Walt Mink
El Producto |
Label :
Atlantic |
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Je suis devant ma pile de disques. Mes étagères fourmillent d'albums qui ont leur mot à dire. Y'en a bien dix qui me font un clin d'œil en même temps. Eh ! Mega City Four ! Eh ! Shudder to Think ! Eh ! Bivouac ! Eh! Buffalo Tom ! Eh ! Screamfeeder ! Je me demande par quoi commencer pour une éventuelle chronique. L'enfer. Je me gratte le menton. Ah voilà ! Viens par-là El Producto. Parler de Walt Mink me semble être le plus approprié car de tous les groupes découverts ces cinq dernières années, toutes époques confondues, c'est le plus flamboyant, mirifique, sensationnel, que je n'aurais même pas osé imaginer dans mes rêves les plus audacieux. Ils synthétisent tout ce que j'aime dans le rock'n'roll. Je vais essayer d'expliquer ça du mieux que je le peux.
D'abord, je jure qu'ils ne sont que trois, ces gars et filles de Saint Paul, cité jumelle de l'autre, qui a enfanté les jolis bébés que nous connaissons. C'est dur à imaginer, mais c'est vrai. John Kimbrough en est le guitariste, chanteur et compositeur. Candice Belanoff, la bassiste, et Orestes Morfin le batteur (sur cet album).
Après deux albums aussi jouissifs l'un que l'autre, alliant une vaillante sensibilité pop à une rythmique pachydermique, le batteur Joey Waronker, le frère d'Anna de That Dog, s'en est allé avec Beck et tous les autres. Il a fait du studio pour The Vines, Thom Yorke, Air et pour 10000 artistes différents. Il paraît qu'avant de s'endormir, il bouge les bras en tenant ses baguettes, comme un chien qui court dans son sommeil. Miss Happiness en 1992, pop et lourd un peu à la façon de Redd Kross, mais plus alambiqué, et Bareback Ride en 1993, plus speed et qui tire vers le pop-punk, sont les deux disques sur lesquels le Joey a posé sa patte. Les filles de That Dog (dont la soeurette) viennent faire des chœurs sur Bareback Ride, mais même en tendant bien l'oreille, j'ai encore du mal à les distinguer.
En 1996, Walt Mink ne meurt pas du départ de son batteur. Orestes Morfin, de Bitch Magnet, est appelé à la barre pour l'album dont il est question ici. Je vais donc causer d'El Producto. Pourquoi ? S'arrêter sur un seul de leurs albums n'est pas une sinécure. La galère. J'aime tous leurs albums. Alors voilà, autant prendre le premier que j'ai découvert. Thomas Guénand des Jettators avait passé un titre de Bareback Ride dans son excellent podcast, le Flux Capacitor, mais c'est en fouinant dans la caverne d'Ali Baba qu'est Willfuly Obscure, que j'ai dégotté El Producto. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce site, c'est une mine d'or qui propose en téléchargement des raretés ou des lives, ou des (très bons) disques épuisés. Des vieilleries quoi dans le genre pop à guitare. Un style qui, s'il ne se perd pas, reste plus dur à dénicher de nos jours.
Quand je regarde la date de sortie d'El Producto, je me rends compte que ce disque est sorti en plein hiver, trois jours avant mes 12 ans. Le début du collège quoi. Est-ce que je l'aurais aimé si on me l'avait fait écouter à sa sortie? Eh bien, je crois que oui. Pourtant, c'est bien vingt ans après que je l'ai entendu pour la première fois. Et cette première fois, je m'en souviens. Gros groove Zeppelinien sur fond hyper pop, des mélodies à tomber, les harmonies qui vont avec : folk, pop, guitares orientales... L'extase, mec. Pourquoi je n'en avais pas entendu parler avant ? Grande question. C'est clairement une de mes découvertes les plus marquantes de ces dernières années avec Screamfeeder en matière de power pop. Comme quoi, on n'a jamais fait le tour des choses.
Avec le recul que j'ai sur leur discographie maintenant, je peux dire qu'El Producto synthétise ce qui avait été fait sur les deux premiers albums du groupe. Le changement de batteur ne se fait pas entendre. Il faut vraiment le savoir. La voix un peu nasale de Kimbrough amène à davantage d'harmonies que sur le premier. C'est peut-être un peu plus sucré. Et c'est moins speed que sur le second. C'est aussi un peu plus bizarroïde du fait de cette voix nasale. Il chante un peu comme Robert Schneider des Apples In Stereo sur fond de gros rock 70's. La production de John Agnello est impeccable. De temps en temps, des morceaux folk s'immiscent dans le flot. Une tendance qu'on pouvait supposer vu qu'ils reprennent "Pink Moon" sur Miss Happiness, mais c'était une reprise à fond les ballons, pas folk pour un sou. Ici, les morceaux folk ("Settled", "#246") sont de super morceaux avec un jeu de guitare tout en finesse. Homogénéité et variété, compos de toute beauté, rythmique interstellaire. Tout ce que j'aime. Tout ça pour dire qu'honnêtement, sans savoir quel album mettre en avant, El Producto est un album balèse, un classique qui se clôt par un titre à la mélodie enchanteresse : "Love In The Dakota".
Pour ce troisième album, ils avaient quitté Caroline Records pour la major Atlantic, événement qui sera un coup dans l'eau : ça ne prendra pas et ils resteront confidentiels. Trop pop pour les rockers, trop rock pour les popeux. Parfait pour moi. Ils reviendront à l'indé sur Deep Elm pour un Colossus un peu plus posé sans doute, mais toujours excellent. Je le répète : un casse-tête de hiérarchiser ces albums en terme qualité. Et en 2016 Kimbrough reprend du service en quatuor avec Teen Judge qui ne fait que raviver le flambeau. Une merveille comme on dit. Reviens encore une fois, John ! Reviens !
D'abord, je jure qu'ils ne sont que trois, ces gars et filles de Saint Paul, cité jumelle de l'autre, qui a enfanté les jolis bébés que nous connaissons. C'est dur à imaginer, mais c'est vrai. John Kimbrough en est le guitariste, chanteur et compositeur. Candice Belanoff, la bassiste, et Orestes Morfin le batteur (sur cet album).
Après deux albums aussi jouissifs l'un que l'autre, alliant une vaillante sensibilité pop à une rythmique pachydermique, le batteur Joey Waronker, le frère d'Anna de That Dog, s'en est allé avec Beck et tous les autres. Il a fait du studio pour The Vines, Thom Yorke, Air et pour 10000 artistes différents. Il paraît qu'avant de s'endormir, il bouge les bras en tenant ses baguettes, comme un chien qui court dans son sommeil. Miss Happiness en 1992, pop et lourd un peu à la façon de Redd Kross, mais plus alambiqué, et Bareback Ride en 1993, plus speed et qui tire vers le pop-punk, sont les deux disques sur lesquels le Joey a posé sa patte. Les filles de That Dog (dont la soeurette) viennent faire des chœurs sur Bareback Ride, mais même en tendant bien l'oreille, j'ai encore du mal à les distinguer.
En 1996, Walt Mink ne meurt pas du départ de son batteur. Orestes Morfin, de Bitch Magnet, est appelé à la barre pour l'album dont il est question ici. Je vais donc causer d'El Producto. Pourquoi ? S'arrêter sur un seul de leurs albums n'est pas une sinécure. La galère. J'aime tous leurs albums. Alors voilà, autant prendre le premier que j'ai découvert. Thomas Guénand des Jettators avait passé un titre de Bareback Ride dans son excellent podcast, le Flux Capacitor, mais c'est en fouinant dans la caverne d'Ali Baba qu'est Willfuly Obscure, que j'ai dégotté El Producto. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce site, c'est une mine d'or qui propose en téléchargement des raretés ou des lives, ou des (très bons) disques épuisés. Des vieilleries quoi dans le genre pop à guitare. Un style qui, s'il ne se perd pas, reste plus dur à dénicher de nos jours.
Quand je regarde la date de sortie d'El Producto, je me rends compte que ce disque est sorti en plein hiver, trois jours avant mes 12 ans. Le début du collège quoi. Est-ce que je l'aurais aimé si on me l'avait fait écouter à sa sortie? Eh bien, je crois que oui. Pourtant, c'est bien vingt ans après que je l'ai entendu pour la première fois. Et cette première fois, je m'en souviens. Gros groove Zeppelinien sur fond hyper pop, des mélodies à tomber, les harmonies qui vont avec : folk, pop, guitares orientales... L'extase, mec. Pourquoi je n'en avais pas entendu parler avant ? Grande question. C'est clairement une de mes découvertes les plus marquantes de ces dernières années avec Screamfeeder en matière de power pop. Comme quoi, on n'a jamais fait le tour des choses.
Avec le recul que j'ai sur leur discographie maintenant, je peux dire qu'El Producto synthétise ce qui avait été fait sur les deux premiers albums du groupe. Le changement de batteur ne se fait pas entendre. Il faut vraiment le savoir. La voix un peu nasale de Kimbrough amène à davantage d'harmonies que sur le premier. C'est peut-être un peu plus sucré. Et c'est moins speed que sur le second. C'est aussi un peu plus bizarroïde du fait de cette voix nasale. Il chante un peu comme Robert Schneider des Apples In Stereo sur fond de gros rock 70's. La production de John Agnello est impeccable. De temps en temps, des morceaux folk s'immiscent dans le flot. Une tendance qu'on pouvait supposer vu qu'ils reprennent "Pink Moon" sur Miss Happiness, mais c'était une reprise à fond les ballons, pas folk pour un sou. Ici, les morceaux folk ("Settled", "#246") sont de super morceaux avec un jeu de guitare tout en finesse. Homogénéité et variété, compos de toute beauté, rythmique interstellaire. Tout ce que j'aime. Tout ça pour dire qu'honnêtement, sans savoir quel album mettre en avant, El Producto est un album balèse, un classique qui se clôt par un titre à la mélodie enchanteresse : "Love In The Dakota".
Pour ce troisième album, ils avaient quitté Caroline Records pour la major Atlantic, événement qui sera un coup dans l'eau : ça ne prendra pas et ils resteront confidentiels. Trop pop pour les rockers, trop rock pour les popeux. Parfait pour moi. Ils reviendront à l'indé sur Deep Elm pour un Colossus un peu plus posé sans doute, mais toujours excellent. Je le répète : un casse-tête de hiérarchiser ces albums en terme qualité. Et en 2016 Kimbrough reprend du service en quatuor avec Teen Judge qui ne fait que raviver le flambeau. Une merveille comme on dit. Reviens encore une fois, John ! Reviens !
Exceptionnel ! ! 19/20 | par LaEscoba |
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