien singulière. Une comptine d'un autre age qui trouverait aisément sa place dans un film. Un clin d'oeil sans doute au fait que la dame aime s'inspiré de films lors de la composition de ses albums. (On s'est inspiré pour cet album plus encore que pour ses prédécesseurs de vieux films. En l'occurence ici de : "La Petite" de Louis Malle, "Les Enfants du Paradis" de Marcel Carné ou encore "City of Quartz" de Mike Davis.)
On a oublié à l'écoute de "Before the Poison" l'ex-égérie des années 70, aux chansons fluettes et mielleuses qu'elle a pu être, et nous régalons ici d'autant de cette exemplaire métamorphose .
Si comme tous les grands crus Marianne Faithfull a incontestablement gagné avec le poids des années, tant en élégance qu'en profondeur, on lui souhaite encore de belles années, comme l'on s'impatiente déjà de ce qu'elle nous proposera après cet album majeur. Et quand bien même il devrait être le dernier, il n'en serait pas moins un des plus fidèles monuments;, et l'on sait d'ores et déjà qu'il nous envenimera encore longtemps de son abyssal et liquoreux venin.
Une aube nouvelle se profile délicieusement, telle cette lumière, éparse et diffuse,
qui oscille de la fenêtre au mur de la chambre.
Une Mélodie gracieuse et édulcorée semble parsemer le silence de sels et de sols.
Une chaleur douce mais timide encore. Et puis il y a comme l'annonce d'une renaissance,
qui on l'espère sera à la mesure de nos espérances.
C'est que la rentrée laisse augurer d'un grand festin, à l'orée musicale incandescente.
L'on nous promet en effet un très grand cru, et qui plus est, accompagné d'une belle brochette de stars. Il en était de même pour "Kissing Time", mais l'on sait bien ce que cela a donné.
Il nous faut alors attendre que le mois de septembre s'achève enfin pour que disparaissent avec lui, ce qui nous eût bien semblé être de triviaux présupposés.
Fin septembre donc, le nouveau millésime Faithfull est arrivé et avec lui, l'éblouissement simple et l'émotion pure.
Si cet album est aussi le résultat d'une savante et judicieuse collaboration,
on dénombre rien moins que Nick Cave (& the Bad Seeds), PJ Harvey (présente sur l'ensemble de l'album, guitare ou contre-chants), Damon Albarn et John Brion pour la composition (ainsi qu'une aide non moins précieuse à la production de Cave, Harvey, Ellis et Willner) ; c'est un fruit des plus savoureux qui nous est offert sur l'autel automnal, un fruit gorgé de sève subtile et délicate, à la fois acide et sucrée, et d'une délicieuse profondeur.
Un album haut en couleur donc, entre ombre et lumière esquissée, savamment orchestré, où les textes et la voix sont d'une prégnance extraordinaire.
Les compositions bien que variées, y forment un tout relativement homogène ; et sont élaborées avec la plus grande mastria, dans un minimalisme pesé, dans lequel ne transparaît plus que l'essence et la saveur de ce capiteux parfum.
Enfin libérée des clichés kitchs et éculés des années 70 comme des synthés électro de "Kissing Time", l'ambiance se veut ici plus intimiste qu'à l'accoutumée, mais aussi plus rock et plus dépouillée.
Pour cela, la diva sait s'armer de la distance nécessaire pour ne jamais se laisser trop accaparer, et se défie ainsi des écueils les plus communs. Elle s'y dévoile à la fois forte et sensible, touchante et passionnée.
L'opus s'ouvre, dans une veine pop-rock, avec "The Mystery of Love", qui erre non sans réserve dans les sentiers escarpés d'une certaine nostalgie, elle-même fomentée en résurgences de fantômes autrefois aimés.
Un très beau morceau de PJ Harvey, dont le lyrisme sied parfaitement à l'interprétation de dame Marianne. Point de fioriture, la batterie semble n'être de mise ici que pour souligner discrètement des accords portés sur une guitare au son clair
Le "Crazy Love" de Nick Cave poursuit une thématique similaire, mais confine plus encore à l'épure. L'ensemble est porté par des notes de piano fluides et délicates et le violon incisif et langoureux de Warren Ellis (the Bad Seeds, Dirty Three).
Sur un ton mélancolique et presque murmuré, la diva nous évoque les aléas délicats et tortueux du devenir amoureux ; qu'aussi belles et soyeuses que puissent être les roses, elles n'en sont pas moins ainsi érigées vers le ciel par un monstre épineux.
Une autre composition majestueuse résonne de pair avec les deux précédentes, il s'agit de
"There is a Ghost". Si le ton semblerait encore empreinter à la mélancolie ses langoureux apparats, il n'en est pas moins détaché d'une mièvre nostalgie. Ce serait davantage avec sagesse et la force accrue de l'âge que la diva habite ce ténébreux poème.
Une pièce sombre et sensible qui relate le manque suscité par la disparition de l'être aimé.
Bien que le texte soit ici écrit à la troisième personne il n'est toutefois pas sans nous rappeler tous ceux qu'elle a vu partir avant elle, ces êtres chers souvent si tôt disparus, on pense notamment à son amie Nico (la célèbre chanteuse du Velvet Underground.)
"Last Song", composé par Damon Albarn, est également une sombre ballade folk qui s'inscrirait dans le même ton. On notera que c'est le seul morceau qui use d'une section corde pour accompagner la structure de prime abord dénudée (guitare acoustique/voix) de cette composition.
Le beau "My Friends Have", plein de superbe et gracieuse éloquence, est le titre le plus véhément et le plus rock de l'album avec l'éponyme "Before the Poison".
Deux superbes titres, écorchés et rageurs, qui ne déplairaient guère aux fans de PJ Harvey,
à cela près que la voix peut bien se darder ici de l'expérience des années, puisqu'elle a gagné tant en profondeur qu'en expressivité.
Le premier fonctionne comme une élégie qui encense l'amitié sans toutefois oublier d'en souligner les possibles travers.
Le second, en revanche évoque ces années d'insouciance qui précédèrent la dépendance et les néfastes revers de l'héroïne et autres drogues en vogue à l'époque.
Pj Harvey signera encore deux titres sur cet album :
"In the Factory" est un morceau lancinant et dépouillé, qui par l'entremise d'une rythmique guitare qui évolue de manière répétitive et cyclique, et d'un piano en contretemps, évoque un certain martèlement. Les paroles y sont incisives et éloquentes et le ton sombre et blasé.
<<It's hard to believe in the factory, how they made you, how they made me, made of ideas, made to think and feel... you're too full of life, what you want with mine?... did i have to pay?...>>
Marianne Faithfull s'insurge là contre la préfabrication aliénante de l'outrancière industrialisation.
"No Child of Mine" qui n'était qu'un petit intermède sur "Uh Huh Her" prend ici toute son ampleur. Le morceau prend alors son grand visage et nous invite plus encore à nous défier de toute influence. Il revêt même plus de corps et de densité, de saveur et de texture que l'original, autrement dit une composition que dame Faithfull porte à son apogée.
Une belle leçon à laquelle nous enjoint le corps de ce texte. Des paroles qui peuvent, de prime abord, nous paraîtrent un peu dures, mais qui ne seraient être une plus belle preuve d'amour, dans ce que celui-ci peu avoir de plus beau et de plus pur, quand libéré des oripeaux exclusifs dont communément on l'affuble, il se retrouve en sa quintessence, le plus désintéressé.
L'opus s'achève alors en douceur avec "City of Quartz", une pièce étrange qui semble émerger de lointains souvenirs d'enfance et résonne en écho avec cette ambiance de cabaret Brechtien présente sur ces précédentes oeuvres composées avec Kurt Weil.
Une composition qui revient cette fois au compositeur classique John Brion.
Toy piano, glockenspiel, boite à musique et autres farfelus instruments en tout genre parsèment l'ensemble de ce titre d'une atmosphère onirique bien singulière. Une comptine d'un autre age qui trouverait aisément sa place dans un film. Un clin d'oeil sans doute au fait que la dame aime s'inspiré de films lors de la composition de ses albums. (On s'est inspiré pour cet album plus encore que pour ses prédécesseurs de vieux films. En l'occurence ici de : "La Petite" de Louis Malle, "Les Enfants du Paradis" de Marcel Carné ou encore "City of Quartz" de Mike Davis.)
On a oublié à l'écoute de "Before the Poison" l'ex-égérie des années 70, aux chansons fluettes et mielleuses qu'elle a pu être, et nous régalons ici d'autant de cette exemplaire métamorphose .
Si comme tous les grands crus Marianne Faithfull a incontestablement gagné avec le poids des années, tant en élégance qu'en profondeur, on lui souhaite encore de belles années, comme l'on s'impatiente déjà de ce qu'elle nous proposera après cet album majeur. Et quand bien même il devrait être le dernier, il n'en serait pas moins un des plus fidèles monuments;, et l'on sait d'ores et déjà qu'il nous envenimera encore longtemps de son abyssal et liquoreux venin.
Excellent ! 18/20
Posté le 01 août 2005 à 20 h 51 |
Marianne Faithfull, deux ans après son "Kissing Time" ne décevra pas : l'automne sera tendre et vaporeux comme jamais. "Before The Poison" nous fera observer cette saison jaunâtre -peinture de la décomposition- avec une béatitude et une douceur indescriptibles. La chose est sûre, certaine, irrévocable : les invités prestigieux qui hantent délicatement cet album en sont une grande preuve. Il y aura en lui, assurément, l'esprit suave et énervé de PJ Harvey -que l'on a retrouvé sur son merveilleux "Uh Huh Her" quelques mois plus tôt (l'album de Faithfull sera ainsi folk et rock) ; il contiendra également l'aspect morbide et romantique de Nick Cave accompagné par un bout de ses Bad Seeds ("Murder Ballads") ; Damon Albarn lui apportera son ouverture musicale et son ingénieux sens de la production ; Rob Ellis touchera le berceau de son doigt de poète et de producteur hors pair ; et enfin, le génie mélodieux certain de Jon Brillon lui offrira tout son talent.
"Before The Poison" puise quelque chose dans toutes ces personnes, qui donnent chacune une propre et magnifique définition du mot Musique. En l'écoutant enfin, après de nombreuses hypothèses, on se dit -avec la fierté d'un scientifique ayant démontré sa thèse : "j'avais raison". Eh oui, on a eu plus que raison de dérouler un lit de roses aux pieds de cet album avant même de l'avoir écouté. Nous sommes assurés de pouvoir porter toute notre confiance en ces cinq artistes qui ont su enjoliver comme il le fallait Marianne Faithfull.
Parlons-en justement, de cette ancienne égérie embellie par le temps : Faithfull, en plus d'avoir trouvé les compositeurs parfaits pour enluminer sa voix tachée par la nicotine et le whisky, nous livre une interprétation grandiose des dix titres de cet opus. Des chansons telles que "No Child Of Mine" (une reprise de PJ Harvey) ou "There Is A Ghost" écrite par Nick Cave –ô combien poignante !- semblent avoir été pensées et produites par la dame, dans la plus stricte intimité. Dans son monde qu'à elle. D'autres, à l'image de "Desperento", de "City Of Quartz" ou d' "In The Factory" affichent les esprits associés à la voix sans laisser de doutes.
Ainsi, Faithfull a ouvert, les bras en croix, son cœur, ses joies et ses maux ; et a accueilli -toujours dans la même position et avec la même ouverture- les idées et les goûts de ceux qui ont permis à "Before The Poison" d'être ce qu'il est. La dame a su faire ce don d'elle même avec une finesse remarquable et accepter ce don d'autrui avec la même subtilité.
Ce disque, malgré une véritable homogénéité, est une palette de multiples couleurs et de multiples temps. Du noir pour son côté triste, énervé et affligé ("Before The Poison") , du rose pâle pour sa douceur ("Last Song"). Une grande référence au passé ("There Is A Ghost") s'imprègne dans l'air du temps ("Desperanto").
En écoutant "Before The Poison", un après-midi d'automne, lové dans la solitude, on se verra subitement côtoyer tout un monde fait d'histoires, de multiples gens, et de vies.
L'inverse marche aussi : cet album nous fera ressentir en nous une complète intimité –tout simplement parce qu'il est très intimiste-, même en marchant dans les grands boulevards.
"Before The Poison" puise quelque chose dans toutes ces personnes, qui donnent chacune une propre et magnifique définition du mot Musique. En l'écoutant enfin, après de nombreuses hypothèses, on se dit -avec la fierté d'un scientifique ayant démontré sa thèse : "j'avais raison". Eh oui, on a eu plus que raison de dérouler un lit de roses aux pieds de cet album avant même de l'avoir écouté. Nous sommes assurés de pouvoir porter toute notre confiance en ces cinq artistes qui ont su enjoliver comme il le fallait Marianne Faithfull.
Parlons-en justement, de cette ancienne égérie embellie par le temps : Faithfull, en plus d'avoir trouvé les compositeurs parfaits pour enluminer sa voix tachée par la nicotine et le whisky, nous livre une interprétation grandiose des dix titres de cet opus. Des chansons telles que "No Child Of Mine" (une reprise de PJ Harvey) ou "There Is A Ghost" écrite par Nick Cave –ô combien poignante !- semblent avoir été pensées et produites par la dame, dans la plus stricte intimité. Dans son monde qu'à elle. D'autres, à l'image de "Desperento", de "City Of Quartz" ou d' "In The Factory" affichent les esprits associés à la voix sans laisser de doutes.
Ainsi, Faithfull a ouvert, les bras en croix, son cœur, ses joies et ses maux ; et a accueilli -toujours dans la même position et avec la même ouverture- les idées et les goûts de ceux qui ont permis à "Before The Poison" d'être ce qu'il est. La dame a su faire ce don d'elle même avec une finesse remarquable et accepter ce don d'autrui avec la même subtilité.
Ce disque, malgré une véritable homogénéité, est une palette de multiples couleurs et de multiples temps. Du noir pour son côté triste, énervé et affligé ("Before The Poison") , du rose pâle pour sa douceur ("Last Song"). Une grande référence au passé ("There Is A Ghost") s'imprègne dans l'air du temps ("Desperanto").
En écoutant "Before The Poison", un après-midi d'automne, lové dans la solitude, on se verra subitement côtoyer tout un monde fait d'histoires, de multiples gens, et de vies.
L'inverse marche aussi : cet album nous fera ressentir en nous une complète intimité –tout simplement parce qu'il est très intimiste-, même en marchant dans les grands boulevards.
Excellent ! 18/20
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