Strangelove

Strangelove est né en 1991 suite à une cure de desintox réussie par son leader Patrick. Voici comment Patrick lui-même présentait les choses dans un article du Guardian 10 jours avant la sortie de Love And Other Demons. Patrick, dont le nom patronymique ne figure pas sur le disque, est un bien étrange personnage entouré de son groupe et épaulé par Richard Oakes et Brett Anderson. Il livre un album à sa mesure: pop, gorgé de lyrisme brulé et d'auto-dérision, sachant manier le lyrisme et l'humour sans tomber dans le cynisme facile. La voix, lointaine et ample, se pose sur des musiques tantot typiquement pop "Beautiful Alone", tantot noisy avec les riffs de guitares hystériques de "Living With The Human Machines", donnant même dans la ballade symphonique sur "Sway". Les textes illustrent ce goût du lyrisme à outrance marqué par le sentiment de dépossession... Et oui Patrick a replongé entre temps à l'appel aux dieux et l'appartenance à une communauté de loosers "We're all going down together, forever"... Que dire de plus ? Apparement regonflé par le résultat de l'album, Patrick a refait une cure, mais depuis plus de nouvelles de Strangelove...
Décidément l'amour et les démons associés n'ont pas fini de faire pleuvoir d'étranges musiques, de courir des mélodies tordues.
Et paradoxe, en dépit de la débauche totale qu'on peut entendre, le groupe, qu'on peut rapprocher parfois des Smiths ou de Radiohead première période, garde tout son mystère à la fin de l'aventure, au point que seule l'envie de le réécouter (après l'avoir retrouvé par hasard récemment dans mon bordel) m'a fait admettre que, vraiment, j'aimais ce disque...