Bertrand Belin

Je connaissais Bertrand Belin. Une belle voix de crooner, des textes poétiques, un humour à froid, du charisme...Un personnage pour qui j'avais de la sympathie, dont j'avais écouté les albums en diagonale et retenu quelques titres ici ou là pour des playlists maison mais "rien de plus".

Et puis en 2019, au gré des suggestions youtube, je suis tombé sur le premier extrait de Persona son 7°album ; le titre "choses nouvelles" qui avait un goût de reviens-y assez prononcé. De fil en aiguille, à force de l'écouter, youtube s'est mis à me proposer son morceau, enregistré sensiblement à la même période avec les Liminanas pour leur album Shadow People : "Dimanche". Tiens, il se passe un truc là...je décide donc de me poser pour écouter attentivement Persona qui n'a pas, au passage, forcément plu à tous ses fans si j'ai bien compris...mais en ce qui me concerne, la greffe a prise.
Univers nocturne, paroles énigmatiques, chansons dépouillées, Bertrand Belin pose le temps. "Choses nouvelles" n'était pas un one shot. De la pochette noire et blanche à sa collection de titres pudiques, on est en face d'un grand disque classieux : une batterie minimaliste, beaucoup de claviers dans différentes sonorités, un peu de cordes, un peu de guitare et surtout des gimmicks vocaux entêtants. Ce "glissé redressé" par exemple ; je me le suis écouté en boucle. Avec cette phrase mystérieuse : "on annonce un été de Canadair" ...la claque putain. Cette voix grave qui dit "Canadair" ou l'art de créer une ambiance tamisée avec quelques mots bien interprétés, qui vous restent en tête. "Nuit bleue" idem avec "os de chacal" ...pourquoi il dit ça je n'en sais trop rien mais ça claque.

Persona m'évoque Smog, Bashung, Nick Cave, Black Heart Procession, Mendelsson...On est bien avec Bertrand Belin. On est dans un bar enfumé, sa voix et ses textes nous enveloppent. Musicalement, bien que minimaliste dans la forme, Persona est particulièrement soigné, mélodieux et simple au sens folk du terme.

Une belle (re)découverte.