Romain Humeau

"Salut-lum ! Haha .. non ? On te l'a déjà trop faite j'imagine. Et puis tu dois pas trop être d'humeur en ce moment .. j'ai appris pour toi et .. enfin, vous avez .. enfin voilà quoi. Bon du coup, j'ai pensé que ça te ferait plaisir, mon album sort dans pas longtemps, et je me suis dis que je t'y ferais goûter en avant-première, pas mal non ? .. non ? Tu fais la gueule ? Bon. Ben je te fais le topo rapidos et pi si ça te plait pas c'est la même chose hein."

Voilà le message laissé sur mon répondeur un matin (fictif?) de 2016, par tonton Romain, lui-même. Sympa. Même si j'étais pas d'humeur... écoutons toujours ...

"Du coup je t'avais causé du projet Mousquetaire ? C'est qu'en solo, je me démerde pas mal finalement...la maison de disques m'avait passé commande d'un double-album, mais ils me les brisent toujours plus, je pense sérieusement à monter mon label...mais je t'en recauserais. Bref, j'ai 30 démos sous le coude, j'en ai mis en forme une petite moitié, tranquille, pas trop loin de ma tour (Eiffel, tu suis???). Et j'y cause de ce qui se passe autour de moi : Paris, l'Amour, les Gens .. tu retrouveras ces thèmes contemplatifs au recoin d'un refrain ou à l'abri d'un couplet. Ça m'a fait du bien de parler...avec Eiffel, j'avais besoin de gueuler ce qui se passait dans ma tête, sans filtre. Là, j'ai pris mon temps...

Oh bien sûr, ça fait parti de moi ! Regarde, des chansons comme "Saragosse" ou "Velours de Gosse", ça fédère, c'est massif et propre, ça aurait pu sortir sur Foule Monstre en 2012 sans problème. Mais tu le verras toi-même, y'a bien plus aujourd'hui. Cette entrée, "Struggle Inside", elle fait plaisir, non ? J'ai trop écouté les Beatles pendant ces vacances, même la batterie on croirait l'avoir déjà entendu sur Abbey Road...mes influences, tu vas en bouffer sur celui-ci. Blur un peu, Gorillaz beaucoup, Damon Albarn passionnément, et avant lui Bowie, et encore avant XTC ...on se refait pas hein... mais écoute mieux : y'a du moi, aussi. Ouais, ouais, tu vas dire que je prends la grosse tête, mais on peut pas trainer avec Bertrand Cantat ou Bernard Lavilliers sans s'affirmer à un moment donné, c'est normal j'imagine. "Politkovskaïa", par exemple, ça, tu l'entendras jamais autre part. Des couches d'instruments, des paroles psychédéliques, douce-amères, à la fois réalistes et abscons .. bon ok, là je prends la grosse tête. Mais laisses toi guider, t'y trouveras à boire et à manger. Je me suis amusé avec un studio entier, t'entendras de tout là dessus. Guitares, claviers, orchestre de cuivres .. et bientôt en distribution indépendante, mais je te recauserais de tout ça ; bye ! "

..

"Pour accéder à votre messagerie, tapez .. * clic *

J'ai raccroché, et j'ai souri.

Un chic type que ce Romain. Acharné à la tâche, il a finalement réussi à créer son petit monde de toute pièce, avec ou sans groupe, seul ou accompagné. Il a à faire, de toute façon, et il le fera, quoi qu'on dise de lui. De "L'Éternité de l'Instant" en 2005, encore un peu coincé dans l'étau d'Eiffel, il a su mûrir et tracer sa route. Et effectivement, se forger un son Humeau - en plus d'un label, donc.

Merci de la primeure, tonton. Et adieu Julie.