Paul Westerberg
Suicaine Gratification |
Label :
Capitol |
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Pour ses 40 ans, Paul Westerberg s'est offert une crise. Il a joué le jeu sur ses deux premiers albums solos, il s'est bien habillé pour vendre ses disques mais s'est senti stupide, d'autant plus que personne ne s'est vraiment pâmé devant eux. Masse de contradictions ambulante, Paul le rocker rebelle ranafoutre a décidé de se mettre au piano, y a trouvé une inspiration nouvelle et une lueur d'espoir. Très impressionné par ces chansons matures et tristes, le patron de sa maison de disques se porte garant pour lui : ce disque, il le défendra jusqu'au bout et va placer Paul dans la galaxie des singer-songwriters à la Neil Young. Don Was, fan de longue date, accepte de produire et les deux vont s'entendre comme larrons en foire (la production de l'album est signée WASterberg) malgré la thématique sombre des compositions d'un Westerberg branché en mode confession. Suicaine Gratification n'est pas –loin s'en faut- un disque sans faille mais il représente le dernier moment de la carrière de Westerberg où s'affichent encore un peu d'ambitions de plaire et bien faire, les albums suivants, aussi réussis soient-ils, seront tous en mode brouillon, ça passe ou ça casse.
L'ouverture est merveilleuse : une simple guitare acoustique sur laquelle Paul pose des paroles qu'on soupçonne hautement autobiographiques qui parlent de "ces misanthropes, ces gars comme moi" à qui il ne faut pas confier –dans tous les sens du terme- ses rêves. Souvent le piano domine ("Self Defense", "Sunrise Always Listens") mais Westerberg impressionne sur sa construction en poupée russe "Fugitive Kind" : un piano et un chant inhabituellement grave en intro avant une fuite en avant désespérée bâtie sur des escaliers de guitares avant de se jeter dans le vide sur le solo. Au-delà des morceaux de bravoures, Suicaine Gratification est aussi un album de petites chansons tristes sur "Tears Rolling Up Our Sleeves" ou la captivante et très révélatrice "Best Thing That Never Happened", parfaite illustration de la cruauté du parolier, et de grands moments comme "Born For Me", lente rumination à propos Juliana Hatfield (à noter que 17 ans plus tard, les 2 reprendront ensemble cette chanson sur l'album de The I Don't Cares) et l'incroyable "Whatever Makes You Happy", grand moment pop qui aurait dû être un tube dans un monde idéal.
La suite ? Au moment de lancer l'album, le patron de la maison de disques est remercié, le remplaçant n'a cure de cet album malade et Suicaine Gratification sort discrètement, certaines chansons se retrouvent sur la bo de la série Dawson et Westerberg –déjà pas bien joyeux- boude et va disparaitre dans la nature quelques années, concentré sur son rôle de papa avant de se réinventer au milieu des années 00. Ce disque devait être un renouveau artistique cathartique mais une fois de plus le train a déraillé... Cependant dans tout ce marasme surnagent des recoins lumineux pour un Paul crevant d'envie d'avoir la reconnaissance des gens qu'il déteste : "It's a Wonderful Lie" est depuis devenu un petit classique culte repris par beaucoup, Nick Hornby a écrit tout un chapitre sur "Born For Me" et l'album gagne doucement en réputation jusqu'au jour où –probablement trop tard- le monde se réveillera sur le talent incomparable de l'autre génie de Minneapolis.
L'ouverture est merveilleuse : une simple guitare acoustique sur laquelle Paul pose des paroles qu'on soupçonne hautement autobiographiques qui parlent de "ces misanthropes, ces gars comme moi" à qui il ne faut pas confier –dans tous les sens du terme- ses rêves. Souvent le piano domine ("Self Defense", "Sunrise Always Listens") mais Westerberg impressionne sur sa construction en poupée russe "Fugitive Kind" : un piano et un chant inhabituellement grave en intro avant une fuite en avant désespérée bâtie sur des escaliers de guitares avant de se jeter dans le vide sur le solo. Au-delà des morceaux de bravoures, Suicaine Gratification est aussi un album de petites chansons tristes sur "Tears Rolling Up Our Sleeves" ou la captivante et très révélatrice "Best Thing That Never Happened", parfaite illustration de la cruauté du parolier, et de grands moments comme "Born For Me", lente rumination à propos Juliana Hatfield (à noter que 17 ans plus tard, les 2 reprendront ensemble cette chanson sur l'album de The I Don't Cares) et l'incroyable "Whatever Makes You Happy", grand moment pop qui aurait dû être un tube dans un monde idéal.
La suite ? Au moment de lancer l'album, le patron de la maison de disques est remercié, le remplaçant n'a cure de cet album malade et Suicaine Gratification sort discrètement, certaines chansons se retrouvent sur la bo de la série Dawson et Westerberg –déjà pas bien joyeux- boude et va disparaitre dans la nature quelques années, concentré sur son rôle de papa avant de se réinventer au milieu des années 00. Ce disque devait être un renouveau artistique cathartique mais une fois de plus le train a déraillé... Cependant dans tout ce marasme surnagent des recoins lumineux pour un Paul crevant d'envie d'avoir la reconnaissance des gens qu'il déteste : "It's a Wonderful Lie" est depuis devenu un petit classique culte repris par beaucoup, Nick Hornby a écrit tout un chapitre sur "Born For Me" et l'album gagne doucement en réputation jusqu'au jour où –probablement trop tard- le monde se réveillera sur le talent incomparable de l'autre génie de Minneapolis.
Bon 15/20 | par Granpa |
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