Liz Phair
Whitechocolatespaceegg |
Label :
Matador |
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Pour beaucoup, Liz Phair aura été un météore. Un premier album incroyable, couillu, brut, sexuel, rock, froid, punk, féminin, libéré, insolent, chaud, intime, cynique, fragile, conquérant. La féminité dans tous ses charmes et ses paradoxes. Un journal intime livré à la vue de tous ; dix-sept morceaux inoubliables. Liz Phair s'est sans doute donnée trop vite, en signant d'entrée l'album que certains n'arriveront jamais à écrire. Quand la perfection est le point de départ, le chemin à suivre ne peut que décevoir. Pour ceux qui adorent Exile in Guyville (1993), ce premier fameux disque, ruez-vous sur les démos qui ont conduit à sa réalisation : une trentaine de titres rassemblés sous le nom de Girly-Sound. Une source de morceaux dans laquelle Liz Phair continuera à puiser tout au fil de sa carrière. Oui, car Liz aura beau être un météore pour beaucoup, des albums ont suivi ce Exile in Guyville tant adoré, et il y a des bonnes choses, surtout dans les nineties.
Moins bruts, plus léchés, Whip-Smart (1994) et Whitechocolatespaceegg (1998) feront suite, et ce sont eux aussi de bons disques. Ils se ressemblent un peu dans la forme, un peu moins dans le fond, car quatre années se sont écoulées entre les deux. En 1998, la féministe qui crachait allègrement sur les hommes sur son premier album s'est mariée et a donné naissance à un enfant, un fils. La situation a changé, mais l'image aussi : plus de place pour le téton que l'on voyait poindre sur la pochette d'Exile in Guyville ; Liz, avec sa mèche, ses longues manches et sa pose de petite fille, semble avoir regagné une virginité sur celle de Whitechocolatespaceegg. C'est sûr que ça surprend, et que cela peut décevoir, mais la femme a grandi, et l'artiste aussi. Et c'est une Liz Phair, épouse, mère, mais toujours profondément femme et féministe, que l'on retrouve sur ce troisième album.
Seize chansons, toutes de qualité constante, souvent assez courtes – Liz va à l'essentiel. Au centre, "Only Son", le morceau le plus long : on pourrait imaginer à la lecture du titre qu'il va s'agir d'une ode un peu lourdingue à son fils unique, c'est mal connaître Liz : elle se met dans la peau d'un fils qui ne fait que décevoir sa famille. Un titre s'intitule "Polyester Bride" – c'est le single de l'album – est-ce une référence à son mariage ? Du tout. Sur ce joli morceau pop, elle relate une discussion avec un ami – un barman prénommé Henry – qui la met en garde des risques de vivre dans un mariage malheureux et la somme de prendre son temps. À l'inverse, "Love Is Nothing", malgré son titre, nous prie à travailler l'amour au quotidien afin qu'il perdure : Liz a le don de nous prendre à revers. L'amour, parfois impossible et potentiellement toxique ("Perfect World"), ou aventureux et déraisonnable ("Johnny Feelgood"). L'amour, mais le sexe aussi : comme sur le bizarre "Headache" – sa boucle électro, sa boîte à rythme, ses aspirations, ses inspirations et son texte loufoque – ou le très lo-fi et aérien "Fantasize" – sublime – ou encore le bluesy et fétichiste "Baby Got Going" – une histoire drôle à propos d'un couple, d'un train, des vibrations et de l'excitation qui est suscitée chez la femme. Raconter des histoires, c'est l'une des plus grandes forces de Liz Phair : il faut lire les paroles, on est rarement déçus.
Whitechocolatespaceegg est un bel album, un disque plutôt tendre, apaisé, plutôt heureux. Un peu comme Exile in Guyville vu en négatif. Liz n'est plus la jeune femme torturée des débuts et il aurait été ridicule qu'elle conserve faussement ce rôle ; ici, elle entame la trentaine avec une plus grande sérénité.
Moins bruts, plus léchés, Whip-Smart (1994) et Whitechocolatespaceegg (1998) feront suite, et ce sont eux aussi de bons disques. Ils se ressemblent un peu dans la forme, un peu moins dans le fond, car quatre années se sont écoulées entre les deux. En 1998, la féministe qui crachait allègrement sur les hommes sur son premier album s'est mariée et a donné naissance à un enfant, un fils. La situation a changé, mais l'image aussi : plus de place pour le téton que l'on voyait poindre sur la pochette d'Exile in Guyville ; Liz, avec sa mèche, ses longues manches et sa pose de petite fille, semble avoir regagné une virginité sur celle de Whitechocolatespaceegg. C'est sûr que ça surprend, et que cela peut décevoir, mais la femme a grandi, et l'artiste aussi. Et c'est une Liz Phair, épouse, mère, mais toujours profondément femme et féministe, que l'on retrouve sur ce troisième album.
Seize chansons, toutes de qualité constante, souvent assez courtes – Liz va à l'essentiel. Au centre, "Only Son", le morceau le plus long : on pourrait imaginer à la lecture du titre qu'il va s'agir d'une ode un peu lourdingue à son fils unique, c'est mal connaître Liz : elle se met dans la peau d'un fils qui ne fait que décevoir sa famille. Un titre s'intitule "Polyester Bride" – c'est le single de l'album – est-ce une référence à son mariage ? Du tout. Sur ce joli morceau pop, elle relate une discussion avec un ami – un barman prénommé Henry – qui la met en garde des risques de vivre dans un mariage malheureux et la somme de prendre son temps. À l'inverse, "Love Is Nothing", malgré son titre, nous prie à travailler l'amour au quotidien afin qu'il perdure : Liz a le don de nous prendre à revers. L'amour, parfois impossible et potentiellement toxique ("Perfect World"), ou aventureux et déraisonnable ("Johnny Feelgood"). L'amour, mais le sexe aussi : comme sur le bizarre "Headache" – sa boucle électro, sa boîte à rythme, ses aspirations, ses inspirations et son texte loufoque – ou le très lo-fi et aérien "Fantasize" – sublime – ou encore le bluesy et fétichiste "Baby Got Going" – une histoire drôle à propos d'un couple, d'un train, des vibrations et de l'excitation qui est suscitée chez la femme. Raconter des histoires, c'est l'une des plus grandes forces de Liz Phair : il faut lire les paroles, on est rarement déçus.
Whitechocolatespaceegg est un bel album, un disque plutôt tendre, apaisé, plutôt heureux. Un peu comme Exile in Guyville vu en négatif. Liz n'est plus la jeune femme torturée des débuts et il aurait été ridicule qu'elle conserve faussement ce rôle ; ici, elle entame la trentaine avec une plus grande sérénité.
Bon 15/20 | par Rebecca Carlson |
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