Jo David Meyer Lysne
Henger I Luften |
Label :
Hubro |
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Alors que j'écris ces mots, ce que je n'avais pas prévu de faire, en tout cas pas si tôt, pas comme ça, j'écoute Henger I Luften sur l'autoroute, dans mon bus, au chaud (merci l'air conditionné), à regarder les paysages enneigés qui défilent à toute allure. Et, me rappelant ma première découverte de l'album, à déambuler dans les rues de Lille la nuit par temps frais, je me prends à penser que c'est un beau talent de savoir rendre le froid confortable. Si le label Hubro, basé à Oslo, est spécialiste de ce genre de feeling, avec ses disques à prédominance acoustique, ses productions nues et ses arrangements épurés, le micro souvent placé au plus près des instruments pour en faire capter toutes les fêlures ; il me semble que cette sortie de Jo David Meyer Lysne se distingue néanmoins assez nettement de nombre de ses camarades. En ceci que même s'il partage le langage et la spontanéité de nombre de musiciens improvisateurs qui peuplent le label, Lysne compose et sait pertinemment où il va.
Henger I Luften, il paraît que ça veut dire "pendre en l'air", et c'est ainsi que l'on est accueilli en ces rudes contrées : par une musique qui flotte là, toute en frottements de cordes, en souffle continu dans un saxophone bouché, en cordes métalliques qui résonnent et bourdonnent sur la guitare préparée de Lysne, en piaillements disruptifs à la flûte, en grondements et ponctuations sèches de contrebasses... Une musique, qui ne semble d'abord pas vouloir s'engager plus que ça, restant là, à sonner sans trop savoir où aller, pour en fin de compte se déplacer comme portée par un courant d'air, par petites touches éparses, pour se poser sur le dos d'un petit mammifère des bois qui se dépêche de se faufiler à toute vitesse jusque dans son terrier à notre approche, laissant dans son sillage une mélodie agile. Il y a une grande humilité dans ces compositions qui ne prennent pas la musique pour acquise et la laissent venir patiemment, qu'elle soit légère et confortable, pensive, statique ou, parfois, plus oppressante. Si la plupart des timbres que l'on peut entendre sur le disque paraissent a priori purement acoustiques (à part quelques discrètes incursions synthétiques, comme sur les mouettes lointaines de "Februar"), bien souvent des manipulations électroniques se cachent derrière, contrôlant la manière dont le son nous parvient... mais ces manipulations sont si subtiles que l'on y voit que du feu, sans se douter qu'une des raisons qui fait que ce que l'on entend sonne avec une telle précision, ou si certains timbres accrochent curieusement l'oreille, c'est qu'ils sont passés par un traitement minutieux en studio.
Tout cela n'est pas gratuit, car en somme cela permet aux musiciens d'affiner l'intensité et la couleur des paysages hivernaux auxquels ils tentent de donner vie. Et plus encore, cette subversion douce des timbres acoustiques, experte mais jamais démonstrative, crée des impressions impossibles, comme celle d'être emmitouflé dans une couverture faite de neige et de coton, quand bien même le froid peut se faire mordant et l'obscurité parfois nous rattrape. Très simplement, un album rude mais confortable.
Henger I Luften, il paraît que ça veut dire "pendre en l'air", et c'est ainsi que l'on est accueilli en ces rudes contrées : par une musique qui flotte là, toute en frottements de cordes, en souffle continu dans un saxophone bouché, en cordes métalliques qui résonnent et bourdonnent sur la guitare préparée de Lysne, en piaillements disruptifs à la flûte, en grondements et ponctuations sèches de contrebasses... Une musique, qui ne semble d'abord pas vouloir s'engager plus que ça, restant là, à sonner sans trop savoir où aller, pour en fin de compte se déplacer comme portée par un courant d'air, par petites touches éparses, pour se poser sur le dos d'un petit mammifère des bois qui se dépêche de se faufiler à toute vitesse jusque dans son terrier à notre approche, laissant dans son sillage une mélodie agile. Il y a une grande humilité dans ces compositions qui ne prennent pas la musique pour acquise et la laissent venir patiemment, qu'elle soit légère et confortable, pensive, statique ou, parfois, plus oppressante. Si la plupart des timbres que l'on peut entendre sur le disque paraissent a priori purement acoustiques (à part quelques discrètes incursions synthétiques, comme sur les mouettes lointaines de "Februar"), bien souvent des manipulations électroniques se cachent derrière, contrôlant la manière dont le son nous parvient... mais ces manipulations sont si subtiles que l'on y voit que du feu, sans se douter qu'une des raisons qui fait que ce que l'on entend sonne avec une telle précision, ou si certains timbres accrochent curieusement l'oreille, c'est qu'ils sont passés par un traitement minutieux en studio.
Tout cela n'est pas gratuit, car en somme cela permet aux musiciens d'affiner l'intensité et la couleur des paysages hivernaux auxquels ils tentent de donner vie. Et plus encore, cette subversion douce des timbres acoustiques, experte mais jamais démonstrative, crée des impressions impossibles, comme celle d'être emmitouflé dans une couverture faite de neige et de coton, quand bien même le froid peut se faire mordant et l'obscurité parfois nous rattrape. Très simplement, un album rude mais confortable.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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