Agnes Obel

Philharmonics

Philharmonics

 Label :     PIAS 
 Sortie :    lundi 04 octobre 2010 
 Format :  Album / CD  Vinyle  Numérique   

Découvrir Agnes Obel au début d'un confinement, on peut appeler ça une bénédiction, tant sa musique se prête à la solitude à la fois grisante et angoissante générée par la pandémie. J'ai eu cette chance en avril 2020 et depuis, cette talentueuse danoise ne quitte plus mes playlists. Paradoxalement, alors qu'une partie de mes concitoyens européens ont découvert ce sublime premier album judicieusement intitulé Philharmonics par l'entremise directe ou indirecte de Myspace (c'est là que Deutsche Telekom allait à l'époque piocher la musique de ses pubs, histoire de ne pas les payer trop cher), c'est sur Bandcamp que j'ai écouté pour la première fois sa voix cristalline, à l'occasion du premier Bandcamp friday, instauré par la plateforme américaine pour soutenir les artistes en pleine pandémie de covid-19 - et accessoirement renforcer son image de plateforme respectueuse des artistes.
Malgré cette récupération publicitaire et même si cet album débute par un instrumental sous l'influence d'Erik Satie, on se rend compte dès le deuxième morceau qu'il ne s'agit pas (que) de musique d'ambiance ou de musique de film : il m'a fallu un grand nombre d'écoutes de la sublime valse "Riverside" et de sa mélodie renversante et limpide pour me rassasier de ce tube de chambre.
De bout en bout, le minimalisme et la qualité du son vous saisissent. La dame a fait suffisamment de stages en studios à l'époque où elle a réalisé qu'elle ne se voyait ni en concertiste classique, ni en bassiste d'un groupe de rock, pour savoir capter ses compositions lumineuses, structurées autour d'un piano et de sa voix, avec des arrangements rares mais essentiels : un violoncelle, une guitare, une discrète boîte à rythmes.
Agnes Obel réussit l'exploit dès son premier album de synthétiser l'essence de la musique européenne : du classique, de la musique traditionnelle (qu'elle n'a découvert que par le filtre du pianiste de jazz suédois Jan Johansson), et de la pop, en rendant hommage au plus européen des artistes new-yorkais, le Gallois John Cale, dont elle transcende le déjà très beau "Close Watch" par une reprise saisissante. On a parfois l'impression d'entendre la PJ Harvey de White Chalk réarrangée par Yann Tiersen, ou par Michael Nyman. Le fantôme d'Elliott Smith plane également sur ces compositions fragiles et mélancoliques.

D'aucuns trouveront l'ensemble un peu froid, contemplatif et détaché, à l'image de la photo austère de l'artiste qui occupe la pochette. Ce n'est pas mon cas. J'écoute cet album et ses successeurs depuis plusieurs mois et je n'ai toujours pas fait le tour de leurs subtilités, parfaites illustrations de l'amour de l'harmonie exprimé dans ce titre.


Excellent !   18/20
par Myfriendgoo


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