Greg Dulli
Random Desire |
Label :
Royal Cream - BMG |
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Depuis le temps qu'il est dans les parages (la deuxième moitié des années 80, ça commence à faire), ça devait finir par arriver. Après avoir fondé les Afghan Whigs, les Twilight Singers et les Gutter Twins (avec son jumeau maléfique Mark Lanegan, pour un unique album qui attend toujours désespérément un successeur), Greg Dulli s'est décidé à se lancer en solo. Il avait déjà sorti Amber Headlights en 2005 sous son propre nom, mais les chansons présentes sur ce recueil, enregistrées entre 2001 et 2002, étaient en fait destinées à l'origine au deuxième album des Twilight Singers alors en préparation. La mort soudaine du réalisateur Ted Demme, ami proche de Dulli, remit tout en cause et ce dernier choisit, pour rendre hommage au défunt, de démarrer un nouveau projet qui devint Blackberry Belle, le véritable deuxième album des Chanteurs du Crépuscule. Donc mis à part cette compilation et également quelques tournées (dont le Live at Triple Door en 2008 est un beau témoignage), Dulli ne s'était pas vraiment manifesté en son nom propre jusqu'ici. Mais, suivant la reformation des Afghan Whigs en 2011 et la parution subséquente de deux albums (Do to the Beast en 2014 et In Spades en 2017), il décida que le moment était le bon pour s'y atteler, d'où la sortie de ce Random Desire.
De ses aventures musicales précédentes, il conserve notamment le côté cinématographique déjà présent chez les Afghan Whigs et les Twilight Singers et des paroles toujours très profondes, intimes et parfois brutalement franches, portées par une voix souvent désarmante de sincérité. L'homme connaît parfaitement ses failles, ses limites, il a traversé des périodes de doute intense, les a surmontées et se présente à nous en toute honnêteté. Mais là où ce disque diffère de ses essais antérieurs, c'est par l'impression de légèreté qui s'en dégage, le sentiment de sérénité qui en émane d'un bout à l'autre, ce qui peut paraître contradictoire lorsque l'on connait un peu la musique, les textes et la personnalité de cet homme pour le moins tourmenté. Il n'y a qu'à écouter l'excellent "Scorpio", qui respire comme rarement, pour s'en rendre compte.
Pour le reste, Dulli alterne bien entre morceaux rapides (la doublette d'ouverture "Pantomima" - "Sempre" s'avère redoutable d'efficacité) et plus contemplatifs (le délicat "Marry Me"). Autre fait notable, peut-être en raison du temps qui passe et affecte ses capacités vocales, il module sa voix sur quelques titres ("The Tide", "Scorpio", "Lockless"), ce qui modifie son chant et lui donne des intonations plus hautes qu'on ne lui connaissait pas vraiment. Il retrouve sa voix naturelle sur "It Falls Apart", où résonnent piano et mellotron, et "A Ghost", doté de beaux arrangements de violon et pedal steel. "Lockless", avec ses cuivres élégants, joue lui la carte soul habituelle du monsieur, pour un résultat étonnant. "Black Moon" creuse ce même sillon, où l'on perçoit un Dulli tout aussi fragile que sûr de lui, et l'ultime "Slow Pan", magnifié par les accords d'une harpe céleste (et d'une mélodie au piano qui rappelle furieusement les mélopées de la guitare de la "Resurrection Song" de son pote Lanegan) clôt sereinement ce très beau disque qui nous démontre, si cela était encore nécessaire, tout le talent de son auteur. Il serait grand temps que cela se sache davantage !
De ses aventures musicales précédentes, il conserve notamment le côté cinématographique déjà présent chez les Afghan Whigs et les Twilight Singers et des paroles toujours très profondes, intimes et parfois brutalement franches, portées par une voix souvent désarmante de sincérité. L'homme connaît parfaitement ses failles, ses limites, il a traversé des périodes de doute intense, les a surmontées et se présente à nous en toute honnêteté. Mais là où ce disque diffère de ses essais antérieurs, c'est par l'impression de légèreté qui s'en dégage, le sentiment de sérénité qui en émane d'un bout à l'autre, ce qui peut paraître contradictoire lorsque l'on connait un peu la musique, les textes et la personnalité de cet homme pour le moins tourmenté. Il n'y a qu'à écouter l'excellent "Scorpio", qui respire comme rarement, pour s'en rendre compte.
Pour le reste, Dulli alterne bien entre morceaux rapides (la doublette d'ouverture "Pantomima" - "Sempre" s'avère redoutable d'efficacité) et plus contemplatifs (le délicat "Marry Me"). Autre fait notable, peut-être en raison du temps qui passe et affecte ses capacités vocales, il module sa voix sur quelques titres ("The Tide", "Scorpio", "Lockless"), ce qui modifie son chant et lui donne des intonations plus hautes qu'on ne lui connaissait pas vraiment. Il retrouve sa voix naturelle sur "It Falls Apart", où résonnent piano et mellotron, et "A Ghost", doté de beaux arrangements de violon et pedal steel. "Lockless", avec ses cuivres élégants, joue lui la carte soul habituelle du monsieur, pour un résultat étonnant. "Black Moon" creuse ce même sillon, où l'on perçoit un Dulli tout aussi fragile que sûr de lui, et l'ultime "Slow Pan", magnifié par les accords d'une harpe céleste (et d'une mélodie au piano qui rappelle furieusement les mélopées de la guitare de la "Resurrection Song" de son pote Lanegan) clôt sereinement ce très beau disque qui nous démontre, si cela était encore nécessaire, tout le talent de son auteur. Il serait grand temps que cela se sache davantage !
Très bon 16/20 | par Poukram |
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