Anthony Laguerre
Myotis |
Label :
Vand'Oeuvre |
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C'est souvent surprenant de découvrir les directions prises lorsque l'on tente de suivre le parcours de quelqu'un. Pour le cas présent, j'ai commencé par un groupe, puis un duo, et maintenant un disque en solitaire. Dans un groupe, le batteur est à la fois omniprésent et en filigrane. En duo, on l'entend déjà plus, surtout quand il s'agit d'un duo de batteurs comme Club Cactus, dont le premier album est sorti en octobre 2018. Mais quand Anthony Laguerre publie Myotis, on entend clairement plus que lui. Normal me direz-vous, pour un enregistrement solo.
Anthony est un de ces types à l'emploi du temps très chargé. Si l'on en croit son site, il navigue toujours entre deux projets, passe de l'installation sonore à la musique improvisée, du spectacle de danse contemporaine à la musique de film, quand il ne travaille pas comme ingé son dans son studio, basé à Nancy.
Myotis est pensé comme un triptyque. Trois parties qui se complètent, se rejoignent et s'assemble. Il y a d'abord ce disque, puis Membranes, où Anthony accompagne la danseuse Marie Cambois, et Iki, projet dans lequel la batterie d'Anthony s'emmêle avec la voix d'Isabelle Duthoit. Les trois parties peuvent également être indépendantes les unes des autres. Pour preuve, je n'ai découvert l'existence des autres parties qu'après avoir écouté maintes fois ce disque, qui ne ressemble en rien à quelque chose d'inachevé, à quelque chose qui demande à être complété. Mais qui, forcément, donne envie de découvrir le reste.
Myotis est un exemple de maîtrise. Anthony connaissant parfaitement les techniques d'enregistrement et les sons qu'il peut sortir de sa batterie, on le sent aussi à l'aise pour expérimenter qu'un Colin Stetson. Les titres, simplement numérotés de I à VII, résonnent longtemps après l'écoute, comme cet harmonica qui accompagne parfois les tribales tribulations rythmant cet univers plus que particulier. Jouant avec l'espace sonore, avec la matière, la répétition et la cassure, la puissance et le drone, et évidemment sur la force percussive de son instrument. Avec une certaine malice, il prend son monde à contre pied en excluant quasiment toute forme de mélodie, mais ne livre pas pour autant une œuvre sans point d'accroche. Jouant sur la surprise, sur une certaine forme d'attente, car même après plusieurs écoutes on se demande encore quels sons vont nous arriver dans la tête, ce disque est résolument un modèle d'expérimentation tant on se demande comment il arrive à sortir tout ça d'une batterie. Myotis pourrait être conçu avec des machines que cela ne surprendrait pas plus que ça, mais c'est bien plus organique, la fusion est presque totale entre l'homme, l'instrument et l'enregistrement. Sans avoir à passer entre les doigts d'un producteur qui pourrait y mettre sa patte et dénaturer les idées folles d'Anthony Laguerre, ce disque est d'une sensibilité folle, ouvert à toutes les interprétations mentales.
Découvrir petit à petit le chemin musical de quelqu'un permet d'appréhender différemment ses œuvres, de les mettre en rapport les unes par rapport aux autres, et forcément de voir ce grand tout avec un regard un peu différent. Je suis sûr que maintenant, je vais faire bien plus attention à la batterie dans Filiamotsa par exemple. Et les plus curieux iront découvrir ce que peut faire le batteur en solitaire avec ce Myotis.
Anthony est un de ces types à l'emploi du temps très chargé. Si l'on en croit son site, il navigue toujours entre deux projets, passe de l'installation sonore à la musique improvisée, du spectacle de danse contemporaine à la musique de film, quand il ne travaille pas comme ingé son dans son studio, basé à Nancy.
Myotis est pensé comme un triptyque. Trois parties qui se complètent, se rejoignent et s'assemble. Il y a d'abord ce disque, puis Membranes, où Anthony accompagne la danseuse Marie Cambois, et Iki, projet dans lequel la batterie d'Anthony s'emmêle avec la voix d'Isabelle Duthoit. Les trois parties peuvent également être indépendantes les unes des autres. Pour preuve, je n'ai découvert l'existence des autres parties qu'après avoir écouté maintes fois ce disque, qui ne ressemble en rien à quelque chose d'inachevé, à quelque chose qui demande à être complété. Mais qui, forcément, donne envie de découvrir le reste.
Myotis est un exemple de maîtrise. Anthony connaissant parfaitement les techniques d'enregistrement et les sons qu'il peut sortir de sa batterie, on le sent aussi à l'aise pour expérimenter qu'un Colin Stetson. Les titres, simplement numérotés de I à VII, résonnent longtemps après l'écoute, comme cet harmonica qui accompagne parfois les tribales tribulations rythmant cet univers plus que particulier. Jouant avec l'espace sonore, avec la matière, la répétition et la cassure, la puissance et le drone, et évidemment sur la force percussive de son instrument. Avec une certaine malice, il prend son monde à contre pied en excluant quasiment toute forme de mélodie, mais ne livre pas pour autant une œuvre sans point d'accroche. Jouant sur la surprise, sur une certaine forme d'attente, car même après plusieurs écoutes on se demande encore quels sons vont nous arriver dans la tête, ce disque est résolument un modèle d'expérimentation tant on se demande comment il arrive à sortir tout ça d'une batterie. Myotis pourrait être conçu avec des machines que cela ne surprendrait pas plus que ça, mais c'est bien plus organique, la fusion est presque totale entre l'homme, l'instrument et l'enregistrement. Sans avoir à passer entre les doigts d'un producteur qui pourrait y mettre sa patte et dénaturer les idées folles d'Anthony Laguerre, ce disque est d'une sensibilité folle, ouvert à toutes les interprétations mentales.
Découvrir petit à petit le chemin musical de quelqu'un permet d'appréhender différemment ses œuvres, de les mettre en rapport les unes par rapport aux autres, et forcément de voir ce grand tout avec un regard un peu différent. Je suis sûr que maintenant, je vais faire bien plus attention à la batterie dans Filiamotsa par exemple. Et les plus curieux iront découvrir ce que peut faire le batteur en solitaire avec ce Myotis.
Excellent ! 18/20 | par X_Lok |
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