Saåad
Présence Absente |
Label :
Hands In The Dark |
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L'année dernière, les deux toulousains de Saåad s'étaient acoquinés avec Fréderic D Oberland (Oiseaux Tempête), Paul Régimbeau (Mondkopf) et Christine Ott pour reformer l'entité Foudre! et composer une B.O. incroyablement planante pour le film Earth de Ho Tzu Nyen. Plus tôt, une collaboration avec EUS et Postdrome (Different Streams) avait enrichi leur expérience tandis qu'une résidence en 2016 leur avait fourni l'occasion de travailler sur un orgue Puget le temps d'un disque (Verdaillon). Depuis Deep/Float en 2014, on avait plus vraiment eu droit à un album "brut" de Saåad, à savoir juste Romain Barbot et Grégory Buffier en studio, partant de rien pour faire émerger une matière d'abord pure, puis grouillante de détails qui se logent profondément dans l'oreille.
Ce qu'il y a de fantastique dans leur musique, et que j'ai pu constater en les voyant sur scène avec Foudre! quelques mois avant qu'ils enregistrement leur nouvelle créature ici-présente ; c'est ce double sentiment d'immédiateté live, d'improvisation dans ce qu'elle a d'instinctive et spontanée, et en même temps cet incroyable soin sonore apporté à chaque timbre, qu'il soit synthétique (grâce aux imposantes machines modulaires de Romain) ou organique (avec l'utilisation par Grégory de field-recordings pré-enregistrés et de ce qu'il nomme acoustic laptop, à savoir la manipulation par ordinateur de sons créés en live, s'il vous plait). En plus d'être éminemment scénogénique (ça se dit ça, scénogénique ?), ça laisse à l'auditeur consentant le loisir de s'imaginer des paysages impossibles tout en étant pris dans l'instant où cette dense matière qui enfle, enfle... et qui se transforme.
Sur Présence Absente, on est accueilli par des cloches. Mais pas vraiment celles de l'église du coin ; leur tintement est si doux qu'on se représente volontiers un Grégory tapant du doigt pour obtenir cette texture plus étouffée, grâce aux formidables micros du groupe et à leur science du son on peut se figurer la peau heurter le métal. Pendant que sonne le rituel d'envoi, le décollage Saåadien se met en branle. Des abysses émergent les drones modulaires de Romain, vagues denses et épaisses qui soulèvent la matière et nous impose le flottement, tandis que Grégory fait grouiller l'ombre de détails acoustiques qui nous chatouillent les cavités. Une fois lancée, la machine Saåad se met en vitesse de croisière. Ce sont les drones, aussi bien sombres et insondables par moments qu'extatiques et lumineux à d'autres, qui prennent la barre et dictent la direction, pendant que le fourmillement des bruitages - en constante évolution - peint des paysages abstraits et sauvages. Le jeu des textures, entre le synthétiques et l'acoustique, est fascinant. Des enregistrements d'oiseaux et un titre de la tracklist laissent supposer que cet étrange et pénétrant voyage serait une migration. Vers où ?
Au bout d'un temps incertain, une durée que Saåad a rendu trouble en distordant la matière et en recouvrant les secondes de drones ; on retrouve nos cloches dans la dernière ligne droite. Mais les retrouve-t-on vraiment ? Elles semblent différentes... Ce n'est plus une peau qui les frappe, on dirait même qu'elles sonnent toutes seules. Leur son n'est plus nu, il se réverbère longuement dans l'espace. La hauteur non plus n'est pas la même ; au lieu d'une note constante, chaque nouvelle cloche en joue une différente, formant une mélodie. Non, ce ne sont plus nos cloches. Nous ne sommes plus dans les mêmes terres qu'à l'entrée. La migration s'est faite d'une dimension à une autre, les lois qui régissent l'acoustique, le sonore, ne sont plus les mêmes. À son terme, Présence Absente nous débarque dans un monde où tout reste encore à explorer, qui laisse songeur. Et on ne doute pas que les premiers braves à s'aventurer sur cette terre vierge seront nos deux toulousains. Il nous reste à leur souhaiter bon vent, et tendre l'oreille d'ici leur prochaine sortie.
Ce qu'il y a de fantastique dans leur musique, et que j'ai pu constater en les voyant sur scène avec Foudre! quelques mois avant qu'ils enregistrement leur nouvelle créature ici-présente ; c'est ce double sentiment d'immédiateté live, d'improvisation dans ce qu'elle a d'instinctive et spontanée, et en même temps cet incroyable soin sonore apporté à chaque timbre, qu'il soit synthétique (grâce aux imposantes machines modulaires de Romain) ou organique (avec l'utilisation par Grégory de field-recordings pré-enregistrés et de ce qu'il nomme acoustic laptop, à savoir la manipulation par ordinateur de sons créés en live, s'il vous plait). En plus d'être éminemment scénogénique (ça se dit ça, scénogénique ?), ça laisse à l'auditeur consentant le loisir de s'imaginer des paysages impossibles tout en étant pris dans l'instant où cette dense matière qui enfle, enfle... et qui se transforme.
Sur Présence Absente, on est accueilli par des cloches. Mais pas vraiment celles de l'église du coin ; leur tintement est si doux qu'on se représente volontiers un Grégory tapant du doigt pour obtenir cette texture plus étouffée, grâce aux formidables micros du groupe et à leur science du son on peut se figurer la peau heurter le métal. Pendant que sonne le rituel d'envoi, le décollage Saåadien se met en branle. Des abysses émergent les drones modulaires de Romain, vagues denses et épaisses qui soulèvent la matière et nous impose le flottement, tandis que Grégory fait grouiller l'ombre de détails acoustiques qui nous chatouillent les cavités. Une fois lancée, la machine Saåad se met en vitesse de croisière. Ce sont les drones, aussi bien sombres et insondables par moments qu'extatiques et lumineux à d'autres, qui prennent la barre et dictent la direction, pendant que le fourmillement des bruitages - en constante évolution - peint des paysages abstraits et sauvages. Le jeu des textures, entre le synthétiques et l'acoustique, est fascinant. Des enregistrements d'oiseaux et un titre de la tracklist laissent supposer que cet étrange et pénétrant voyage serait une migration. Vers où ?
Au bout d'un temps incertain, une durée que Saåad a rendu trouble en distordant la matière et en recouvrant les secondes de drones ; on retrouve nos cloches dans la dernière ligne droite. Mais les retrouve-t-on vraiment ? Elles semblent différentes... Ce n'est plus une peau qui les frappe, on dirait même qu'elles sonnent toutes seules. Leur son n'est plus nu, il se réverbère longuement dans l'espace. La hauteur non plus n'est pas la même ; au lieu d'une note constante, chaque nouvelle cloche en joue une différente, formant une mélodie. Non, ce ne sont plus nos cloches. Nous ne sommes plus dans les mêmes terres qu'à l'entrée. La migration s'est faite d'une dimension à une autre, les lois qui régissent l'acoustique, le sonore, ne sont plus les mêmes. À son terme, Présence Absente nous débarque dans un monde où tout reste encore à explorer, qui laisse songeur. Et on ne doute pas que les premiers braves à s'aventurer sur cette terre vierge seront nos deux toulousains. Il nous reste à leur souhaiter bon vent, et tendre l'oreille d'ici leur prochaine sortie.
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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