Karkara

La ville rose devient rock ! Toulouse, déjà louée par mon humble personne pour ses rejetons Slift et leur space-rock imposant, continue de me surprendre ! Car là encore, les guitares sont acides, le son se réverbère en tout sens, une épaisse fumée de fuzz emplit la pièce et la basse vrombit paisiblement : pas de doute, c'est du garage. Et c'est même produit par la même personne, au même endroit. Tiens donc...

Lo Spider, ancien rocker à la tête de plusieurs formations émérites, et ses studios Swampland, c'est de la légende locale. Nos jeunes ont su choisir leur scène de crime, et cet EP Crystal Gazer aux pistes à rallonge est de fait, une mise en bouche des plus savoureuses. Le fantôme des influences anglophones plane non loin de ces mélodies lysergiques d'où s'échappent un didgeridoo affûté, évoquant de manière troublante la terre australe des King Gizzard et autres Pond, dont nos Karkara ici présents ont sans nul doute poncé nombre de galettes.

Et vas-y que je t'improvise des solos infinis sur le kraut-rock de Camel Rider, et vas-y que j'enchaîne sans transition sur une piste aussi longue et enfumée, et vas-y que je chante comme un croque-mort sous kétamine (une singularité qui me rappelle d'ailleurs Stuffed Foxes, autre jeune groupe français prometteur) et vas-y que je t'arrose le tout de gammes anatoliennes (on pense alors sans peine à Altin Gün).

Vous l'aurez sans doute compris, la recette n'est pas d'une inventivité extraordinaire, mais l'ensemble se tient fort bien, et nous transporte dans un univers de néo-psychédélisme alléchant. Ça sort du four, et c'est bien bon.