Robert Pollard
Honey Locust Honky Tonk |
Label :
Fire |
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Depuis Not In My Airforce en 1996, Robert Pollard a l'habitude de sortir des albums sous son propre nom en marge de ses autres groupes. On serait tenté de le dire ainsi mais on ne sait plus ce qui est en marge de quoi finalement. Si Guided By Voices est la lumière au milieu de la nuit, une nébuleuse de groupes lui font une ronde tout autour: ponctuels comme Go Back Snowball (avec Mac MacCaughan de Superchunk) ou plus inscrits sur la durée comme Circus Devils (expérimental) ou Boston Spacehips (plus proche de GBV), ou encore Teenage Guitar, Ricked Wicky, ESP Ohio ou Cash Rivers and The Sinners pour parler des plus récents. C'est un puits sans fond.
Toutes ces moutures ont leur lot de moments d'anthologie, mais Pollard reconnaît lui-même que le nom de Guided By Voices est une façon simple d'attirer l'attention, tant il est facile de se perdre au milieu de ce capharnaüm. Suivant cette logique, en 2013, cela faisait un an que le groupe qui s'était séparé en 2004, avait fait son grand retour. Cette reprise, qui à l'échelle de Pollard ne représente pas un surplus d'activité, ne l'a pas empêché de continuer sur sa lancée, qui consistait à sortir sous son propre nom un, voire deux albums par an. Voilà un peu le contexte dans lequel est sorti Honey Locust Honky Tonk.
Personnellement, j'ai commencé à être mordu de Guided By Voices, un peu dans mon coin, avec l'anthologie sortie en 2004, Human Amusements at Hourly Rates. Il n'a pas décollé du poste CD de ma chambre d'étudiant à une époque où ma discothèque était un peu plus réduite qu'aujourd'hui. Je l'ai écouté, écouté, et vers 2007, sur le site ici présent, je tombe sur la chronique de From A Compound Eye - considéré par beaucoup aujourd'hui comme un de ses meilleurs albums, notamment grâce à la particulièrement appréciée "Love is Stronger Than Witchcraft" - chronique, donc, qui m'a fait prendre conscience de l'existence des disques solos de Robert Pollard. Je le chope et je trouve l'album superbe. Et à partir de là, je l'écoute assez souvent. Le temps passe encore un peu et vers 2010, je me mets en tête de suivre les sorties Pollard solo. Je saute sur la doublette de l'année qui est vraiment pas mal : We All Got Out Of The Army et Moses On A Snail (qui avait reçu les éloges d'Eddie Vedder, je me rappelle). J'écoute aussi le suivant : Space City Kicks, qui me gonfle et j'arrête ma filature. Trois disques le séparent d'Honey Locust Honky Tonk.
En 2013, en pleine discussion avec une personne qui suivait Pollard depuis longtemps, je pose la question délicate: quel est son Pollard solo préféré? Cette personne me répond : ben le dernier. Et c'est parti. On ne va pas tourner autour du pot, si vous voulez du bon Pollard en solo, Honey Locust Honky Tonk est une très, très, très bonne pioche et il y a de fortes chances que vous n'aimiez pas le reste s'il vous laisse de marbre. 34 minutes, 17 titres. L'album avait été annoncé par le single "I Killed a Man Who Looks Like You", un titre différent de son habitude, sombre, très réussi, un peu à la manière du très beau "The Weekly Crow" qui ouvrait Moses On a Snail. Il laissait en tous cas augurer un bon cru. D'autres chansons se sont mises rapidement sur le devant : l'enjoué "Drawing a picture" et le simple et magnifique "Airs" qui clôt l'album et qui, lui, est la perle de la perle, celui qui représente pour moi ce que Pollard sait faire de mieux. Il n'aurait pas déparé sur Half Smiles of The Decomposed. D'autres ensuite se sont rajoutés: "Circus Green Machine" et sa guitare acoustique, "Her Eyes Play Tricks On the Camera" avec cette impression de l'avoir déjà entendu quelque part dans les années 60. A mes oreilles, ça sonne d'une fraîcheur qu'on ne trouvait pas sur certains enregistrements de Todd Tobias, qui est attitré au poste de producteur depuis des années. C'était notamment dommage sur Coast To Coast Carpet Of Love (2007), qui aurait été super si ça n'avait pas sonné un peu terne. C'est encore lui ici mais c'est sans lourdeur, c'est aéré, sans inertie, c'est léger ou pesant quand il le faut, mais c'est vivant. Il arrive que la batterie claque comme sur un disque des Flaming Lips, et j'ai souvent pensé à eux en l'écoutant.
Si tous les titres ne marquent pas comme sur les meilleurs albums de Guided By Voices, Pollard fait tout de même un travail de compo remarquable. Comme d'habitude, il sait allier les refrains accrocheurs à une énergie contagieuse héritée des Who. Il sait également transmettre la mélancolie et ralentir le tempo à la façon d'R.E.M. On ressort de l'écoute de Honey Locust Honky Tonk avec l'idée d'avoir entendu des morceaux bien assemblés les uns aux autres, chacun avec ses couleurs propres. Une certaine idée de la pop et du rock, signée Robert.
Toutes ces moutures ont leur lot de moments d'anthologie, mais Pollard reconnaît lui-même que le nom de Guided By Voices est une façon simple d'attirer l'attention, tant il est facile de se perdre au milieu de ce capharnaüm. Suivant cette logique, en 2013, cela faisait un an que le groupe qui s'était séparé en 2004, avait fait son grand retour. Cette reprise, qui à l'échelle de Pollard ne représente pas un surplus d'activité, ne l'a pas empêché de continuer sur sa lancée, qui consistait à sortir sous son propre nom un, voire deux albums par an. Voilà un peu le contexte dans lequel est sorti Honey Locust Honky Tonk.
Personnellement, j'ai commencé à être mordu de Guided By Voices, un peu dans mon coin, avec l'anthologie sortie en 2004, Human Amusements at Hourly Rates. Il n'a pas décollé du poste CD de ma chambre d'étudiant à une époque où ma discothèque était un peu plus réduite qu'aujourd'hui. Je l'ai écouté, écouté, et vers 2007, sur le site ici présent, je tombe sur la chronique de From A Compound Eye - considéré par beaucoup aujourd'hui comme un de ses meilleurs albums, notamment grâce à la particulièrement appréciée "Love is Stronger Than Witchcraft" - chronique, donc, qui m'a fait prendre conscience de l'existence des disques solos de Robert Pollard. Je le chope et je trouve l'album superbe. Et à partir de là, je l'écoute assez souvent. Le temps passe encore un peu et vers 2010, je me mets en tête de suivre les sorties Pollard solo. Je saute sur la doublette de l'année qui est vraiment pas mal : We All Got Out Of The Army et Moses On A Snail (qui avait reçu les éloges d'Eddie Vedder, je me rappelle). J'écoute aussi le suivant : Space City Kicks, qui me gonfle et j'arrête ma filature. Trois disques le séparent d'Honey Locust Honky Tonk.
En 2013, en pleine discussion avec une personne qui suivait Pollard depuis longtemps, je pose la question délicate: quel est son Pollard solo préféré? Cette personne me répond : ben le dernier. Et c'est parti. On ne va pas tourner autour du pot, si vous voulez du bon Pollard en solo, Honey Locust Honky Tonk est une très, très, très bonne pioche et il y a de fortes chances que vous n'aimiez pas le reste s'il vous laisse de marbre. 34 minutes, 17 titres. L'album avait été annoncé par le single "I Killed a Man Who Looks Like You", un titre différent de son habitude, sombre, très réussi, un peu à la manière du très beau "The Weekly Crow" qui ouvrait Moses On a Snail. Il laissait en tous cas augurer un bon cru. D'autres chansons se sont mises rapidement sur le devant : l'enjoué "Drawing a picture" et le simple et magnifique "Airs" qui clôt l'album et qui, lui, est la perle de la perle, celui qui représente pour moi ce que Pollard sait faire de mieux. Il n'aurait pas déparé sur Half Smiles of The Decomposed. D'autres ensuite se sont rajoutés: "Circus Green Machine" et sa guitare acoustique, "Her Eyes Play Tricks On the Camera" avec cette impression de l'avoir déjà entendu quelque part dans les années 60. A mes oreilles, ça sonne d'une fraîcheur qu'on ne trouvait pas sur certains enregistrements de Todd Tobias, qui est attitré au poste de producteur depuis des années. C'était notamment dommage sur Coast To Coast Carpet Of Love (2007), qui aurait été super si ça n'avait pas sonné un peu terne. C'est encore lui ici mais c'est sans lourdeur, c'est aéré, sans inertie, c'est léger ou pesant quand il le faut, mais c'est vivant. Il arrive que la batterie claque comme sur un disque des Flaming Lips, et j'ai souvent pensé à eux en l'écoutant.
Si tous les titres ne marquent pas comme sur les meilleurs albums de Guided By Voices, Pollard fait tout de même un travail de compo remarquable. Comme d'habitude, il sait allier les refrains accrocheurs à une énergie contagieuse héritée des Who. Il sait également transmettre la mélancolie et ralentir le tempo à la façon d'R.E.M. On ressort de l'écoute de Honey Locust Honky Tonk avec l'idée d'avoir entendu des morceaux bien assemblés les uns aux autres, chacun avec ses couleurs propres. Une certaine idée de la pop et du rock, signée Robert.
Très bon 16/20 | par LaEscoba |
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