Keaton Henson
Dear |
Label :
Motive Sounds Recordings |
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Voici un disque qui démarre timidement, comme si son auteur reculait le début, de peur. "Prologue", la musique naturelle des oiseaux d'abord, puis quelques notes egrenées, et enfin une mélodie accompagnée d'un chant qui s'évade presque. Keaton Henson n'est pas du genre démonstratif.
Dear est son premier album, quasi accidentel. Fin 2010, pressé à quelques exemplaires suivant l'idée d'un ami, le disque est adressé personellement à chaque destinataire : Dear X, Dear XX, ..., puis encouragé par d'autres il en fabrique un peu plus et le partage sur internet. Il fonde son propre label, Oak Ten, et sort véritablement l'album en avril 2012. La carrière du tourmenté Keaton Henson est lancée. Lui qui préfère l'ombre aux lumières.
Revenons à Dear. Il y joue seul ses chansons ciselées, il chante comme s'il ne voulait pas chanter, avec une voix légèrement faussée, voilée. Seuls trois titres bénéficient d'une voix féminine supplémentaire, c'est le seul ajout de l'album avec des notes discrètes au piano ou au violon, pour le reste c'est la nudité d'un guitare/voix basique, modeste. Et pourtant ce disque est tout sauf squelettique. A l'instar de Nick Drake il remplit tout l'espace.
Keaton Henson chante et joue pour lui, pourtant il nous cueille et nous étreint avec ses douces complaintes. Ces chansons enregistrées dans sa chambre de banlieue londonienne s'insinuent dans les têtes, envahissent les cœurs et secouent les émotions, il aurait pu écrire le "Ne me secouez pas je suis plein de larmes." d'Henri Calet, sa dernière phrase écrite quelques heures avant de mourir. Dear est un album qui remue l'auditeur, "Flesh And Bone" est emblématique de cette ambiance créée avec si peu.
Dès "You Don't Know How Lucky You Are", première chanson de l'album après le prologue, Keaton Henson nous attrape, sa voix gracile, une guitare électrique pour le reste, et nous fait bien sentir qu'on ne va pas sortir indemne de ce disque. Impression confirmée dès le suivant, le sublime "Charon", Charon le nocher, le passeur des âmes vers le royaume des morts. Et ça se confirme jusqu'à l'ultime "Party Song" où le stade mélancolique est dépassé depuis longtemps.
Dear est un puits infini de beauté, l'écouter une seule fois c'est s'y perdre.
J'ai découvert Keaton Henson sur un malentendu. Je cherchais, comme souvent, des chanteuses plus ou moins folk. Son nom passe, je crois écouter une femme pendant quelques secondes avant de me rendre que c'est un homme. De temps en temps sa voix fait penser à Will Oldham, le même voile un peu enroué, à Bon Iver également. On retrouve le même désenchantement que chez Jeff Martin d'Idaho ou Chris Hooson de Dakota Suite, et Nick Drake encore, voire le Neil Young des tréfonds mélancoliques. Keaton Henson ne singe pas ces auteurs il en serait bien incapable, il fait partie de ce groupe d'inadaptés pour qui la musique n'est ni un loisir ni une profession, mais bel et bien un refuge loin du tumulte.
Des chanteuses m'ont ému aux larmes, rarement des chanteurs, lui oui.
Dear est son premier album, quasi accidentel. Fin 2010, pressé à quelques exemplaires suivant l'idée d'un ami, le disque est adressé personellement à chaque destinataire : Dear X, Dear XX, ..., puis encouragé par d'autres il en fabrique un peu plus et le partage sur internet. Il fonde son propre label, Oak Ten, et sort véritablement l'album en avril 2012. La carrière du tourmenté Keaton Henson est lancée. Lui qui préfère l'ombre aux lumières.
Revenons à Dear. Il y joue seul ses chansons ciselées, il chante comme s'il ne voulait pas chanter, avec une voix légèrement faussée, voilée. Seuls trois titres bénéficient d'une voix féminine supplémentaire, c'est le seul ajout de l'album avec des notes discrètes au piano ou au violon, pour le reste c'est la nudité d'un guitare/voix basique, modeste. Et pourtant ce disque est tout sauf squelettique. A l'instar de Nick Drake il remplit tout l'espace.
Keaton Henson chante et joue pour lui, pourtant il nous cueille et nous étreint avec ses douces complaintes. Ces chansons enregistrées dans sa chambre de banlieue londonienne s'insinuent dans les têtes, envahissent les cœurs et secouent les émotions, il aurait pu écrire le "Ne me secouez pas je suis plein de larmes." d'Henri Calet, sa dernière phrase écrite quelques heures avant de mourir. Dear est un album qui remue l'auditeur, "Flesh And Bone" est emblématique de cette ambiance créée avec si peu.
Dès "You Don't Know How Lucky You Are", première chanson de l'album après le prologue, Keaton Henson nous attrape, sa voix gracile, une guitare électrique pour le reste, et nous fait bien sentir qu'on ne va pas sortir indemne de ce disque. Impression confirmée dès le suivant, le sublime "Charon", Charon le nocher, le passeur des âmes vers le royaume des morts. Et ça se confirme jusqu'à l'ultime "Party Song" où le stade mélancolique est dépassé depuis longtemps.
Dear est un puits infini de beauté, l'écouter une seule fois c'est s'y perdre.
J'ai découvert Keaton Henson sur un malentendu. Je cherchais, comme souvent, des chanteuses plus ou moins folk. Son nom passe, je crois écouter une femme pendant quelques secondes avant de me rendre que c'est un homme. De temps en temps sa voix fait penser à Will Oldham, le même voile un peu enroué, à Bon Iver également. On retrouve le même désenchantement que chez Jeff Martin d'Idaho ou Chris Hooson de Dakota Suite, et Nick Drake encore, voire le Neil Young des tréfonds mélancoliques. Keaton Henson ne singe pas ces auteurs il en serait bien incapable, il fait partie de ce groupe d'inadaptés pour qui la musique n'est ni un loisir ni une profession, mais bel et bien un refuge loin du tumulte.
Des chanteuses m'ont ému aux larmes, rarement des chanteurs, lui oui.
Parfait 17/20 | par NicoTag |
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